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Les défis de jeunes républicains dans une ville démocrate

À l'Université George Washington, le comité républicain défend ses positions conservatrices dans un environnement plus libéral.

Un local électoral avec des bureaux et des affiches électorales sur les murs.

À l'Université George Washington, les comités républicain et démocrate partagent le même local.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

La foule est fébrile. À l’Université George Washington, c’est soir de débat entre les comités démocrate et républicain. Plus d’une centaine d’étudiants sont attroupés dans un auditorium au plafond bas du campus, en plein cœur de la capitale américaine. Les retardataires se sont résignés à observer la joute oratoire debout, au fond de la salle.

Devant le public attentif, le débatteur républicain Jack Fisher énumère une série de problèmes sociaux qui affectent selon lui les États-Unis, comme la criminalité dans les villes.

Puis il lance, sarcastique : Et pourtant, nous concentrons toutes nos énergies à poursuivre Donald Trump. C’est vraiment ça que nous voulons? C’est absurde!

Ce à quoi l’un de ses opposants démocrates rétorque, causant un brouhaha général : Mais c’est le leader de votre parti!

Malgré les consignes des modérateurs, qui ont exhorté la foule au silence, plusieurs encouragent les représentants de leur parti favori. Surtout lorsqu’un débatteur démocrate, dans un coup de théâtre habilement planifié, sort de son cartable une interminable liste : celle des 91 chefs d’accusations criminels dont Donald Trump fait l’objet.

Au centre du spectacle, les quatre jeunes débatteurs. Les républicains Jack Fisher et Kieran Laffey font face à une foule sceptique. Après tout, leur université se trouve au centre de Washington. La ville a voté à plus de 90 % pour Joe Biden lors des dernières élections présidentielles, soit l’un des taux les plus élevés au pays. Et à l’Université George Washington, le comité démocrate compte environ 900 membres; le comité républicain, 342.

Tout le monde sait que je suis un républicain. Je suis assez ouvert à ce sujet, déclare Kieran Laffey, l’un des débatteurs, qui mentionne au passage qu’il a déjà été interviewé sur Fox News.

Mais il qualifie plusieurs de ses amis de conservateurs dans le placard.

Beaucoup de gens ont malheureusement peur de s’identifier comme républicains. Un bon exemple est que plusieurs de mes amis n’ont pas voulu venir au débat ce soir et s'asseoir du côté républicain de la salle, parce qu’ils ne veulent pas que les gens soient au courant de leur allégeance politique, dit-il.

Le jeune républicain Kieran Laffey.

Le jeune débatteur républicain Kieran Laffey

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Pas facile d’être républicain sur ce campus, corrobore son collègue débatteur Jack Fisher. C’est nul, résume-t-il. Les gens sont incroyablement libéraux ici et ils s’inclinent devant cette tendance. Ils veulent se faire des amis et être appréciés à l’université.

Une forme de pression sociale qui, selon les deux jeunes hommes, nuit à la visibilité d’idées chères aux conservateurs, comme l’opposition à l’avortement.

Je suis pro-vie et je ne m’en excuserai pas. Mais ce n’est pas une opinion populaire aux yeux de plusieurs sur les campus, déplore Kieran Laffey, qui souhaiterait une meilleure visibilité pour les positions anti-avortement à son université.

Comme de fait, le sujet n’a pas été abordé lors du débat.

La stigmatisation d’être républicain

Les constats de ces deux jeunes républicains n’étonnent pas Dante Chinni, chercheur à l’Université du Michigan et directeur du Projet sur les communautés américaines, qui étudie les tendances politiques au niveau local.

Les villes universitaires comptent parmi les régions les plus libérales au pays. Avec les grandes villes, elles ont tendance à constituer le cœur du vote démocrate lors des élections.

Une citation de Dante Chinni, chercheur à l’Université du Michigan

Il ajoute que les tensions que nous sentons entre les partis républicain et démocrate aux États-Unis en général sont amplifiées sur les campus universitaires.

Victoria Carlson est bien d'accord. La directrice des relations publiques du comité républicain de l’Université George Washington assiste au débat avec attention, fière de la performance de ses collègues. C’est assurément un défi pour nous de surmonter la stigmatisation d’être un républicain, surtout ici, explique-t-elle.

Ce qui peut effrayer de potentielles recrues conservatrices. Les gens qui s’inscrivent à cette université savent qu’il y a de l’activité politique sur le campus. Mais je crois que c’est un peu choquant de voir à quel point les étudiants sont polarisés, déclare-t-elle.

Même constat chez Sarah Freeman, la présidente du comité démocrate, rencontrée dans le local que se partagent les deux organisations. La scène est surprenante : des affiches arborant le slogan Make America Great Again y côtoient une Michelle Obama en carton grandeur nature. Le fait de cohabiter dans un seul local favorise le dialogue, note-t-elle.

La présidente du Comité démocrate, Sarah Freeman.

La présidente du Comité démocrate, Sarah Freeman, dans le local que son groupe partage avec le Comité républicain.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Sarah Freeman n’est pas dupe. Alors que la campagne présidentielle approche, le climat promet d’être de plus en plus polarisé. Je pense qu’avec tous les efforts déployés par les campagnes auprès du public, tout ce qu’elles font rend les gens plus polarisés, estime-t-elle.

Mme Freeman compte bien voter pour Joe Biden l’année prochaine, même si le soutien inébranlable du président à Israël dans le conflit qui l’oppose au Hamas la refroidit énormément. Elle souhaiterait que le président accorde davantage d’attention au sort des civils dans la bande de Gaza. Mais voter pour les démocrates, peu importe qui est le candidat, est encore une partie importante de ma philosophie, admet-elle.

Chez les jeunes républicains, l’indécision règne. Kieran Laffey est membre du comité étudiant qui soutient la candidate Nikki Haley dans sa course à l’investiture républicaine. Elle correspond au critère le plus important aux yeux du jeune homme : la capacité d’un candidat à être élu.

Jack Fisher aime bien Nikki Haley et Ron DeSantis, entre autres. Mais si le duel présidentiel de l’année prochaine oppose Joe Biden à Donald Trump, sa décision sera très simple, clame-t-il : Je voterai pour Trump.

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