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- Nos écoles tombent en ruine -
Quand le toit coule à l'école Saint-Henri
Des toits qui coulent, un plafond qui s’écroule, des tuiles qui tombent, des fenêtres qui ferment mal, des moisissures, des toilettes condamnées pendant des années, des conduits d’aération sales. De plus en plus d’écoles québécoises tombent en ruine. Elles ont en moyenne 44 ans, et elles ne disposent pas des fonds suffisants pour bien entretenir et rénover leurs structures. Le Québec est-il trop pauvre pour entretenir ses écoles, ou sommes-nous devant un exemple flagrant de mauvaise distribution des ressources? Une équipe d'Enjeux s'est posé la question.

Quand il pleut dans l’école

Louis-Ambroise Paré
Le toit de l’école secondaire Saint-Henri, à Montréal, a 35 ans. Il coule depuis plusieurs années. L’enseignant Louis-Ambroise Paré nous raconte ses démarches pour faire réparer le toit. Il nous montre notamment les images qu’il a prises dans son école: l’eau qui tombe à grosses gouttes dans des poubelles et les traces de moisissures au plafond. Il a aussi fait visiter l’établissement à des personnalités connues, dont Paul Gérin-Lajoie. L’ex-ministre de l’Éducation du Québec, de 1964 à 1966, trouve que cette situation est inacceptable. Outré, Paul Gérin-Lajoie intervient auprès de la Commission scolaire de Montréal. On lui explique que les budgets de réparation accordés par Québec sont insuffisants.

Diane de Courcy
La présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane de Courcy, reconnaît que les fonds sont tellement restreints qu’il faut faire des choix déchirants. Faire réparer le toit qui coule à Saint-Henri, ou encore les fenêtres de cette autre école où les enfants sont obligés de porter leurs mitaines? Diane de Courcy: « On est dans un tel état de délabrement qu’on ne réussit pas à remonter la pente ».

L’équipe d’Enjeux a visité l’école Saint-Henri en février, en compagnie du directeur, Sylvain Auger. Le toit n’est toujours pas refait, mais on a colmaté les fissures. Il y a des moisissures à certains endroits. Un mois plus tard, les enseignants constatent que le toit résiste mal à l’arrivée du printemps. Les tuiles du plafond sont tombées, réduites en bouillie par l’eau. Cette fois, la plomberie serait à blâmer. Le toit n’a pas encore été réparé. Ça coûte cher d’attendre. Il faut maintenant réparer tout le toit, et non seulement une partie. Si on l’avait réparé en 2003, tel que recommandé, cela aurait coûté 470 000 $. Aujourd’hui, les travaux sont évalués à 2 millions de dollars.

Mais l’enseignant Louis-Ambroise Paré ne baisse pas les bras. Avec un groupe d’élèves, il a lancé un album qui dénonce la situation. Avec les fonds venant de la vente de l’album, ils rêvent de faire installer un toit vert sur leur école.

Une érablière au plafond

L'érablière au plafond à l'école Fleur-Soleil
L’école Fleur-Soleil, à Laval, a aussi des problèmes de fuites d’eau. L’enseignant Martin Archambault en sait quelque chose. Il raconte que ça fait 10 ans que le toit coule. En janvier 2006, il y a eu tellement d’eau dans le gymnase que l’enseignant a décidé de le fermer. Le toit a été réparé temporairement avec des toiles de plastique, reliées par des tuyaux. L’eau s’y promène avant de tomber dans des poubelles ou à l’extérieur. On dirait une érablière. Mais dans un gymnase où les enfants jouent avec des balles et des ballons, ce système n’est pas des plus pratiques. L’enseignant explique qu’il devait constamment rappeler aux enfants de ne pas jouer trop fort pour ne pas briser l’érablière. Après 10 mois de ce régime, deux élèves de 5e année ont fait signer une pétition. Et aujourd’hui, le toit n’est toujours pas réparé.

L’art du rafistolage

Selon les experts, une école vieillissante a besoin de 20 $ par mètre carré chaque année pour empêcher la détérioration. Jusqu’à récemment, Québec donnait trois fois moins aux commissions scolaires pour l’entretien des écoles, soit une moyenne de 7 $ par mètre carré. Depuis deux ans, la province alloue des crédits temporaires pour les rénovations urgentes. Des sommes qui atteignent à peine le niveau minimal requis pour stopper la dégradation des immeubles. Et c’est la dernière année du programme gouvernemental.

Jean Lapointe
Jean Lapointe représente tous les gestionnaires de bâtiments scolaires du Québec. Il préside la commission professionnelle des services des ressources matérielles de l’Association des cadres scolaires du Québec. Son constat: le parc immobilier vieillit, et si on n’intervient pas tout de suite, l’entretien des écoles va coûter beaucoup plus cher d’ici quelques années. Il confesse qu’on fait du rafistolage dans nos écoles. Il nous explique aussi que les investissements récents de la province sont nettement insuffisants, et que le déficit d’entretien du parc immobilier scolaire s’élève à 1, 4 milliards de dollars.

Que signifie une telle négligence de l’environnement physique des élèves québécois? La réponse de Louis-Ambroise Paré: « Ça veut dire qu’on fait passer l’argent avant les enfants ».

Note: ceux qui voudraient se procurer l'album Tourne « toit vert » moi peuvent contacter le professeur de musique de l'école secondaire Saint-Henri, Louis-Ambroise Paré, à cette adresse: parela@csdm.qc.ca



 [Un reportage de Pasquale Turbide et Johanne Bonneau]

 [La suite]

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