Alors qu’un « silence lourd » pèse sur Dauphin, des résidents se tournent vers la prière
Des personnes ont assisté à la messe de l'église orthodoxe ukrainienne Saint George à Dauphin, dimanche.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Lors de messes dimanche, des habitants de Dauphin, au Manitoba, ont allumé des cierges et prié en pleurant les victimes d’un terrible accident de la route. Quinze personnes de la région sont mortes dans une collision près de Carberry jeudi et 10 autres sont gravement blessées.
Les chefs religieux tentent d’aider les résidents à affronter le deuil, explique le curé de l’église catholique Saint-Viateur de Dauphin, l’abbé Michel Nault. Sa messe était dédiée aux victimes.
C’est normal de ne pas se sentir normal aujourd’hui [...], on n'est pas différents des autres, on est humains, on a beaucoup d’émotions
, fait-il valoir.
Le silence est toujours lourd à Dauphin, selon l'abbé Michel Nault, curé de l’église catholique Saint-Viateur.
Photo : Radio-Canada / Chelsea Kemp
Pour lui, la prière aide à affronter le silence lourd
qui pèse sur Dauphin. On va dans la communauté et, [à première vue], on dirait qu'il n’y a pas de trouble qui se passe. Mais on sait quand on rencontre le monde que ce n’est pas facile
, relate le curé.
Ces sentiments, ces larmes, ce ne sont pas des signes de faiblesse. Pas du tout. Au contraire, ce sont des signes d’amour et que nous partageons notre humanité.
J’ai reçu des messages textes, des appels de tout partout. Le monde prie pour nous. Ça soulage le cœur
, ajoute-t-il.
La diaconesse Frances Stewart, de l'église anglicane Saint Paul, déclare qu'elle prévoit offrir une minute de silence aux personnes décédées. Le moment est venu d'offrir du réconfort et de faire preuve de compassion alors que les gens pleurent, affirme-t-elle.
En tant que chrétiens, nous avons ce merveilleux espoir, cette merveilleuse promesse de la vie à venir. Mais à ce stade, l'important est de traverser les premiers jours, puis d'être là pour les mois et les années à venir
, ajoute Mme Stewart.
Commencer la guérison
Le père Brent Kuzyk, de l'église orthodoxe ukrainienne Saint George, a consacré une partie de sa liturgie aux victimes de l'accident. Des prières ont été offertes pour les personnes décédées, leurs familles et les secouristes.
Le père Brent Kuzyk, de l'église orthodoxe ukrainienne Saint George, à Dauphin, lors d'une cérémonie dimanche.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
M. Kuzyk a également parlé de la souffrance dans cette municipalité de 8600 personnes située au nord-ouest de Winnipeg. Les prénoms des victimes de l’accident ont été lus lors de la cérémonie.
Le père Kuzyk dit qu'il a passé les derniers jours dans des complexes pour personnes âgées à prier avec les gens. Certaines des victimes vivaient dans ces installations.
Le simple fait de pouvoir verbaliser ce qu'ils ressentent aide toujours
, explique le prêtre. Puisque c'est une très petite communauté, tout le monde connaissait quelqu'un dans cet autobus ou avait même de la famille dans l'autobus.
Se rassembler, prier pour ceux qui sont morts, puis les enterrer fait partie du processus de guérison, poursuit-il. Lorsque nous commençons à guérir, nous gagnons en force, nous commençons à comprendre et, ensuite, nous arrivons à préparer nos vies pour la prochaine étape
, affirme le prêtre.
Une femme s'est recueillie après avoir allumé un cierge dans l'église orthodoxe ukrainienne Saint George, à Dauphin, dimanche.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Un cauchemar bien réel
Manuel Nakonechny a assisté à la messe de l’église orthodoxe ukrainienne. Il connaissait la plupart des victimes, mais également le chauffeur du véhicule de transport adapté impliqué dans l’accident depuis des années. Ce dernier et lui sont voisins et travaillent pour la même société de transport.
Il dit que l’accident est difficile à comprendre. C’est vraiment dur
, lance-t-il, en ajoutant qu’il tente de s’entourer d’autres personnes. Cependant, dit-il, la situation est un cauchemar bien réel.
J’essaie d’être avec des gens juste pour me changer les idées, mais je me réveille au milieu de la nuit et c’est juste là. Il n’y a pas moyen d’y échapper.
Certains des passagers de l’autobus appartenaient à sa congrégation et à son chœur. Nous sommes une famille et nous sommes là pour être avec les personnes qui ont besoin de prières et de nos bénédictions
, assure la paroissienne Betsy Herman.
Victor Belinski et Jean Belinski étaient aussi à la messe orthodoxe dimanche. Ils vivent à Dauphin depuis plus de 60 ans et connaissent tout le monde ici.
C’est terrible, j’ai découvert que ma cousine était à bord de l’autobus
, indique-t-il, en ajoutant qu’il ignore toujours si elle est blessée ou décédée
Tout le monde s'appelle pour tenter d'obtenir des informations, note-t-il. C'est difficile, les familles doivent rester à la maison et attendre des confirmations
, ajoute M. Belinski.
Les blessés toujours dans un état critique
Aucune information concernant les funérailles des victimes n’a encore été communiquée au public. Peu avant midi jeudi, un semi-remorque est entré en collision avec un véhicule de transport adapté à bord duquel prenaient place environ 25 personnes près de Carberry, sur l'autoroute Transcanadienne.
Les 25 passagers étaient principalement des aînés de la région de Dauphin, dans l'ouest de la province. Quinze d'entre eux sont morts et dix personnes sont blessées, selon la police. L’organisme provincial de soins de santé Soins communs a indiqué dimanche dans un communiqué que les six patients blessés sont toujours dans un état critique.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) continue son enquête sur l’accident et doit fournir une mise à jour lors d’une conférence de presse à midi, heure du Centre, lundi. Selon un communiqué de la GRC, la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, sera présente. Ce sera sa première disponibilité médiatique au sujet de l’accident.
Avec les informations de Nicholas Frew, de Jérémie Bergeron, de Erin Collins, de Julie-Anne Lamoureux et de La Presse canadienne