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Après une forte croissance, le secteur des microdistilleries en arrache au Québec

Des bouteilles de spiritueux dans un rayon de la Société des alcools du Québec.

Plus de 70 vodkas et 200 gins distillés au Québec étaient proposés à la Société des alcools du Québec (SAQ) en 2022. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

La Presse canadienne

Après avoir connu une forte croissance au cours de la dernière décennie, le secteur des microdistilleries en arrache actuellement au Québec.

Le nombre de microdistilleries est passé d'une dizaine à environ 70 au cours des 10 dernières années.

Toutefois, signe des nuages qui s'accumulent au-dessus de leur tête, la Société des alcools du Québec (SAQ) a décidé de retirer jusqu'à 200 de leurs produits de ses tablettes d'ici l'hiver 2025. À l'heure actuelle, la chaîne vend environ 600 boissons spiritueuses québécoises.

L'espace que ces produits occupent sur nos tablettes sera libéré pour faire place à des articles que les clients réclament. Ces articles peinent à trouver une place dans un choix très grand de produits.

Une citation de Extrait d'un courriel de la SAQ

La SAQ dit collaborer avec l'Union québécoise des microdistilleries afin de mettre en œuvre de nouvelles règles au cours des prochains mois.

Les microdistilleries font face à une forte concurrence, à des règlements coûteux et à une économie difficile, mentionnent-elles.

Selon Paul Cirka, président de Distilleries Cirka, la situation à la SAQ reflète le développement rapide d'une industrie qui ne disposait pas de plus d'espace en rayon et qui n'avait pratiquement pas d'autres possibilités pour vendre ses produits. Certains producteurs « bombardaient » la SAQ de leurs produits et celle-ci les plaçait sans discrimination sur ses tablettes pour voir ceux qui plaisaient aux clients.

Les méthodes de la SAQ dénoncées

La SAQ a créé ce problème jusqu'à un certain degré. Elle ne sait plus comment gérer ce problème parce qu'elle n'a personne qui analyse la situation, soutient-il. M. Cirka craint que le manque de vision de la SAQ puisse entraîner l'élimination d'un produit prometteur parce que celui-ci n'aurait pas eu une visibilité ou une publicité suffisantes.

Même si les distilleries peuvent vendre directement leurs produits dans leurs installations – la seule autre façon permise –, elles doivent remettre environ la moitié du prix de la vente à la SAQ, sans compter les taxes. En tout, c'est une somme beaucoup plus élevée que ce que les autres provinces demandent à leurs petites entreprises.

S'ils retirent des produits de leurs rayons et que ces produits peuvent être vendus dans votre distillerie, il n'y a pas de raison pour que la SAQ perçoive la prime, souligne M. Cirka, dont la distillerie produit du gin, du whisky et de la vodka qui sont vendus à la SAQ.

Samuel Gaudette, cofondateur de la Distillerie Comont, en Estrie, affirme que la SAQ a commis une erreur en ne réglementant pas dès le départ les produits qu'elle garde en stock.

Il croit que le retrait de produits sans laisser aux producteurs un autre espace pour les vendre étouffera assurément les plus petits joueurs, particulièrement ceux qui viennent de démarrer. Il ajoute que cette décision nuira à la créativité.

En retirant des produits plus spécialisés qui se vendent nécessairement moins, la SAQ envoie aux distillateurs un message simple : la société d'État recherche des produits de masse pour maximiser ses ventes et pour satisfaire sa clientèle en général, écrit M. Gaudette dans un courriel.

Joëlle Bolduc, copropriétaire de la microdistillerie Les Esprits tordus, à L'Assomption, dans Lanaudière, fait preuve d'un optimisme prudent quant aux ambitions de la SAQ de faire preuve de plus de discernement dans le choix des produits à proposer à sa clientèle.

Il y a des distilleries qui proposent six sortes différentes de gin. A-t-on vraiment besoin d'autant de gins d'une seule distillerie? Et au-delà de ça, a-t-on vraiment besoin de 300 sortes de gin au Québec?

Une citation de Joëlle Bolduc, copropriétaire de la microdistillerie Les Esprits tordus

Et même si la SAQ s'ajuste, cela ne réglera pas les problèmes des microdistilleries, selon elle.

Elle constate que plusieurs distilleries bien connues ont fermé leurs portes ou se sont placées sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers au cours de la dernière année. Elle en attribue les causes à la pandémie de COVID-19, au ralentissement économique, au nombre croissant d'entreprises et au modèle de vente très restrictif au Québec.

Mme Bolduc signale qu'elle doit remettre la moitié de ses ventes à la SAQ même si celle-ci n'entrepose pas ses bouteilles. Nous vendons seulement nos produits à la distillerie, mais je dois remettre 52 % du prix de vente à la SAQ même si elle ne m'a pas offert un service de mise en marché.

Selon les trois distillateurs rencontrés, la façon la plus facile d'aider les microdistilleries consisterait à leur donner une plus grande liberté pour vendre leurs produits, notamment aux restaurateurs, dans les marchés publics ou en ligne. Ils croient aussi que la remise à la SAQ devrait être baissée pour les bouteilles vendues sans son aide.

De son côté, la SAQ dit qu'elle examine la possibilité de mettre en place des canaux alternatifs pour la vente de produits, sans plus de précisions.

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