•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Malgré sa popularité, la plateforme Temu accumule les critiques

Un écran de téléphone montre plusieurs applications mobiles, dont Temu, au centre.

Si les bas prix de Temu attirent les foules, des critiques concernant la sécurité d'objets vendus sur cette plateforme fusent depuis la semaine dernière.

Photo : Getty Images / Robert Way

Parmi les applications les plus téléchargées en Amérique du Nord et en Europe, la plateforme de magasinage en ligne Temu connaît un immense succès depuis son lancement, il y a moins de deux ans. Toutefois, certains jouets qui y étaient vendus jusqu’à tout récemment posent des risques pour la sécurité des enfants, a prévenu un lobby européen la semaine dernière.

Les Industries européennes du jouet se sont procuré 19 jouets pour enfants sur cette plateforme, propriété de la société chinoise PDD Holdings. Parmi ceux-ci, aucun ne respectait les législations européennes en matière de sécurité et pas moins de 18 d’entre eux posaient des risques pour les enfants.

Un exemple? Un hochet en ruban arc-en-ciel pour bébés comporte des bords tranchants et de petites parties qui pourraient étouffer un enfant.

Cette non-conformité pourrait entre autres s’expliquer par le fait que Temu ne fait pas affaire avec des intermédiaires occidentaux. L'entreprise expédie plutôt ses objets directement de Chine, explique Laurence Grondin-Robillard, chargée de cours et doctorante en communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Ce sont de petits ou de gros commerçants qui ne suivent pas nécessairement tous les mêmes normes, note-t-elle.

Par courriel, Temu précise qu'une enquête interne a immédiatement été déclenchée au sujet des jouets jugés dangereux, qui ont ultimement tous été retirés de la vente.

L'entreprise en profite pour rappeler qu'en 2020, le lobby européen des industries du jouet avait réalisé une enquête identique auprès des plateformes Amazon, eBay, Aliexpress et Wish. Sa conclusion : 97 % des jouets achetés ne respectaient pas les législations européennes en matière de sécurité.

Peu de plaintes au Québec

Au Québec, l’Office de la protection du consommateur a reçu six plaintes au sujet de Temu en deux ans. C’est un nombre qui n’est pas tellement élevé, affirme son porte-parole, Charles Tanguay.

Les plaintes en question portent sur divers aspects, comme des colis non livrés ou volés, et, surtout, sur la difficulté de contacter le service à la clientèle lorsque des problèmes surgissent.

Option consommateurs et l’Union des consommateurs indiquent tous deux ne pas être suffisamment familiarisés avec Temu pour commenter.

Critiques et recours collectif

Au-delà de la sécurité de ses produits, Temu fait l’objet de nombreuses critiques, y compris des allégations d’espionnage.

Plus tôt cette semaine, une douzaine de plaignants américains qui avaient téléchargé l’application ont lancé un recours collectif contre Temu. Ils accusent l’entreprise d'avoir volé leurs données personnelles à l’aide de logiciels malveillants.

Il y a un peu moins d’un an, le réseau CNN avait d’ailleurs révélé que la société mère de Temu, PDD Holdings, avait espionné des usagers d’une autre de ses plateformes, Pinduoduo, en mettant au point des systèmes malveillants capables d’avoir accès aux messages privés des usagers et de surveiller leurs activités sur d’autres applications.

Si je comprends bien leur modèle d'affaires, ils vendent à perte et font de l'argent sur les données des consommateurs, mentionne Charles de Brabant, directeur général de l'École Bensadoun de commerce au détail de l'Université McGill.

Un rapport du Congrès américain a par ailleurs prévenu, l’année dernière, qu’il existait des risques élevés que Temu ait recours à du travail forcé dans sa chaîne de production.

Malgré tout, cette plateforme obtient un succès indéniable et a même été la recherche la plus populaire de l'année dernière sur Google au Québec.

Des jeux qui créent une dépendance

Véritable adepte de cette plateforme, la retraitée montréalaise Chantal Paré a dû y effectuer environ 60 commandes en un peu moins d'un an, pour un montant moyen de 40 ou 50 $.

Ils sont honnêtes, ce sont de bons produits et ils m’ont [fait économiser] beaucoup d’argent, se réjouit-elle.

Son seul reproche à la plateforme : la dépendance que créent ses jeux électroniques Fishland et Farmland, qui permettent d’obtenir des commandes gratuites. Non seulement celles-ci deviennent de plus en plus difficiles à obtenir, mais ces jeux deviennent rapidement obsédants, selon Mme Paré.

Au début, ce n’était pas une charge, mais c’est devenu un fardeau, raconte-t-elle, ajoutant qu’elle y pensait constamment, même quand elle promenait son chat à l’extérieur.

Le professeur de Brabant ajoute qu'une des forces de Temu est son interface, qui propose certains articles à bas prix, mais pendant seulement quelques minutes.

Ce qu'ils font très bien en Chine, c'est qu'ils intègrent du gaming dans tout ce qu'ils font, ainsi que des ventes ultra-rapides qui permettent de dire : "Si vous n'achetez pas dans les minutes qui suivent, vous n'allez pas être capable d'avoir ce produit."

Chantal Paré, elle, a cessé de jouer aux jeux en ligne de Temu parce que cela lui prenait trop de son temps. Cependant, elle prévoit continuer à passer des commandes sur cette plateforme.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.