La
fromagerie Le Troupeau bénit
La contribution des communautés
religieuses à notre « patrimoine alimentaire »
est méconnu. Elles fabriquent pourtant des produits
alimentaires depuis leur installation sur le territoire. Au
Québec, on leur doit notamment les premiers fromages
fins. Nous vous invitons à découvrir ceux fabriqués
par une congrégation chrétienne orthodoxe grecque.
La plupart des gourmets connaissent bien le fromage des frères
trappistes à Oka et les produits de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac.
Nous nous sommes tournés vers une autre région,
celle des Laurentides, plus précisément Brownsburg-Chatham,
au nord de Lachute, où sont installées les surs
du Saint-Monastère-Vierge-Marie-la-consolatrice.
C'est
sur cette terre de plus de 100 acres que cette congrégation
chrétienne orthodoxe grecque vit depuis 10 ans.
Dès le lever du soleil, les 15 surs se partagent
les différentes tâches du monastère. La
majorité de leur temps est cependant consacré
à la fromagerie Le Troupeau bénit.
Le
fromage est fabriqué à partir du lait de chèvres
et de brebis qu'elles traient à la main. Les surs
s'assurent ainsi d'un meilleur contrôle de la qualité.
Chaque semaine, environ 1200 litres de lait, qualifié
de catégorie « A » par le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec, sont utilisés pour confectionner
les différents fromages.
D'où vient leur décision de s'engager dans
la fabrication de fromage? Sur Mireille, une des
religieuses, répond : « Il y avait
de la demande pour le fromage. On avait déjà
le troupeau et on faisait du fromage pour la consommation
des surs. Les gens qui venaient assister aux cérémonies
religieuses ont goûté le fromage et ont commencé
à le demander ».
Sur Mireille
est diplômée de l'Institut de technologie agroalimentaire
de Saint-Hyacinthe. Elle y a entre autres appris la chimie
du lait, sa composition et sa fragilité. Les surs
disposent ainsi de toutes les informations nécessaires
pour fabriquer un bon fromage, comme le feta, ce fromage typiquement
grec qui fut le premier fromage du monastère.
« On
a eu du succès avec le feta, affirme sur
Mireille. Après ça, on a commencé
à demander à nos visiteurs quels fromages ils
désiraient. Nous avons aussi tenu compte de nos fromages
préférés. Notre mère supérieure
connaissait la méthode de fabrication européenne
de certains fromages. C'est comme ça qu'on a commencé
à faire un type, puis un autre... Une fois qu'on a
obtenu du succès, on a varié davantage. »
On
compte sept variétés de fromages du Troupeau
bénit, dont le chèvre frais, auquel on porte
une attention particulière. On utilise l'huile de pépins
de raisins pour le conserver. Sur Mireille explique
la raison de ce choix : « Ce fromage doit
être réfrigéré. Nous avons donc
choisi une huile qui ne gèle pas, qui ne devient pas
solide dans le réfrigérateur. En plus, cette
huile est très bonne pour la santé et très
facile à digérer ».
Bien
peu de communautés fabriquent encore du fromage. Sur
Mireille demeure néanmoins optimiste en ce qui concerne
la survie de la fromagerie : « Jusqu'à
maintenant, nous avons eu des commentaires positifs. Mais
ce qui nous fait encore plus plaisir, c'est de poursuivre
la tradition québécoise des communautés
religieuses productrices de fromage. Pour le futur, j'espère
que nous pourrons maintenir la qualité. Les gens cherchent
à la fois le goût et la qualité. Et notre
but, c'est de satisfaire la clientèle. Parce que nous
aussi, nous sommes des clients, et nous cherchons le meilleur
en tant que clients. C'est pour cela que nous essayons aussi
de faire le meilleur pour nos clients ».
« La
raison de ce succès, conclut sur Mireille,
c'est la bénédiction de Dieu, d'où
le nom "Le Troupeau bénit". En voyant notre
clientèle satisfaite, nous savons que nous faisons
notre devoir en tant que "troupeau bénit".
C'est l'essentiel. » En tout cas, devant tous
ces bons fromages, il est probablement difficile pour certains
de résister au péché de gourmandise...
Les fromages fins du Québec
On ne peut guère trouver les fromages
du Troupeau bénit en dehors de la région
où ils sont fabriqués. Mais c'est un beau
prétexte pour aller au monastère et le
déguster sur place!
Peut-être le retrouverons-nous néanmoins
bientôt dans les fromageries, qui font de plus
en plus de place aux fromages d'ici. Ces derniers portent
d'ailleurs de fort jolis noms : Cendré des
prés, Pied-de-vent, Pont couvert, Champfleuri,
Mi-Carême, Presqu'île, Migneron, Fin renard,
Duo du paradis...
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