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Au N.-B., les policiers ne se déplacent plus pour les vols d’essence

La main d'une femme sur une pompe à essence.

Les policiers du N.-B. se rendront sur les lieux d’un vol de carburant seulement si la sécurité du public est menacée.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Les policiers du Nouveau-Brunswick ne se rendent plus dans les stations-service pour un vol d'essence, en raison du peu de succès des enquêtes qui mènent à des accusations. Cette décision crée un malaise chez des détaillants qui voient une augmentation des vols d’essence, devant des prix à la pompe qui ne cessent d'augmenter.

L’Association des chefs de police du Nouveau-Brunswick (ACPNB) a envoyé un avis le 15 mars à l'industrie de la vente au détail de carburant l'informant qu’à compter du 15 avril, les services policiers ne seraient dépêchés que si l’incident constitue une menace immédiate à la sécurité du public.

Un an avant cela, le ministère de la Justice avait fortement suggéré aux revendeurs de mettre en œuvre le prépaiement du carburant.

À Caraquet, la gérante du dépanneur Needs note que les vols ont augmenté dans le dernier mois. Avec la hausse de gaz en ce moment, veut, veut pas, le coût de la vie a augmenté, on a de plus en plus de vols de gaz, dit Ryenne Pietrocupa.

Une dame en entrevue dans un dépanneur.

Ryenne Pietrocupa, gérante du dépanneur Needs de Caraquet.

Photo : Radio-Canada

Avant, c’était à peu près une fois par semaine, là, c’est cinq à six fois par semaine. C’est pas des petits montants, ça peut aller jusqu’à 100 $.

À Tracadie, la gérante de la station-service Taylor Petroleum, Martine Losier, est aussi inquiète. On ne fait pas beaucoup de profits sur les ventes de gaz, c’est sûr qu’on va faire des pertes avec ça.

Elle trouve désolant de voir que les policiers ne répondront plus à une plainte pour un vol d’essence, sauf en cas de danger.

Au niveau de la société, ça envoie un message comme que, dans le fond, c’est pas si grave que ça, lance-t-elle.

Trop d’enquêtes pour peu de résultats

L’ACPNB indique que le nombre de vols a augmenté de façon constante au cours des dernières années. De 2020 à 2023, les policiers des forces municipales et de la GRC ont reçu plus de 5200 plaintes pour vol de carburant.

Une station-service à quatre pompes.

La gérante du dépanneur Needs de Caraquet voit une augmentation de vols de carburant.

Photo : Radio-Canada

Le taux d’élucidation de ces dossiers est d’environ 6 %, ce qui signifie que seulement 6 % de ces plaintes ont donné lieu à des poursuites, précise Sonya Gilks, porte-parole de l'ACPNB, en expliquant que les preuves n’étaient pas suffisantes dans la plupart des cas.

Envoyer un policier ou une policière pour faire une enquête sur vol d'essence, un acte criminel qui est complètement évitable, ça ne nous fait pas de sens.

Une citation de Martin Gaudet, chef de la force policière de Fredericton

Martin Gaudet, chef de la force policière de Fredericton, est d’avis que ces enquêtes sont laborieuses, pour le peu de résultats.

Trouver [le suspect], chercher une déclaration du préposé, ensuite le préposé a besoin de présenter en cour quelques mois plus tard, c’est pas une bonne utilisation du système juridique, ou d’un service de police, lorsque c'est un crime qui est complètement évitable, dit-il.

L’ACPNB estime que les policiers ont consacré plus de 18 000 heures à enquêter sur les plaintes de vols de carburant.

Payer avant de remplir

L’association recommande donc aux détaillants d’évaluer d'autres options qui impliquent un prépaiement à la pompe, ou encore à un préposé à la caisse.

La Colombie-Britannique et l'Alberta disposent d'une loi qui oblige le prépaiement avant de se servir à la pompe. L'Ontario songerait à faire de même. Dans ces deux provinces, les vols de carburant ont été pratiquement éradiqués, souligne Sonya Gilks.

Le chef de police Matin Gaudet croit que c'est le temps de se mettre à jour.

On a toute une responsabilité ici dans la province par apport à la sécurité publique et l’utilisation des services d’urgence et lorsqu’on voit une opportunité comme ça pour dire : ''là c’est le temps de changer la façon qu’on pense''.

À cela, les gérantes de stations-service rencontrées répondent que ces systèmes coûtent cher.

Les commerces vont avoir à trouver des solutions pour contrer ça, peut-être faire payer les clients à l'avance, ce qui peut être problématique quand on sait pas combien un fuel va te coûter, dit Martine Losier.

Une dame en entrevue dans un dépanneur.

Martine Losier, gérante de la station-service Taylor Petroleum à Tracadie.

Photo : Radio-Canada

La gérante du dépanneur Needs à Caraquet trouve qu’il est difficile d’assurer une surveillance continue des pompes, surtout depuis cette décision des forces policières. Elle se sent laissée à elle-même.

Ça nous cause des problèmes, car il faut tout le temps que je surveille pour m’assurer que le monde ne part pas sans payer leur gaz, dit Ryenne Pietrocupa.

L'Association des chefs de police du Nouveau-Brunswick précise qu’il sera toujours possible pour les détaillants de signaler les vols de carburant aux forces policières qui proposent un service de déclaration en ligne.

Avec les informations de Réal Fradette, Rémi Frenette et de l'émission La matinale

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