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Les Jeux d’hiver de l’Arctique : un investissement qui rapporte

Le drapeau des Jeux de l'Arctique 2024.

Tous les deux ans, 2000 athlètes et délégués des régions circumpolaires se rencontrent pour des compétitions sportives.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Présentant une facture d’environ 10 millions de dollars (en plus des investissements des délégations), les Jeux d’hiver de l'Arctique (JHA), auxquels prennent part quelque 1800 athlètes et délégués dans la vallée de Mat-Su, en Alaska, représentent un investissement important. Or, selon des participants et des observateurs, les retombées vont au-delà des simples considérations financières.

L’arbitre en chef du tournoi de badminton, Yves Côté, a maintes fois constaté au fil des championnats internationaux et des Jeux olympiques dans lesquels il a été impliqué combien ces jeux sont essentiels au développement du talent sportif.

Yves Côté regarde la caméra au site des compétitions de badminton le 12 mars 2024.

Yves Côté a voyagé de la Gaspésie, au Québec, à la vallée de Mat-Su, en Alaska, pour agir à titre d'arbitre en chef du tournoi de badminton.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

J’adore [les JHA] parce que, comme toutes les compétitions de moins grande envergure, c’est le développement, et on sait jamais qui va arriver où et quand, dit-il. L’an passé, j’étais aux Jeux d'hiver du Canada, à Charlottetown, et un des plus cotés dans les hommes en simple, c’est un joueur du Yukon, alors ça peut venir de n’importe où.

Un record de vitesse qui a du poids

La patineuse de vitesse Akutaq Williamson Bathory, d’Iqaluit, l’a bien démontré cette semaine en battant le record de vitesse établi aux jeux de 2006 dans la compétition du 500 mètres du U19.

Akutaq Williamson Bathory au centre du podium sourit aux caméras le 14 mars 2024.

Akutaq Williamson Bathory a remporté l'or dans toutes ses compétitions de patinage de vitesse lors des jeux de Mat-Su, sa dernière participation aux Jeux d'hiver de l'Arctique.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Pour son entraîneuse, Martine Dupont, c’est le genre d’exemple qui encourage ensuite les plus jeunes à s’investir dans le sport, puisque les exploits de l’athlète, rappelle-t-elle, sont le fruit de très nombreuses années de travail.

Elle explique qu'au Nunavut, où le prix d'un billet d’avion entre certaines communautés et la capitale peut atteindre 10 000 $, les voyages ne sont tout simplement pas accessibles, particulièrement pour participer à une compétition sportive.

Les JHA permettent aux jeunes de découvrir le monde, d'aller découvrir d’autres cultures qui sont similaires à la tienne, explique-t-elle.

Ça donne [aux jeunes] un incitatif à s’investir dans des choses positives [et] un mode de vie sain, [dans] un groupe qui veut leur bien, qui est positif pour eux, qui les amène à se dépasser [et dans lequel] si tu t'investis à 100 %, tu vas peut-être [...] être sélectionné pour aller représenter ton territoire.

Une citation de Martine Dupont, entraîneuse au patin de vitesse, Équipe Nunavut

Le député fédéral du Yukon, Brendan Hanley, qui assiste aux compétitions à titre de parent, croit aussi que l’événement dépasse la simple idée de la facture salée. L’ancien médecin hygiéniste en chef compare les Jeux à la construction d’infrastructures en santé mentale et physique.

Le coût est certainement un enjeu, mais je dois dire que l'impact [est important et] à long terme, non seulement pour la Municipalité hôte, mais surtout pour voir les jeunes enthousiastes et engagés en faisant la promotion de la forme physique, du sport, des activités culturelles, de la participation, de l’esprit d’équipe... Il y a tellement de valeurs!

Un athlète en raquettes est à plat ventre avec son arme lors d'une compétition le 11 mars 2024.

Le biathlon à raquette est l'une des 20 disciplines sportives présentées aux Jeux d'hiver de l'Arctique.

Photo : Radio-Canada / Cheryl Kawaja

Pour l’athlète olympique Jean Paquet, entraîneur de biathlon pour l'équipe de l’Alaska, ce sont les athlètes des communautés qui lui apportent beaucoup.

C’est vraiment le fun, parce qu'en général, les jeunes qui sont dans les villages n’ont pas les ressources que moi j’ai connues avec les athlètes qui sont plus proches d’une grande ville. On sent vraiment que quand tu leur donnes des conseils, ils écoutent plus, ils sont intéressés, ils sont comme des petites lumières, et c’est le fun de retourner à la base; on a l’impression qu’on contribue un peu plus.

Selon Yves Côté, il n'y a pas que les athlètes qui profitent d’un développement dans le cadre des jeux, mais aussi les arbitres, les juges de ligne ou tout autre officiel impliqué dans ces compétitions.

On ne peut pas passer à côté, on ne peut pas dire : "Vous êtes éloignés, donc on ne s'occupera pas de vous." Erreur fondamentale.

Une citation de Yves Côté, arbitre en chef au badminton

Il ajoute qu’un des meilleurs arbitres de badminton au pays qu’il connaît vient de Whitehorse. Si je l'avais laissé faire, on l'aurait pas eu, nous autres, fait-il remarquer. C'est là une preuve qu’il faut investir dans le sport amateur des régions isolées, dit-il.

Un match de badminton entre deux jeunes athlètes surpervisés par un arbitre, le 12 mars 2024.

Les compétitions de badminton attirent de nombreux athlètes de régions plus isolées.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Martine Dupont renchérit : Si on veut que les activités, les sports et le culturel soient entrepris par les leaders locaux, il faut les conditionner à un âge jeune pour avoir les exemples, pour qu'ils se voient aussi être les prochains entraîneurs ou les prochains leaders de ces groupes-là. C’est important de leur montrer l’exemple, que ça peut être le fun, aussi, d'être un entraîneur ou un accompagnateur et de s’impliquer dans ta communauté.

Son fils et athlète de patin de vitesse, William Pothier, compte bien emprunter les pas de sa mère. Âgé de 17 ans, il prendra part pour une dernière fois à ces jeux à titre d’athlète, mais il souhaite poursuivre dans d’autres rôles, comme entraîneur ou officiel.

William Pothier sourit à la caméra le 14 mars 2024.

William Pothier de l'équipe de patin de vitesse du Nunavut souhaite s'impliquer à titre d'entraîneur dans le futur.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Les Jeux, explique-t-il, lui ont permis d’avoir un objectif pendant son adolescence : celui de retourner vivre l’expérience des JHA.

Je sais qu'il y a plein de personnes qui ont fait [en sorte] que c’est possible que moi et mes coéquipiers, on puisse se rendre où on est aujourd’hui, et ces gens-là étaient tous bénévoles; personne n’était payé, et je veux redonner ce qui m’a été donné à la prochaine génération.

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