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« Évitez de prendre l’Ukraine en otage », implore l’ex-président Petro Porochenko

Il porte une tenue de camouflage sur un tarmac.

L'ex-président ukrainien Petro Porochenko s'adressant aux médias à Kiev en 2015.

Photo : Reuters / Service de presse du gouvernement ukrainien

L’ancien président de l’Ukraine Petro Porochenko cache mal sa frustration au sujet du Parti conservateur, qui a voté à l’unanimité à la Chambre des communes contre le renouvellement de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine (ALECU).

En entrevue exclusive à Radio-Canada, celui qui a dirigé l’Ukraine de 2014 à 2019 juge incompréhensible le fait que les troupes de Pierre Poilievre s'opposent à la modernisation nécessaire de l’entente.

Rien n'explique pourquoi quelqu'un pourrait être contre cette entente, dénonce Petro Porochenko. Il rappelle que c’est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui a conclu le premier accord de libre-échange avec l’Ukraine en 2015.

Je n’ai aucun doute que la modernisation de cet accord serait bénéfique tant pour le Canada que pour l’Ukraine.

Une citation de Petro Porochenko, ex-président de l’Ukraine

Or, Pierre Poilievre et la totalité des députés conservateurs ont voté en masse contre la modernisation de l’ALECU. Seule raison invoquée : le texte comprend une clause sur la taxe carbone.

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

Le chef conservateur affirme que le Canada essaie ainsi d’imposer de force une taxe sur le carbone à l’Ukraine. Il a tort, selon le ministre ukrainien responsable de l’entente.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, signe des documents aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les deux responsables ont signé plusieurs ententes, dont un accord de libre-échange entre les deux pays.

Photo : Reuters / BLAIR GABLE

L’entente ne nous impose pas de tarification carbone, affirme le ministre adjoint à l’Économie et représentant au Commerce de l’Ukraine, Taras Kachka, en entrevue à Radio-Canada.

Le Parlement ukrainien a adopté une tarification sur le carbone il y a plus de 12 ans. Il s'agit d'une clause essentielle pour faire partie de l’Union européenne.

La raison donnée par les conservateurs pour voter contre l’entente avec l’Ukraine relève plus de la politique interne du Canada que de préoccupations réelles pour notre économie, estime Taras Kachka.

Au cours de la dernière année, l’appui à l’Ukraine a diminué au Canada en général, et chez les sympathisants conservateurs en particulier. Selon un sondage de l’Institut Angus Reid (Nouvelle fenêtre) (lien externe, en anglais), publié le 6 février dernier, au moins 25 % des Canadiens trouvent que le gouvernement Trudeau en fait trop pour aider l’Ukraine. Chez les électeurs conservateurs, cette proportion grimpe à 43 %*.

Cela explique peut-être la motivation à l'origine du message de Pierre Poilievre sur l’Ukraine.

Au chapitre de l'aide militaire cependant, un nouveau sondage réalisé par la firme Léger (Nouvelle fenêtre) (lien externe, en anglais) laisse croire que comparativement à l'automne dernier, un plus grand nombre de Canadiens souhaitent que le gouvernement fédéral envoie davantage de munitions et d'autres fournitures militaires pour aider l'Ukraine dans sa guerre contre l'invasion russe.

Un quart des personnes interrogées en fin de semaine dernière ont estimé que le Canada devrait augmenter son soutien à l'Ukraine sous forme de fournitures militaires, contre 20 % en octobre 2023**.

Un vote reçu comme une gifle par la diaspora ukrainienne : le reportage de Christian Noël.

Déchirer l’entente?

Pierre Poilievre est même allé plus loin dans son attaque contre la signature de l’accord entre les gouvernements Trudeau et Zelensky : il menace de ne pas honorer l’entente s’il est porté au pouvoir.

Pour nous, cette entente n’apporte rien de neuf; c'est simplement un amendement pour imposer une taxe carbone. Nous n’allons pas honorer un amendement qui impose une taxe carbone.

Une citation de Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada

Le gouvernement ukrainien rejette cette catégorisation de l’ALECU par le chef conservateur.

C’est beaucoup plus que juste sur la taxe carbone, assure le ministre adjoint ukrainien Taras Kachka, qui a lui-même négocié cette entente.

Selon lui, l’ALECU est essentielle afin de jeter les bases de notre stratégie économique pour la reconstruction et la reprise économique de notre pays.

M. Kachka rappelle que le nouvel ALECU comporte de nombreuses clauses importantes, contrairement à ce qu’avance Pierre Poilievre : l’élimination de multiples tarifs douaniers, un nouveau mécanisme de résolution des conflits ainsi que de nouveaux chapitres sur les services financiers, les investissements, la protection de la propriété intellectuelle et la mobilité de la main-d’œuvre entre les deux pays.

L’ALECU va aider l’Ukraine à développer son économie, ses industries technologiques, ce qui rendra la reconstruction du pays plus facile et moins coûteuse.

Une citation de Petro Porochenko, ex-président de l’Ukraine

Mais les deux politiciens ukrainiens interviewés par Radio-Canada se gardent bien de lancer trop durement la pierre au chef conservateur canadien.

Appui à l’Ukraine

L'ex-président Porochenko et Taras Kachka demeurent diplomates à propos du Parti conservateur du Canada.

Je comprends que la question du climat et de la taxe carbone est un enjeu sensible pour Pierre Poilievre, ajoute le ministre adjoint à l'Économie et représentant au Commerce de l'Ukraine.

Pierre Poilievre portant un foulard aux couleurs de l'Ukraine, dans une foule.

Le chef conservateur Pierre Poilievre lors d'une veillée à Toronto marquant le premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le vendredi 24 février 2023.

Photo : La Presse canadienne / Cole Burston

Je suis convaincu que le Parti conservateur appuie quand même l’Ukraine, glisse M. Kachka.

Malheureusement, plus le débat politique sur l’appui à l’Ukraine traîne en longueur, plus les conséquences sont néfastes sur la ligne de front, poursuit le politicien ukrainien.

Taras Kachka dit s’inquiéter de voir le début d’une tendance dans le monde occidental, notamment avec le blocage d'une aide militaire accrue à l'Ukraine par les républicains aux États-Unis.

Un sentiment partagé par l’ex-président Porochenko, qui lance un appel à tous les politiciens du Canada et des États-Unis, toutes bannières politiques confondues.

Évitez de prendre l’Ukraine en otage dans vos débats politiques internes, implore Petro Porochenko. Ce serait une grave erreur de tenter de l’utiliser à des fins partisanes en cette période préélectorale.

Méthodologie des sondages :

* Le sondage Angus Reid a été réalisé auprès de 1617 Canadiens par l’entremise du panel d’Abacus Data et a été mené du 29 au 31 janvier 2024 à l’aide d’un questionnaire en ligne. À titre indicatif, un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de +/- 2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

** Le sondage a été réalisé auprès de 1529 adultes canadiens par l'entremise de sondage Léger et a été mené du 16 au 18 février 2024. À titre indicatif, un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de +/- 2,51 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

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