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Lutter contre l’itinérance… à la gare de trains

À Washington, un organisme basé à la gare Union Station souhaite mettre fin à l'itinérance.

Une personne en situation d'itinérance marche dans une gare.

Une personne en situation d'itinérance marche à la gare Union Station, à Washington.

Photo : afp via getty images / Eric Baradat

« Cette personne vit au pied de ce poteau. Celle-ci, au pied de cet autre poteau… » La place Columbus, en plein cœur de Washington, est radieuse sous le soleil de midi. Edward Wycliff entame sa tournée et va à la rencontre de personnes en situation d'itinérance devant la gare Union Station, une des plus achalandées aux États-Unis.

Ce jeune homme est le premier spécialiste de la sensibilisation pour l'organisme H3 Project, qui souhaite mettre fin à l'itinérance dans la capitale américaine. Chaque jour, il parle à ses « clients » sans-abri aux alentours de la gare pour les aider dans leurs recherches d'un logement ou d'un emploi, par exemple.

Un homme sourit pour la photo.

Edward Wycliff est le premier spécialiste de la sensibilisation au sein de l'organisme H3 Project. Il a une vingtaine de «clients» avec lesquels il entretient des liens réguliers.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Mais pourquoi avoir choisi la gare Union Station comme base pour un organisme qui lutte contre l’itinérance?

Washington est différente des autres villes américaines, répond la fondatrice et directrice du H3 Project, Ami M. Angell, rencontrée dans un petit local de la gare. Cette ville est un aimant pour ceux qui ont des troubles mentaux. Dans la région, nous avons le FBI, la CIA, la Maison-Blanche, le Capitole… Quand ils ne prennent pas leurs médicaments, ils viennent ici.

Ami M. Angell affirme que plusieurs de ceux qui aboutissent à Union Station peuvent vouloir régler des poursuites dans lesquelles ils sont impliqués. Il s'agit donc d'un emplacement stratégique pour l'organisme, qui a conclu une entente avec la police d'Amtrak, déployée dans la gare.

Une gare ferroviaire vue de l'extérieur.

Union Station, principale gare ferroviaire de Washington.

Photo : Getty Images / Chip Somodevilla

Lorsqu’ils voient un individu en crise, les policiers nous appellent et nous offrent d’intervenir en premier. Ils reconnaissent le bienfait d’avoir un système de soutien sur place.

Une citation de Ami M. Angell, fondatrice et directrice du H3 Project

Les employés de son organisme connaissent les personnes itinérantes qui fréquentent la gare et utilisent des trucs parfois tout simples pour les apaiser.

Par exemple, Ami M. Angell traîne toujours des cigarettes dans son sac : fumer peut immédiatement calmer quelqu'un qui a besoin d'aide, affirme-t-elle. Je ne peux pas vous dire le nombre de fois où je me suis approchée d'une personne en état de crise profonde et lui ai proposé une cigarette. Plusieurs l’acceptent et ça les calme instantanément.

Mais parfois, cela ne suffit pas. Environ une heure avant votre arrivée, on a trouvé six personnes en pleine surdose à l’entrée de la gare, raconte Ami M. Angell. Ils étaient tous dans un rayon de 20 pieds [6 mètres].

Ces situations d'urgence constituent le quotidien des employés du H3 Project. Le premier spécialiste de la sensibilisation, Edward Wycliff, estime que depuis le début de l'année, il a secouru au moins 50 personnes en surdose.

Un homme marche dehors.

Edward Wycliff va à la rencontre d'une de ses «clientes» régulières, installée à la place Columbus.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Mission : logement

Depuis sa création, en 2020, l’organisme a pris de l’expansion : alors qu’Ami M. Angell était initialement seule, elle compte maintenant sur neuf autres employés déployés dans plusieurs quartiers centraux de Washington.

La région de la capitale américaine est aux prises avec une augmentation de l’itinérance : elle y aurait bondi de 18 % au cours de la dernière année, selon des données fournies par les villes qui composent la région. Et des images-chocs de démantèlement de campements ont marqué les esprits, comme celui survenu au square McPherson, à deux pas de la Maison-Blanche, en février dernier. Plus de 70 personnes y vivaient.

Le H3 Project poursuit néanmoins son ambitieuse mission de mettre fin à l’itinérance dans cette ville. En plus de leur travail à la gare, les intervenants sur le terrain aident des personnes dans plusieurs aspects de leur vie, notamment pour demander l’obtention d'un certificat de naissance ou pour se tailler une place sur une liste d'attente pour un logement.

La forte présence de personnes itinérantes dans le secteur n’étonne pas Edward Wycliff. Elles se sentent bien à Union Station. Ç'a été un endroit sécuritaire pour elles, surtout pendant la pandémie. Elles pouvaient être à l'intérieur et prendre une pause, explique-t-il.

Trois hommes discutent.

Edward Wycliff échange avec Bruce et Christopher, deux personnes en situation d'itinérance qui espèrent avoir accès à un logement au cours des prochains mois.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Un campement situé à la place Columbus, tout juste en face de la gare, a été démantelé l’année dernière. Certains y sont malgré tout restés ou viennent simplement y passer une partie de leurs journées. C'est le cas de Bruce, qui discute avec son ami Christopher. Bruce est sans domicile depuis plusieurs années. Il vit à différents endroits et vient souvent dans le coin de la gare. Il est bien connu des employés du H3 Project.

Ces gens m’ont beaucoup aidé, lance avec dynamisme le bavard Washingtonien. Ils m’ont aidé à obtenir une subvention pour aller en hébergement. J’attends que mon dossier soit approuvé.

Deux hommes regardent l'objectif de l'appareil photo.

Bruce (à droite sur la photo) est venu à la place Columbus pour bavarder avec son ami Christopher.

Photo : Radio-Canada / Violette Cantin

Bruce est sur une liste d'attente depuis déjà plusieurs mois et devrait obtenir une place l'année prochaine. Un nouveau départ… loin de la gare Union Station.

Violette Cantin est lauréate de la bourse Expérimenter le journalisme à l'étranger de la Fondation de l'UQAM.

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