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La France dit NON à la Constitution

Radio-Canada

Le président Jacques Chirac dit prendre acte de la « décision souveraine » des Français, qui ont rejeté à près de 55 % le projet de traité constitutionnel européen.

Les Français ont rejeté à près de 55 % le projet de traité constitutionnel européen soumis à un référendum, dimanche, infligeant un cuisant échec à la classe politique française et ouvrant une crise majeure en Europe.

Selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur, 54,87 % des Français ont voté NON, contre 45,13 % pour le OUI. La France, un des pays fondateurs de l'Union européenne (UE), devient ainsi le premier pays européen à rejeter le traité constitutionnel.

Les Français se sont rendus massivement aux urnes. Selon les instituts de sondage, le taux de participation s'établit à environ 70 %, ce qui est aussi élevé que lors du référendum sur le traité de Maastricht, en 1992.

Cuisant revers pour la classe politique française

S'exprimant solennellement à l'Elysée, le président Jacques Chirac a dit prendre acte de la « décision souveraine » des Français, promettant une « impulsion nouvelle et forte » pour répondre à leurs inquiétudes.

Le chef de l'État a confirmé un changement de gouvernement dans les prochains jours, mais sans donner plus de précisions. Dans un communiqué, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui bat actuellement des records d'impopularité, s'est engagé à soutenir les orientations que Jacques Chirac fixera pour la France.

Trois noms circulent pour la succession de M. Raffarin à Matignon: le favori est le ministre chiraquien de l'Intérieur Dominique de Villepin, devant sa collègue de la Défense Michèle Alliot-Marie. Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, est lui aussi pressenti.

Mais des voix se sont élevées pour demander davantage qu'un simple remaniement gouvernemental. Le souverainiste de droite Philippe de Villiers, le président du Front national Jean-Marie Le Pen, et le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon ont réclamé la démission de Jacques Chirac.

Nicolas Sarkozy, qui ne cache pas son ambition de succéder à Jacques Chirac dans moins de deux ans, a lui aussi fait monter la pression sur l'Elysée. Le président de l'UMP a réclamé « un tournant majeur » dans la politique gouvernementale.

Jack Lang, le porte-parole de la campagne du Parti socialiste, a estimé quant à lui que le NON des Français était l'expression d'une « rage » à l'égard du pouvoir politique incarné par Jacques Chirac.

La victoire du NON sera également lourde de conséquences au Parti socialiste. Le premier secrétaire François Hollande, qui a fait campagne pour le OUI, sort fragilisé de cette campagne, tandis que Laurent Fabius, qui s'est imposé comme le chef du NON, est en position de force pour la présidentielle de 2007.

Crise majeure en Europe

La France est le premier État membre de l'UE à rejeter le traité constitutionnel, ce qui pourrait entraîner d'autres pays dans son sillage. Malgré ce résultat, les dirigeants de l'Union européenne se sont engagés à poursuivre le processus de ratification de la Constitution européenne.

Les présidents des trois institutions européennes ont tenu à afficher leur unité en publiant une déclaration commune au Parlement, à la Commission et au Conseil des ministres de l'UE. « Nous regrettons ce choix venant de la part d'un État membre qui est depuis 50 ans l'un des moteurs essentiels de la construction de notre avenir commun », peut-on lire dans le texte signé par Josep Borrell, José Manuel Durao Barroso et le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Mais le NON français pose au reste de l'UE un problème redoutable car aucun « plan B » n'a été officiellement envisagé pendant tout le débat référendaire. Seule une déclaration en annexe du traité stipule que si « un ou plusieurs États membres ont rencontré des difficultés » pour procéder à la ratification au 29 octobre 2006, le Conseil européen « se saisit de la question ».

Réagissant aux résultats du référendum français, le Royaume-Uni ne s'est pas clairement engagé à maintenir le référendum sur le traité constitutionnel qu'il doit théoriquement soumettre à sa population au début 2006.

Aux Pays-Bas, les citoyens doivent se prononcer mercredi prochain, alors que le camp du NON est en avance.

Jusqu'à présent, neuf États membres ont ratifié le traité signé à Rome le 29 octobre 2004. Huit d'entre eux (La Lituanie, la Hongrie, la Slovénie, l'Italie, la Grèce, la Slovaquie, l'Autriche et l'Allemagne) ont opté pour la voie parlementaire. Seule l'Espagne l'a adopté par référendum.

Le traité constitutionnel européen doit être ratifié par les Vingt-Cinq, et est appelé à entrer en vigueur au 1er novembre 2006.

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