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Vers un traité international : la pollution plastique en chiffres

Un gros robinet déverse un flot de bouteilles, de contenants et d'emballages en plastique.

Une sculpture de l'artiste canadien Benjamin Von Wong est exposée non loin du centre qui accueille la quatrième ronde de négociations du traité international sur la pollution plastique, à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Les représentants de 176 pays sont plongés depuis mardi dans la quatrième ronde de négociations en vue de l'élaboration d'un traité international contre la pollution plastique. Portrait en chiffres de cette crise qui exacerbe les changements climatiques et contribue au déclin de la biodiversité.

Depuis les années 1950, la production annuelle de plastiques sur le globe a explosé. Malgré la mise en place de solutions pour endiguer cette fulgurante progression, comme le recyclage et les substituts de plastiques biodégradables, cette production continue d'augmenter.

De 2 millions de tonnes de plastiques produites en 1950, l'humanité est passée à une moyenne de 400 millions de tonnes annuellement. De 2000 à 2019, la production mondiale a plus que doublé pour atteindre 460 millions de tonnes, avant d'être momentanément ralentie par la pandémie de COVID-19.

Selon les projections, si aucune mesure majeure n'est prise pour endiguer la demande pour les matières plastiques, revoir leur fabrication afin de les rendre plus durables et améliorer leur traitement, l'utilisation et la production de déchets plastiques devraient pratiquement tripler d'ici 2060.

L'ennemi plastique

Consulter le dossier complet

Des matériaux plastiques recyclables  dans une décharge.

La croissance la plus forte risque d'être observée dans les économies émergentes d'Asie et d'Afrique subsaharienne.

D'après les calculs de l'OCDE, les deux tiers des déchets plastiques proviendraient de produits dont les consommateurs ont tendance à se départir rapidement, comme les emballages, les textiles et les objets à bas prix.

Une part insuffisante de déchets recyclés

Si les moyens pour diminuer la pollution plastique font l'objet de vifs débats depuis la toute première séance de négociations, en novembre 2022, la plupart des pays s'entendent pour dire qu'il faut remédier au problème de gestion des déchets plastiques.

Seulement 9 % des matières plastiques sont considérées comme convenablement recyclées dans le monde.

En réalité, 15 % des déchets sont collectés dans le but d'être recyclés, mais 40 % d'entre eux – près de 22 millions de tonnes – se perdent en cours de route et finissent à l'incinération, à la décharge et dans l'environnement, note l'OCDE dans un rapport de 2022.

Une fois jetés, la plupart des déchets plastiques se retrouvent au site d'enfouissement (49 %) ou sont incinérés (19 %). Un peu plus de 20 % des matières ne sont pas prises en charge ou sont mal gérées.

Les projections à l'horizon 2060 indiquent que la part de déchets incinérés et envoyés à la décharge devrait demeurer sensiblement la même qu'en 2019. Le recyclage pourrait quant à lui progresser pour atteindre 17 % des matières plastiques, tandis que la part des déchets qui échappent à tout contrôle devrait diminuer à environ 15 %.

Au cours des prochaines années, la quantité de plastiques produits à partir de matières recyclées, dits secondaires, risque d'augmenter davantage que celle issue de la production primaire, qui a recours aux énergies fossiles, comme le pétrole et le gaz. Ce dernier type de plastique ne devrait représenter que 12 % de la production totale en 2060, selon les projections de l'OCDE.

Malgré l'augmentation notable des plastiques recyclés introduits sur le marché depuis le début des années 2000, cette production demeure infime lorsqu'on la compare aux plastiques vierges, dont la quantité a doublé durant la même période.

En 2019, les plastiques recyclés ne représentaient que 6 % de la production.

À l'instar de la moyenne mondiale, le Canada envoie au recyclage moins de 10 % des matières plastiques rejetées.

Plus de 80 % de ces déchets sont enfouis, mais d'importantes quantités de matières sont expédiées aux quatre coins du globe pour y être traitées.

En 2023, le Canada, qui a généré 4,4 millions de tonnes de déchets plastiques, a ainsi fait transiter plus de 200 millions de kilogrammes de déchets, rognures et débris de plastiques hors de ses frontières, dont la majeure partie (88 %) aux États-Unis. D'autres matières ont pris le chemin de l'Inde et de la Malaisie.

Le gouvernement canadien s'est engagé à atteindre un objectif de zéro déchet de plastique d’ici 2030, en favorisant une économie circulaire où les produits sont récupérés et revalorisés au lieu d'être rejetés dans l'environnement. Le fédéral a en outre adopté un règlement pour interdire les articles de plastique à usage unique, règlement que le gouvernement défend devant les tribunaux.

À la veille du début des négociations à Ottawa, le ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé la création d’un registre fédéral sur les plastiques pour contraindre les producteurs à faire le suivi de leurs produits durant tout leur cycle de vie.

Déchets flottants dans l'océan

Les déchets plastiques sont nombreux à finir dans les écosystèmes aquatiques. Chaque année, de 19 à 23 millions de tonnes de ces déchets polluent les rivières, les lacs et les océans, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement.

C'est pourquoi les négociations du traité international sur le plastique consacrent une attention particulière à tout le travail qui doit être mené pour freiner la propagation des déchets en milieu marin.

Environ 1000 cours d'eau contribuent à transporter les déchets plastiques de l'intérieur des terres vers la mer.

À eux seuls, ils sont responsables de près de 80 % des émissions annuelles mondiales de plastique dans les océans, selon une étude de 2021, qui exclut le transport de microplastiques.

Les petits cours d'eau urbains figurent parmi les sources les plus polluantes.

Les Philippines sont en tête de liste des États qui alimentent le déversement de matières plastiques en milieu marin. Chaque année, le pays produit 2,7 millions de tonnes de déchets plastiques, dont 500 000 tonnes se retrouvent dans les mers et les océans.

Comme une bonne partie de ces plastiques sont moins denses que l'eau, ils finissent par flotter à la surface. Dans le Pacifique Nord, des débris de plastiques se sont ainsi assemblés pour former une île de déchets à la dérive qui mettent des dizaines d'années à se décomposer.

D'après une analyse des déchets plastiques récoltés à la surface dans le gyre subtropical du Pacifique Nord par les chercheurs de The Ocean Cleanup en 2022, de 75 à 86 % des débris de plus de 5 cm étaient issus des activités de l'industrie de la pêche.

Le plus ancien objet identifié dans l'étude était une bouée datant de 1966.

Avec la collaboration de Mélanie Meloche-Holubowski

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