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Un réseau de recherche québécois sur le sida perd son financement provincial

Le Réseau SIDA-Maladies infectieuses avait reçu 800 000 $ du Fonds de recherche du Québec - Santé en 2022-2023. Il obtiendra une somme de 100 000 $, non renouvelable, pour assurer sa transition.

Une femme travaille dans un laboratoire.

Le Réseau SIDA-Maladies infectieuses réunit plusieurs dizaines de chercheurs qui travaillent à lutter contre le sida et plusieurs autres maladies infectieuses, telles les hépatites et, plus récemment, la COVID-19.

Photo : iStock

Au moment où les cas de VIH connaissent une importante augmentation au Canada, un réseau québécois de recherche sur le sida et d’autres maladies infectieuses vient d’apprendre que la subvention qu’il reçoit du Fonds de recherche du Québec - Santé (FQRS) depuis sa fondation, en 1994, ne sera pas renouvelée. Cela compromet ses activités.

Le Réseau SIDA-Maladies infectieuses (SIDA-MI) a reçu 800 000 $ du FRQS en 2022-2023, ce qui représente une part importante et stable de l’ensemble de son financement.

Le SIDA-MI réunit plusieurs dizaines de chercheurs qui travaillent à lutter contre le sida et plusieurs autres maladies infectieuses, dont les hépatites et, plus récemment, la COVID-19. Le Réseau est d’ailleurs en pleine transformation afin de devenir le Réseau Maladies infectieuses et émergentes.

On a des milliers de cellules en banque, des plasmas, des études de virus sur 25 ans. Et là, on vient de nous couper le financement, dit son directeur, le Dr Jean-Pierre Routy.

Le Réseau demandait au FRQS un financement de 1 million de dollars par année pendant huit ans dans le cadre du concours des réseaux thématiques de recherche 2024-2032 du FRQS. Ce dernier a refusé la demande de subvention du SIDA-MI, mais lui a octroyé une somme de 100 000 $ non renouvelable pour permettre la transition.

La décision du FRQS a été rendue vendredi dernier. Deux jours plus tôt, la Fondation canadienne de recherche sur le sida rapportait une hausse de 24,9 % des cas de VIH de 2021 à 2022 au pays, soit l'accroissement le plus élevé en plus d'une décennie.

Une base d’échantillons menacée

Le Dr Routy voit mal comment le Réseau peut survivre sans cette source de financement non renouvelée. Il estime qu’il devra procéder à deux abolitions de postes à temps plein. Mais surtout, il s’inquiète pour le cœur du Réseau, soit les 80 000 échantillons de sang de personnes ayant soit le VIH, les hépatites virales ou la COVID.

Ces échantillons, accumulés depuis environ 25 ans, sont accessibles aux chercheurs qui œuvrent dans la lutte contre les maladies infectieuses. Ils permettent de voir l'évolution à travers 20 ans, comment le virus change au Québec, comment il se transmet à certaines personnes.

Le Dr Routy affirme que le Réseau permet plusieurs actions dans la lutte contre le sida : la conservation des formulaires de consentement des dons d’échantillons, par exemple, ou encore la conservation d’échantillons pré-COVID de porteurs de la maladie, qui sont d’une valeur extraordinaire.

Tous ces tubes sont dans l’azote liquide, ils coûtent plus de 30 000 $ par an à entretenir et du temps de technicien, indique le Dr Routy. Cette cohorte est inestimable, et qui va payer pour la garder?

Il estime que le Réseau permet d’éviter de travailler en silo. On ne perd pas tout, il va rester d’autres fonds de recherche qui ne durent pas longtemps, mais on perd tout ce réseau, toute cette richesse. On retourne dans les années 1990, affirme-t-il.

On est les leaders de tout le Canada. On était invité dans plusieurs pays pour présenter nos travaux et notre infrastructure et là, subitement, on nous bloque.

Une citation de Dr Jean-Pierre Routy, directeur du Réseau SIDA-Maladies infectieuses

Le FRQS n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, lundi après-midi. Radio-Canada a toutefois pu consulter les Commentaires d’évaluation du comité scientifique au sujet de la demande de subvention du SIDA-MI. Le comité note qu’il s’agit d’un projet vaste et ambitieux [...] sur les maladies virales émergentes et déjà présentes.

Le comité émet toutefois des réserves. Il demeure difficile de dire comment la création du réseau s’inscrit dans les structures existantes au Québec et quelle est sa valeur ajoutée à la communauté scientifique. Le comité a des réserves par rapport à la vision globale qui paraît non structurée et peu innovante. Le comité a également noté l’absence d’un plan d’action concret et d’un fil conducteur clair entre les différents aspects de la demande.

Une très mauvaise nouvelle

Le Dr Réjean Thomas est le cofondateur de la clinique médicale L’Actuel, l’une des partenaires du SIDA-MI. Il parle d’une déception et d’une très mauvaise nouvelle en évoquant le non-renouvellement du financement.

Il y a de nombreux projets qui ont été financés pendant toutes ces années-là, qui étaient axés autour de la recherche [...], qui nous permettent d’avoir des priorités québécoises qui ressemblent à ce qui nous préoccupe le plus ici.

Il rappelle qu’en dépit des avancées réalisées au cours des dernières années sur le traitement et la prévention du VIH, on n’a toujours pas de traitement curatif, on n’a toujours pas de vaccin, donc la recherche n’est pas finie.

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