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Budget fédéral : des Canadiens fortunés devront payer plus

Justin Trudeau (au centre) rencontre des charpentiers avant de parler de nouvelles solutions en matière de logement au centre de formation CCAT à Woodbridge, en Ontario, le vendredi 12 avril 2024.

Le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé plus de 18 milliards de dollars d'argent neuf dans son opération de communication prébudgétaire.

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Les Canadiens les plus riches sont dans la mire du gouvernement Trudeau. Selon les informations obtenues par Radio-Canada, le budget que présentera mardi la ministre des Finances, Chrystia Freeland, vise à aller chercher de nouvelles sources de revenus auprès des plus fortunés.

Les détails de cette mesure doivent être dévoilés mardi, mais en coulisses, plusieurs libéraux nous disent qu'ils veulent s’assurer que les plus riches paient leur juste part. D’après nos sources, un petit nombre de particuliers seraient ciblés.

Les Canadiens fortunés seront imposés davantage.

Une citation de Une source libérale haut placée

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Trudeau vise les plus nantis. Dans le budget de l’an dernier, Ottawa avait relevé le taux de l’impôt minimum de remplacement et avait limité davantage le recours excessif aux avantages fiscaux.

Ces changements, entrés en vigueur en 2024, visaient à serrer la vis aux Canadiens qui gagnent plus de 300 000 $ par année et à générer trois milliards de dollars en revenus supplémentaires sur cinq ans.

Budget fédéral 2024

Consulter le dossier complet

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, est vue lors d'une conférence de presse, à Ottawa, le mardi 5 décembre 2023.

Selon l’économiste indépendant Jean-Pierre Aubry, le gouvernement a besoin d’envoyer un signal comme quoi il gère bien et respecte les contraintes budgétaires, et ça peut impliquer, surtout avec la propension des libéraux à dépenser, de taxer plus. Il estime que le ministère des Finances tentera de cibler les gens qui sont tout en haut de l'échelle.

En plus des particuliers, des mesures touchant la fiscalité des grandes entreprises sont aussi attendues dans le budget de mardi, selon une source libérale haut placée.

Un budget écrit à l’encre orange

En coulisses, les néo-démocrates se vantent d’avoir influencé le mode de pensée libéral en vue du budget. L’idée d’augmenter les impôts des grandes entreprises a beaucoup circulé à la table de gestion de l’entente entre libéraux et néo-démocrates au cours des derniers mois, confie une source au courant des discussions.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) revendique depuis longtemps une taxe sur les profits excessifs des grandes compagnies pétrolières, gazières et d’alimentation, comme celle qui existe déjà pour les grandes banques. Impossible de savoir si cette idée précise a été retenue.

Jagmeet Singh.

Jagmeet Singh a demandé lors d'une conférence de presse, le 1er avril dernier, que le gouvernement finance un programme national de repas scolaires.

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Si on veut une société plus équitable, il faut également mettre à profit la marge de manœuvre fiscale des entreprises, confie une source néo-démocrate. Par exemple, le taux d'imposition sur le revenu des sociétés est maintenant à 15 %. Il a déjà atteint 22 % sous les conservateurs de Stephen Harper.

On pourrait combler la moitié de l’écart graduellement au cours des prochaines années. Si on atteint 18 %, ça veut dire neuf milliards de dollars de plus dans les coffres de l'État. Ça aussi, ça fait partie d’une société plus équitable, estime cette source du NPD.

Toutefois, du côté libéral, on souligne qu’une telle augmentation d’impôt pourrait avoir des effets négatifs dans le contexte économique actuel.

Il faut faire attention de ne pas nuire à la concurrence ni au climat d’investissement. On est en compétition mondiale pour attirer des entreprises ici, il faut être conscient de ce facteur, souligne cette source libérale.

Des mesures qui sembleraient coercitives pour les grandes entreprises pourraient nuire à l’attraction des investissements ici. Selon l’économiste Jean-Pierre Aubry, le gouvernement doit être très prudent s’il s’engage sur cette voie.

Il y a un risque encore plus élevé de perdre, à long terme, des investissements. Il va falloir qu'il fasse très attention, parce qu’il y a beaucoup de place sur notre planète où les gens peuvent aller investir, explique M. Aubry.

Une pluie de dépenses

Jusqu’à maintenant, dans les dernières semaines avant le budget, les libéraux fédéraux ont surtout expliqué comment ils allaient augmenter leurs dépenses lors d'une série d’annonces sur les garderies, le logement ou encore l’alimentation en milieu scolaire.

Le gouvernement Trudeau a notamment promis d’investir 6 milliards de dollars dans les infrastructures municipales pour soutenir la construction de logements ou encore 1 milliard sur cinq ans pour fournir des repas (Nouvelle fenêtre) à 400 000 enfants dès la prochaine rentrée scolaire.

Au total, plus de 18 milliards de dollars d’argent neuf ont été annoncés dans le contexte de cette opération d'« effeuillage » du budget.

Chrystia Freeland participe à une conférence de presse pour annoncer un nouveau fonds pour la santé mentale des jeunes au Théâtre de la Presse nationale à Ottawa, le mardi 9 avril 2024.

La ministre Chrystia Freeland a exclu de hausser les impôts de la classe moyenne.

Photo : La Presse canadienne / Patrick Doyle

Interrogé vendredi en point de presse sur l'idée de taxer les plus riches, Justin Trudeau n’a pas voulu s'engager sans pour autant lui fermer la porte.

Le premier ministre a indiqué que le budget vise à créer une équité dans l’économie pour toutes les générations, rappelant que les jeunes ne voyaient pas leur avenir avec les mêmes occasions [et les même] possibilités que la génération de [leurs] parents et de [leurs] grand-parents. Augmenter le taux d'imposition des plus nantis pourrait être vu comme une façon de s’attaquer à cette iniquité générationnelle.

La semaine dernière, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a exclu de hausser les impôts de la classe moyenne. Nous restons absolument déterminés à être là pour les travailleurs canadiens de la classe moyenne et nous n'augmenterons pas leurs impôts, a déclaré la ministre le 9 avril.

Toutefois, Mme Freeland n’avait pas voulu préciser si les entreprises ou les riches bénéficieraient du même traitement.

Au-delà des taxes ou des impôts, Jean-Pierre Aubry croit que le gouvernement libéral doit s’attaquer au contrôle des dépenses. La réputation des libéraux est loin d'être bonne. On dépense beaucoup. On gère mal et on pourrait être beaucoup plus efficace, souligne-t-il sans détour.

L’économiste s’inquiète de voir Ottawa dépenser dans les champs de compétence provinciaux au moment où le contexte budgétaire est serré. Le directeur parlementaire du budget prévoit d’ailleurs un déficit plus élevé que prévu.

Le 11 avril dernier, une note de la Banque Royale du Canada a prévenu que le Canada était plus exposé à une décote que les autres pays de la même catégorie. Bien que le Canada affiche une excellente cote de risque souverain une semaine avant le dépôt du budget, les paramètres clés indiquent que sa situation budgétaire est une des plus vulnérables par rapport aux autres économies cotées AAA, peut-on lire dans la publication de l’économiste Rachel Battaglia.

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