L'emballage
alimentaire
L'emballage joue un rôle important dans
l'industrie alimentaire. Il fait désormais partie de
nos habitudes de consommation.
De plus en plus perfectionné, il fait appel à
des techniques sophistiquées dont on ignore souvent
l'existence.
Dans les laboratoires de l'Université Laval, à
Québec, Jean-Pierre Émond et son équipe
développent et testent, de concert avec l'industrie,
une foule d'emballages alimentaires. Le professeur en génie
alimentaire explique que l'emballage remplit quatre fonctions
bien précises.
La protection |
«On veut protéger le produit
durant le transport ou contre les micro-organismes qui
se peuvent se retrouver dans l'environnement.» |
La conservation |
«On veut que l'emballage prolonge
la durée de vie du produit, contrairement à
s'il était exposé à l'air libre.» |
La communication |
«On se sert de l'emballage pour
donner aux consommateurs l'information nécessaire
à l'utilisation du produit emballé.» |
L'utilisation |
«C'est l'utilité qu'on peut
faire avec un emballage et qui peut nous rendre la vie
beaucoup plus facile.» Par exemple, un emballage
peut servir en même temps de récipient de
cuisson, comme c'est le cas pour les mets préparés
ou le pop-corn. |
Les différents types d'emballage
De plus en plus de jus et de produits laitiers sont emballés
avec le procédé «TétraPak»,
développé en Suède. Selon ce procédé,
le produit et l'emballage sont aseptisés simultanément
sur la chaîne de montage.
Son
plus gros avantage est de prolonger la durée de vie
du produit sur les tablettes. «On a l'impression
que c'est un simple carton mais en réalité,
ça ne l'est pas. Il y a des couches de plastique pour
empêcher le liquide de passer. Il y a aussi une feuille
d'aluminium qui empêche l'oxygène d'attaquer
le produit, ce qui fait qu'il a une durée de vie beaucoup
plus longue», raconte M. Émond.
En revanche, ce procédé comporte un désavantage
en ce qui a trait au recyclage. «Quand on parle du
multicouches, c'est beaucoup plus difficile de recycler ça,
voire impossible. Cependant, un emballage comme ça
représente seulement 3 % de tout le poids. Donc,
au niveau du transport, on optimise et, au niveau de l'énergie,
c'est meilleur», enchaîne M. Émond.
Autre type d'emballage : celui des sacs de croustilles,
qui sont gonflés à l'azote pour ne pas écraser
les croustilles durant le transport. Étant donné
que les croustilles sont faites avec de l'huile de coton qui
s'oxyde facilement, ce procédé permet d'éviter
que de l'oxygène se retrouve à l'intérieur
des sacs. On utilise également une pellicule faite
à base d'aluminium, qui est complètement hermétique.
De plus, il n'y a pas d'interaction entre le produit et l'azote,
qui est un gaz qu'on retrouve déjà dans l'air
qu'on respire.
Il
existe aussi un type d'emballage intelligent qui favorise
les échanges entre le gaz carbonique (CO2)
et l'oxygène. Une fois récoltés, les
fruits et les légumes continuent à vivre et
à respirer et, pour ralentir leur consommation d'oxygène,
il faut les placer dans un environnement qui est pauvre en
oxygène et riche en CO2. L'emballage intelligent
permet de maintenir les bonnes concentrations de gaz à
l'intérieur de l'emballage car les propriétés
de la pellicule de plastique sont sélectives et ne
laissent passer que la bonne quantité de CO2
et d'oxygène. On peut ainsi parler de symbiose entre
le produit et l'emballage. Il faut cependant éviter
les sacs gonflés car cela signifie que le produit a
commencé à fermenter.
«Une des grandes innovations des dernières
années dans le domaine de l'emballage est sans contredit
la bière Guinness», assure M. Émond.
Cette bière contient moins de CO2 que les autres bières
et a donc moins de collet quand on la verse. Pour remédier
à ce problème, Guinness a mis au point un procédé
ingénieux.
Une
petite boule de pastique est déposée à
l'intérieur de la canette de bière. Juste avant
de la refermer, un peu d'azote est injecté à
l'intérieur de la boule de plastique, ce qui crée
une pression et force la bière à entrer dans
la petite boule. Lorsqu'on ouvre la canette, la bière
sort par le petit orifice de cette boule, qui tourne et qui
brasse la bière, ce qui lui donne son collet. Chaque
canette de bière devient ainsi une sorte de micro-brasserie !
Les limites de certains emballages
Les emballages sont le fruit de nombreuses recherches et
découvertes dans le domaine alimentaire. Ils sont à
l'image de notre rythme de vie : performants et pratiques !
Mais si perfectionnés soient-ils, ils ont leurs limites.
Certains sont peu ou pas recyclables. Pour d'autres, il faut
être sur nos gardes si on les réutilise à
d'autres fins.
«Chacun des emballages a été conçu
en fonction de l'aliment pour lequel il va servir à
emballer. Des fois, on va mettre d'autres produits alimentaires
qui sont peut-être trop gras ou trop acides pour le
type de plastique qu'on a. Si, par exemple, on met dans un
contenant de crème glacée de la sauce à
spaghetti, qui peut avoir une teneur en gras assez élevée,
il faut faire attention car peut-être qu'on va créer
un problème d'interaction entre le plastique qui a
servi à crème glacée et la sauce à
spaghetti qui est maintenant dedans», explique M.
Émond.
«À partir du moment qu'on voit qu'il y a
un échange entre l'emballage et l'aliment, il peut
tout le temps y avoir un danger que l'emballage donne quelque
chose qu'on ne voudrait pas à l'aliment. Donc, il faut
mettre un bémol là-dessus et faire très
attention», conclut M. Émond.
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