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Il lance et ils comptent : Doug Cheechoo fait briller la relève autochtone

Il lance et ils comptent : Doug Cheechoo fait briller la relève autochtone

Texte : Chris St-Pierre Photographies : Jimmy Chabot et Denis Wong

Publié le 18 mai 2023

Depuis plus de 30 ans, Doug arpente les patinoires du Nord de l’Ontario à la recherche des meilleurs talents autochtones. Puis il s’assure que ces jeunes ont tout le soutien nécessaire pour donner « leur 110 % » tant sur la glace qu'en dehors de l'aréna. Cette démarche est inspirée par le parcours de son neveu, le célèbre hockeyeur Jonathan Cheechoo.

Doug Cheechoo marche rapidement dans l’air frais de l’aréna en ayant l’œil sur les messages qui font vibrer son téléphone. Partout où il s’arrête, les gens veulent lui serrer la main. Et des gens, il y en a beaucoup.

Hier, une immense caravane a défilé sur la Wetum, la route de glace qui relie plusieurs Premières Nations de la côte de la baie James. Personne ne voulait manquer ce tournoi qui a réuni pas moins de 49 équipes de 16 Premières Nations du Nord de l’Ontario et du Québec en février dernier.

Gagner la Coupe Mushkegowuk est certes un grand honneur, mais il y a une autre raison d’y participer : la possibilité d’attirer l’attention d’une personne comme Doug Cheechoo, l’organisateur du plus important tournoi autochtone du Nord de l’Ontario. 

Dès qu’il le peut, Doug s'arrête pour regarder les joueurs à l’aréna McIntyre de Timmins, où se déroulent la majorité des parties. Tel un faucon qui survole son terrain de chasse, il analyse et prend note des joueurs qui démontrent une grande aptitude pour le hockey. Depuis 33 ans, le conseiller en éducation postsecondaire au Conseil de Mushkegowuk travaille dans ses temps libres à dénicher les meilleurs hockeyeurs autochtones et à les faire rayonner.

Cet appui peut prendre plusieurs formes : Doug tente de les intégrer dans des équipes de haut niveau, leur prodigue des conseils et s’offre même comme chauffeur pour les mener à des pratiques.

L’homme s’assure en outre que les joueurs qui quittent leur foyer sont accueillis dans des familles qui comprennent leur réalité culturelle et les soutiennent. Et lorsqu’il est incapable de leur trouver un logement, sa propre demeure, à Timmins, sert de maison d’accueil. Plus de 23 jeunes Autochtones sont passés par chez lui au fil du temps.

Son but :  devenir un phare qui guide ces jeunes de la côte de la baie James vers un avenir prometteur dans le monde du hockey.

Plus de la moitié des joueurs des Majors, l’équipe U18 AAA de Timmins, sont autochtones ou métis, une rareté pour ce niveau de hockey au Canada.  Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

«&nbsp;<strong>Pour l’amour du sport </strong>»
« Pour l’amour du sport »

Avec sa carrure imposante, le numéro 34 des Scrappers de la Première Nation de Moose Cree donne le ton au match en travaillant sans relâche. La glace devient neige après chacun de ses puissants coups de patin. Il provoque des revirements à l'aide de son bâton et rebrousse chemin pour barrer la voie à l’équipe adverse. Derrière chaque jeu agressif, on devine un jeune homme intelligent qui voit le jeu ralentir devant lui.

Shawn Gagnon, 17 ans, est l’un des athlètes autochtones à avoir récemment profité du soutien de Doug Cheechoo. L’adolescent animé et farceur est le deuxième meilleur pointeur des Majors de Timmins et attire déjà l’attention d’une équipe junior. À la fin de sa saison, il profitera d’une fin de semaine de congé pour représenter sa communauté à la Coupe Mushkegowuk. Difficile de croire qu’il ne jouait pas à Timmins la saison dernière.

Shawn Gagnon a participé à la Coupe Mushkegowuk pour la première fois en 2010.
Shawn Gagnon a participé à la Coupe Mushkegowuk pour la première fois en 2010. Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Doug a passé plusieurs mois à le convaincre de ne pas jeter l’éponge après une épreuve difficile. En 2021, Shawn avait été retranché du camp d’entraînement des Majors de Timmins, une équipe de hockey U18 AAA. De retour dans sa communauté natale de Moose Factory, à 300 km au nord de Timmins, il avait quasiment fait une croix sur une possible carrière dans le sport. 

Toutefois, Doug le suivait de près depuis quelques années. D’après lui, l’adolescent est l’un des meilleurs joueurs polyvalents du Nord de l’Ontario. Voyant les sommets que pourrait atteindre Shawn s’il mettait les bouchées doubles, Doug l’a poussé à participer au camp d’entraînement des Majors l’automne dernier.

Il s’est entraîné, il a connu un bon camp, puis il a fait l’équipe, résume le dépisteur. C’était ma dernière année [d’admissibilité], se souvient le jeune hockeyeur d’un ton donnant l’impression qu’il l’aurait regretté s’il avait ignoré les conseils de Doug. 

Ce dernier parle avec grande fierté des jeunes Autochtones comme Shawn qu’il a appuyés au fil des années. Il éclate de rire en essayant d’estimer le total de jeunes qu’il a aidés durant ses décennies de travail, disant qu’il a perdu le compte après la première dizaine et qu’il n’a « jamais pris le temps de [s]’asseoir pour dresser une liste ».

Quelques-uns d’entre eux – comme Jared Hester, un hockeyeur québécois de Waskaganish – ont atteint les rangs universitaires. Ils partageaient tous certaines qualités : un amour pour le hockey, une excellente éthique de travail et un dévouement pour leurs études.

Doug Cheechoo qui rigole avec une casquette des Blue Jays.
Doug croit que le hockey est une bonne façon de développer le caractère et l’éthique de travail des jeunes. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Doug a développé son approche au fil du temps. La première étape est de discuter avec les équipes de Timmins et des environs. Ensuite, il faut convaincre les jeunes athlètes qu’il en vaut le coût de se déplacer pour participer à un camp d’entraînement.

Dès leur arrivée dans une nouvelle communauté, qui peut leur être étrangère, Doug s’assure qu’ils sont hébergés par une bonne famille d’accueil. Il a vite constaté que sans un réseau de soutien étoffé, quitter leur Première Nation peut s’avérer difficile pour les jeunes. Selon lui, changer de maison, de ville, d’entourage, de mode de vie et même de langue peut provoquer un sérieux choc culturel. 

Les conséquences? Des cours échoués, du dépaysement (voire de l’isolement), des fugues… Ce sont toutes des choses qu’il a observées par le passé lorsqu’un jeune manquait d’encadrement.

« La clé, c’est de trouver une famille d’accueil aimable qui est sensible à la culture autochtone. Ça change tout. »

— Une citation de   Doug Cheechoo

« [Sans soutien,] c’est essentiellement un plan pour qu’ils échouent dès le départ », explique-t-il. 

Dans le cas de Shawn, l’adaptation à sa nouvelle vie s’est faite assez rapidement. C’est difficile au départ, lâche Shawn avec un air détendu environ une demi-heure avant l’un de ses matchs.

Je m'ennuyais de chez moi, mais je me suis acclimaté après quelques semaines, ajoute-t-il. J’ai commencé à m’amuser sur la glace avec les Majors. Le jeune athlète affirme qu’il a une bonne famille d’accueil et de bons amis dans l’équipe et à l’école. Il habite d’ailleurs avec l’un de ses coéquipiers. 

Shawn rêve de jouer au plus haut niveau qu’on lui permettra d’atteindre. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

« Ils m’ont immédiatement accueilli. »

— Une citation de   Shawn Gagnon

Durant la Coupe Mushkegowuk, Doug et Shawn discutent à quelques reprises comme de bons amis. Leur complicité saute aux yeux. Il y a même une certaine gratitude dans les paroles de Shawn, qui, entre quelques blagues, lui demande des conseils pour être encore meilleur à sa prochaine partie.

Peu de temps après, Shawn saute sur la glace. Les Scrappers de la Première Nation de Moose Cree seront finalement couronnés champions de leur division, en partie grâce à ses contributions sur la patinoire.

Parfois, on voit certains enfants et leur potentiel, on veut les encourager à continuer de jouer et de travailler fort, dit Doug. Je le fais pour l’amour du sport et des enfants.

Jonathan Cheechoo, le neveu de Doug, a fait sa marque dans la LNH avec les Sharks de San Jose. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Racines et cicatrices
Racines et cicatrices

C’est dans un charmant café sorti tout droit des années 1980, où se marient le métal argenté et le bois verni, que Doug Cheechoo prend l’une de ses seules pauses de la fin de semaine.

À l’entrée de l’établissement se trouve un chandail qui baigne au soleil. C’est l’unique indication du passage en ville de l’un des joueurs autochtones les plus célèbres de sa génération et l’idole de la jeunesse autochtone de la côte de la baie James : Jonathan Cheechoo, le neveu de Doug.

Le jeune homme de Moose Factory devenu joueur professionnel dans la Ligue nationale de hockey (LNH) a remporté l’un des plus grands honneurs de ce sport : le trophée Maurice-Richard, donné au meilleur marqueur de la saison.

Jonathan Cheechoo a conclu la saison 2005-2006 avec 56 buts.
Jonathan Cheechoo a conclu la saison 2005-2006 avec 56 buts. Photo : La Presse canadienne

C’est ici que Doug, un client fidèle du café, s’ouvre sur son passé entre deux bouchées de club sandwich, assis sur l’une des chaises usées au rembourrage bleu marine.

Pour raconter son parcours, il faut raconter l’histoire de son neveu et des membres de sa famille, qui, eux aussi, appuient la jeunesse autochtone. Son récit débute dans la jeunesse de Mervin Cheechoo, affectueusement surnommé Merv, le père de Jonathan et le frère de Doug.

Sa femme et lui ont quitté Moose Factory pour fréquenter une école secondaire à Timmins durant leur jeunesse, mais n’ont jamais reçu la visite de leurs parents durant cette période. Après son mariage, le couple s’est promis de ne jamais faire vivre une telle expérience à ses enfants.

Quand Jonathan a déménagé à Timmins pour le hockey, à 14 ans, Doug s’est fait donner pour principale responsabilité d’être aux côtés de son neveu lorsqu’il devait voyager. Habitant alors toujours à Moose Factory, Merv et son épouse comptaient sur sa présence.

« C’était bien de savoir qu’il était ici, qu’il allait le surveiller et collaborer pour s’assurer que Jonathan ne manque pas ses pratiques et l’école lorsque d’autres n’étaient pas en mesure de le faire. »

— Une citation de   Mervin Cheechoo

Jonathan a vécu chez des amis de la famille et a souvent reçu la visite de ses proches durant la saison. Plus il progressait dans sa carrière et s’éloignait de la maison, plus sa famille s’attardait à créer des liens dans les communautés qu’il habitait de même qu’à lui trouver une famille d’accueil qui comprenait la culture et les traditions autochtones. C’est là que Doug a saisi toute l’importance d’un bon réseau de soutien.

Autocollant orange Every Child Natters sur la baie vitré d'un aréna.
Au Québec, des membres des Premières Nations et des organismes autochtones ont demandé d’être plus sévères avec le racisme dans le hockey. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Il est impossible pour lui d’ignorer les incidents racistes survenus durant ces années, lui qui en a aussi vécu autant comme joueur que comme gérant d’équipe. La majorité de ces accrochages surviennent dans le feu de l’action sur la patinoire, explique Doug.

Jonathan a lui-même parlé publiquement des préjugés que partageaient ouvertement certains de ses entraîneurs et des insultes qui ont été lancées à son égard lorsqu’il évoluait dans le hockey mineur.

Doug dit avoir eu à gérer plusieurs cas de racisme à l’endroit de joueurs autochtones qu’il a appuyés. Je me souviens d’un incident à Sault-Sainte-Marie où quelqu’un sur la glace a dit des propos racistes à l’un de nos joueurs autochtones, relate-t-il. Plusieurs personnes dans l’aréna ont clairement entendu ces insultes, souligne-t-il, semblant un peu mal à l’aise.

Doug s’inspire beaucoup de ces événements et du parcours de son neveu pour aider les jeunes athlètes qu’il appuie à traverser ces épreuves.

« On peut faire l’une des deux choses suivantes : soit on se fâche, ce qui est correct parce que cela n’a pas sa place, soit on prend le temps d’éduquer les gens à ce sujet. »

— Une citation de   Doug Cheechoo
Selon Ron Holmes, aucune autre équipe ne dispose d’une ressource comme Doug.  Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Doug l’inébranlable
Doug l’inébranlable

De l’avis de Doug, il n’y a rien de surprenant à propos des témoignages qui ont récemment été faits par plusieurs anciens joueurs de la Ligue canadienne de hockey au sujet d’initiations atroces menant au mauvais traitement des recrues. Cependant, il affirme sans hésiter qu’il n’a jamais entendu parler de telles choses à Timmins.

Déconcerté par les révélations des derniers mois, il tente de mettre le doigt sur le noyau du problème, pour proposer des solutions qui permettraient de faire face à la toxicité qui sévit dans le monde du hockey.

Lorsqu’il était directeur général (DG) des Majors de Timmins, en 2017, Doug n’acceptait pas les demi-mesures : tout devait se faire dans l’intérêt primordial des joueurs. Le DG actuel de l’équipe, Ron Holmes, parle de lui avec beaucoup d’admiration, mais aussi beaucoup de respect, pour ses efforts et pour l’appui qu’il offre aux jeunes athlètes.

D’après lui, les principes de base, les fondements des Majors, c’est Doug qui les a mis en place lorsqu’ils se partageaient la direction de l’équipe.

Si nous recrutons des joueurs [autochtones], nous nous obligeons à fournir du soutien pour que ça fonctionne et pour leur donner les meilleures chances de connaître du succès, ajoute Ron Holmes, vêtu de l’un des traditionnels complets chics qu’il porte dans le cadre de ses fonctions.

« Je parle souvent à Doug, quasiment sur une base quotidienne, au sujet du hockey, du réseautage, des joueurs et de la façon dont nous pouvons avoir une incidence sur eux, les aider et leur ouvrir des portes. »

— Une citation de   Ron Holmes
Le club de hockey des Majors de Timmins existe depuis 1979.
Le club de hockey des Majors de Timmins existe depuis 1979. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Passionné n’est qu’un des mots qu’utilise l’équipe de bénévoles de la Coupe Mushkegowuk pour décrire Doug Cheechoo. Un autre? Travaillant.

Pendant le tournoi, il saute d’un aréna à l’autre pour voir comment se déroule la compétition et pour répondre aux urgences signalées par les bénévoles.

De temps à autre, il jette un coup d'œil rapide à son téléphone. Peut-être est-ce pour voir le prochain problème à régler, ou encore si le célèbre ex-hockeyeur et ancien coéquipier de son neveu Joe Thornton lui a envoyé un message? Plusieurs racontent que les deux se parlent presque quotidiennement… ce que Doug confirme en répondant avec un sourire.

Je ne crois pas que les gens réalisent à quel point il travaille fort en arrière-scène, souligne Stephen Friday, cofondateur et président-directeur général (PDG) de Hockey Indigenous, un organisme de promotion de la jeunesse autochtone en Amérique du Nord.

Stephen connaît Doug depuis plus d’une décennie et a récemment travaillé à ses côtés comme membre du comité organisateur de la Coupe Mushkegowuk.

Il fait ça sur une base quotidienne. Il m’envoie tout le temps des messages au sujet d’histoires sur le hockey autochtone. C’est tout ce qu’il fait, ce gars-là; il parle beaucoup de hockey, je vois sa passion dans ses yeux, poursuit-il.

Tout comme Doug, Stephen veut promouvoir les athlètes autochtones. On pourrait croire que ce sont des âmes sœurs, avec pour seule différence la direction dans laquelle pointe leur casquette.

Doug et Stephen se sont arrêtés pour discuter à plusieurs reprises durant le tournoi.
Doug et Stephen se sont arrêtés pour discuter à plusieurs reprises durant le tournoi. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

« Il n’est jamais frustré; rien ne le bouleverse. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un avec autant de patience que lui. C’est le produit de plusieurs années d’expérience! »

— Une citation de   Ron Holmes

Ces traits de caractère lui ont servi à plusieurs reprises. Il y a quelques années, le carnet de contacts de Doug a sauvé la fin de semaine des Majors de Timmins, qui étaient coincés sur une grande artère nord-ontarienne où venait de se produire une collision.

Nous étions presque en retard pour notre match, se souvient le DG de l’équipe. 

Doug connaît tout le monde. Il appelle quelqu’un sur son cellulaire, va voir le chauffeur de l’autobus et, ensuite, lui dit de tourner à droite. Nous prenons un chemin de terre et, soudainement, nous voyons une dame qui nous ouvre une barrière menant à une route secondaire. Nous la prenons, nous nous retrouvons de l’autre côté de l’accident et nous sommes arrivés à temps à notre partie. Qui d’autre sur la planète aurait ces contacts-là et saurait comment faire ça?

Les levées de fonds sont une pratique commune dans le Grand Nord pour aider les espoirs à se payer une saison et de l’équipement. Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Inspirer la relève
Inspirer la relève

Brenden Biedermann encourage avec intensité ses deux enfants pendant le tournoi. Le père de 35 ans est un ancien joueur de hockey, qui a reçu l’appui de Doug et des membres de la famille Cheechoo durant sa jeunesse. Il raconte qu’ils lui ont transmis plusieurs leçons dont il se sert aujourd’hui comme entraîneur.

Après un parcours qui lui a permis de jouer du hockey junior A et junior majeur dans le Grand Sudbury, il est revenu à la maison, à Moose Factory, pour fonder la première équipe compétitive de sa communauté : l’Attack de la Première Nation de Moose Cree.

La formation compte aujourd’hui une douzaine de joueurs et joueuses de moins de 11 ans, mais Brenden espère éventuellement avoir des équipes dans plusieurs groupes d’âge. Il faut les aider à apprendre ce que veut dire compétitionner, s’engager, se présenter à l’aréna même lorsqu’on ne veut pas y être, dit-il, souhaitant les préparer pour les leçons du hockey compétitif de grande ville.

Comme il l’a fait avec son neveu quelques années auparavant, Doug s'assurait d’être aux côtés de Brenden en lui rendant visite dans les arénas qu’il fréquentait.

« D’avoir ce genre d’appui, d’un Doug et d’autres personnes, ça permet d’assurer le succès de nos jeunes. Il nous faut plus de gens pour soutenir nos athlètes, peu importe le sport. »

— Une citation de   Brenden Biedermann
Shawn Gagnon évoluait aux côtés de son coéquipier avec les Majors, Cameron Sutherland, durant la Coupe Mushkegowuk.
Shawn Gagnon évoluait aux côtés de son coéquipier avec les Majors, Cameron Sutherland, durant la Coupe Mushkegowuk.  Photo : Radio-Canada / Denis Wong

Évidemment, de son côté, Shawn Gagnon ne regrette pas d’avoir écouté Doug, puis d’avoir fait le saut à Timmins.

Pour motiver ses troupes, Doug adore revisiter un échange qu’il a eu avec son neveu durant un camp d’entraînement il y a plus de 20 ans. Il lui avait demandé ce qu’il allait faire pour mériter la seule place offerte à sa position. Jonathan lui a alors répondu : Je vais travailler plus fort que les autres.

Après plusieurs discussions avec Doug l’été dernier, Shawn a réalisé que pour propulser sa carrière, il devait prendre son parcours sportif au sérieux et se trouver une source de motivation.

« Je me suis dit que ce serait cool que mon petit frère [Jaxon] puisse me voir jouer AAA durant ma dernière saison, afin de l’inspirer à venir ici plus tard dans sa carrière de hockeyeur », raconte Shawn Gagnon.

Jaxon, âgé de 9 ans, est l’un des plus grands supporteurs qui soient de Jonathan Cheechoo à Moose Factory, mais il est aussi admiratif de son grand frère, qu’il bombarde de questions sur ses coéquipiers et sur son style de jeu.

Shawn recommanderait sans hésiter à d’autres joueurs de déménager pour le sport. Ce genre d’aventure, lorsqu’elle est bien exécutée, permet selon lui d’ouvrir des portes. Pour Doug, il est important que les joueurs de la Coupe Mushkegowuk réalisent qu’il existe des occasions pour jouer [à un haut niveau] à Timmins et ailleurs.

Doug fait tout en son possible pour garder sur la bonne voie les jeunes qu’il appuie.  Photo : Radio-Canada / Denis Wong

«&nbsp;<strong>Le match n’est pas terminé</strong>&nbsp;»
« Le match n’est pas terminé »

Le hockey autochtone dans le Nord-Est de l’Ontario a connu plusieurs avancées ces dernières années. La Coupe Mushkegowuk en est un bon exemple.

Cette Coupe est attendue par plusieurs, et sans champions comme Doug, ça n’aurait pas lieu régulièrement , soutient Albalina Metatawabin, qui a trois enfants et un petit-enfant y ayant pris part. Elle assiste à nouveau au tournoi pour voir jouer sa fille Keira. 

« Nous sommes tous connectés grâce à ça, dit-elle. C’est [un événement] auquel tout le monde adore assister pour encourager son équipe. »

Les enfants et même leurs parents ont des leçons à tirer d’une participation au tournoi, selon Stephen Friday, PDG de Hockey Indigenous. Certains goûteront pour la première fois au hockey de grande ville.

« Ça aide aussi les enfants à choisir ce qu’ils veulent faire dans la vie. Ces rassemblements, ces tournois de hockey leur donnent cette flamme et les aident à atteindre tout leur potentiel. »

— Une citation de   Stephen Friday
Les jeunes de Moose Factory ont raflé les grands honneurs dans plusieurs groupes d’âge à la Coupe Mushkegowuk.
Les jeunes de Moose Factory ont raflé les grands honneurs dans plusieurs groupes d’âge à la Coupe Mushkegowuk.  Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Doug avait commencé sa journée de façon hâtive, afin de devancer les foules de joueurs pour s’assurer que tout allait être prêt à leur arrivée à l’aréna. À sa surprise, quelques tout-petits y étaient déjà. Je leur ai dit qu’il était un peu trop tôt pour jouer, mais ils avaient un sourire au visage et n'attendaient qu’à sauter sur la glace. C’était beau à voir.

Selon lui, la Coupe Mushkegowuk s’est déroulée presque parfaitement. Les jeunes se sont amusés, leurs proches ont profité des festivités et Doug a même découvert un joueur de Moose Factory qu’il invitera au camp d’entraînement printanier d’une équipe pour les moins de 15 ans.

Doug Cheechoo souhaite continuer longtemps à appuyer les jeunes athlètes dans leur parcours sportif, qui pourrait mener pour eux à l’obtention d’une bourse d’études. Néanmoins, le hockeyeur ne saurait chasser le conseiller en éducation postsecondaire en lui. 

À ses yeux, l'éducation reste prioritaire. Doug rappelle qu’il y a plusieurs façons d'atteindre tout son potentiel : on peut tout aussi bien se réaliser sur une paire de patins que dans un uniforme de chirurgien ou dans une toge d’avocat. 

Il faut penser à son avenir, croit-il. C'est tout ce à quoi il pense, ce Doug ; « le match n’est pas terminé si le hockey ne fonctionne pas ».

Les Majors ont annoncé la création d’un nouveau club de hockey pour les moins de 15 ans quelques semaines après la Coupe Mushkegowuk.
Les Majors ont annoncé la création d’un nouveau club de hockey pour les moins de 15 ans quelques semaines après la Coupe Mushkegowuk.  Photo : Radio-Canada / Denis Wong

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