•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La gratuité du transport en commun séduit des villes américaines

Un autobus immobilisé à un arrêt, tandis qu'on voit un usager assis dans un abribus.

La société de transport d'Alexandria, en Virginie, a constaté un achalandage record après deux ans de gratuité des autobus.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Dans un autobus d’Alexandria, en Virginie, la boîte servant à valider les titres de transport des usagers est recouverte d’un sac de plastique rouge. On peut y lire : « Passage gratuit aujourd'hui ». En réalité, il n'en coûte rien depuis plus de deux ans pour prendre le bus dans cette ville, où le transport en commun vient de battre un record d’achalandage.

Adoptée pendant le pire de la crise de la COVID-19, la gratuité du transport par autobus est devenue permanente en 2021.

Le succès de l’initiative parle de lui-même : les 11 lignes d'autobus de cette ville de 150 000 habitants jouxtant Washington ont enregistré 4,5 millions de passages au cours de la dernière année. Il s'agit du nombre le plus élevé dans l’histoire de la société de transport locale, l'Alexandria Transit Company, dépassant même les données des meilleures années prépandémiques.

Je pense que ces autobus sont merveilleux, témoigne Sharon Blanchet, qui attend à un arrêt de bus. Je n’ai que du positif à dire à leur sujet, dit celle qui les emprunte presque tous les jours.

Sharon Blanchet, devant un abribus, sourit pour la photo.

Sharon Blanchet prend l'autobus presque tous les jours à Alexandria.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Même son de cloche du côté de James Rogers, qui patiente quelques mètres plus loin. C’est fantastique! Toutes les 15 minutes, je peux monter dans un bus gratuit. Je pense que c’est une super idée de la part d’Alexandria d’avoir investi dans le transport en commun.

Plusieurs sociétés de transport américaines ont suivi la voie de la gratuité au cours des dernières années. C’est notamment le cas de Kansas City depuis 2019, ainsi que de plusieurs lignes d’autobus à New York et à Boston.

À Alexandria, ce qui a rendu cette initiative possible, c’est la pandémie, estime le directeur général de l'Alexandria Transit Company, Josh Baker. Dans son bureau du sud de la ville, il parle avec fierté de cette mesure pionnière dans la région.

Josh Baker, debout devant un autobus, sourit à la caméra.

Josh Baker, directeur général de l'Alexandria Transit Company, est fier de la mesure adoptée dans sa ville.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Nous pensons que le transport en commun est une infrastructure, pas une entreprise, énonce M. Baker. Avec cet état d’esprit, la discussion entourant la gratuité du transport en commun devient beaucoup plus facile.

La question du financement

Vient l’inévitable et épineuse question : comment financer un tel projet?

M. Baker explique qu’avant la pandémie, les revenus issus de la vente de titres de transport représentaient au mieux 13 % (soit 4 millions de dollars) de l’ensemble du budget annuel de l’organisation. Des subventions de plusieurs millions de dollars de la Ville d'Alexandria et de l’État de la Virginie permettent de pallier cette perte de revenus et de garantir la pérennité du programme au moins jusqu’en 2025. Celui-ci sera alors réévalué.

Quant à savoir pourquoi la société de transport n’a pas opté pour des tarifs adaptés en fonction du revenu des utilisateurs, M. Baker rétorque qu'il aurait été trop compliqué pour les chauffeurs et les usagers de faire respecter ce programme, et que cela aurait entraîné un alourdissement de la bureaucratie.

Une « grande vague » aux États-Unis

Le vice-président aux politiques et à la mobilité de l'association américaine des transports en commun, Art Guzetti, constate qu’une grande vague de mesures de gratuité dans les transports en commun a déferlé sur les États-Unis au cours des dernières années. Déjà, avant la pandémie, il y avait cette tendance, souligne-t-il.

Toutefois M. Guzetti n’est pas convaincu que l’élimination des coûts soit la priorité en matière de transport en commun au pays. C’est une considération importante. Mais la plus grande question, c’est : comment pouvons-nous améliorer le transport en commun? Le rendre plus pratique, plus fréquent?

Une boîte de validation de titres dans un autobus recouverte d'une housse rouge sur laquelle on peut lire «Free ride today», ou «Passage gratuit aujourd'hui».

La boîte servant à valider les titres de transport indique : « Passage gratuit aujourd'hui ». C'est comme ça depuis plus de deux ans à Alexandria.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Cette considération n’a pas échappé à Josh Baker lorsque les autobus d’Alexandria sont devenus gratuits, en 2021. L'Alexandria Transit Company a du même coup procédé à une refonte complète de son réseau. On a constaté que l’effet combiné de la gratuité et du nouveau réseau a augmenté sa fréquentation et l’a rendu plus accessible pour tout le monde, se réjouit-il.

Une manière de faire que le professeur Ralph Buehler, spécialisé en Affaires urbaines et planification à l'Université Virginia Tech, trouve assez intelligente. Ils ont procédé à une refonte des trajectoires des autobus et les ont concentrées sur certaines routes pour améliorer leur fréquence et leur fiabilité. En même temps, ils ont réduit les coûts.

Plusieurs usagers font encore part de désagréments au sein du réseau. C’est le cas d’Antonio Williams, assis dans un abribus, qui explique avec lassitude qu’il attend depuis 44 minutes. Les temps d’attente qui peuvent s’éterniser constituent toutefois, selon lui, le seul problème. Frank Ferrara, un résident d’Alexandria, croit pour sa part que les bus devraient être plus propres.

Tous semblent ravis cependant de la gratuité du service. C'est le cas particulièrement de Melanie Davis, jeune résidente d’une ville voisine qui vient tout juste d’apprendre qu’elle n’a pas à payer ses passages. Il y a un spa que j’aime bien à Alexandria. Je sais qu’il y a un arrêt de bus devant. Je vais assurément prendre l’autobus pour m’y rendre!

Violette Cantin est lauréate de la bourse Expérimenter le journalisme à l'étranger de la Fondation de l'UQAM.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.