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Irak: élections à hauts risques

Radio-Canada

Journaliste: Isabelle Montpetit

Malgré les meurtres, les attentats et les enlèvements quotidiens, malgré les menaces des porte-parole d'Al-Qaïda, malgré les appels au boycottage lancés par les dirigeants religieux sunnites, des élections générales auront lieu dimanche en Irak.

Les Irakiens éliront les 275 membres de leur assemblée nationale et les représentants de leurs 18 conseils provinciaux; les Kurdes choisiront en plus les 111 membres de leur Parlement autonome.

Le processus électoral est minutieusement détaillé dans la Loi administrative de transition, sorte de constitution provisoire élaborée après la chute de Saddam Hussein par la coalition occupante dirigée par les États-Unis.

Cependant, à cause du climat de violence qui règne dans le pays, les électeurs sont privés des informations dont ils ont besoin pour voter. Les programmes des partis sont peu connus du public. Craignant pour leur vie, presque tous les candidats ont refusé de publier leur nom. Seuls quelques-uns osent parler à la télévision ou mettre leur photo sur des affiches.

Oussama ben Laden et celui qu'il a nommé « émir » d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, ont déclaré la guerre aux élections et considèrent ceux qui y participent comme des infidèles.

Des candidats et des travailleurs aux élections ont été assassinés. Des bombes ont explosé près des bureaux de certains partis. Dans les zones les plus dangereuses, les autorités ne révéleront les lieux des bureaux de vote que peu avant le 30 janvier. Des mesures de sécurité exceptionnelles pèseront sur tout le pays pendant la période des élections.

Tensions religieuses et ethniques

En plus de l'omniprésence de la violence, les tensions croissantes entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes, font planer le spectre d'une guerre civile.

Sous Saddam Hussein, les leviers du pouvoir étaient détenus par des sunnites, même si cette communauté ne forme que 20 % de la population irakienne. Avec 60 % de la population, les chiites ont toutes les chances de remporter ces élections. Cette communauté a été récemment victime de plusieurs attentats qui ont fait des dizaines de morts.

Selon leur communauté d'appartenance, les chefs religieux émettent des messages diamétralement opposés à propos des élections.

Le Comité des oulémas musulmans, organisme religieux sunnite créé après la chute de Saddam Hussein, a appelé les sunnites à boycotter les élections. Par contre, l'ayatollah Ali Al-Sistani, dirigeant chiite très respecté, enjoint à ses fidèles d'y participer.

Quant à la minorité kurde, majoritairement sunnite, mais non-arabe, elle a pu profiter d'une certaine protection de la part des Américains et des Britanniques après la guerre du Golfe de 1991. Elle dispose notamment d'un Parlement autonome. Les Kurdes d'Irak souhaitent maintenir leur autonomie tout en participant au gouvernement central, mais craignent de perdre ces avantages.

Dans ce contexte, il est à prévoir que la participation des sunnites sera très faible. Selon un sondage effectué par le Centre irakien pour les recherches et études stratégiques, le taux de participation sera de 0 % à Ramadi, 14 % dans la province de Salaheddine, 12 % pour la région de Mossoul et 44 % à Bagdad.

Après les élections

Selon le scénario prévu par la constitution provisoire, l'assemblée nationale de transition nommera le président et les vice-présidents, qui à leur tour choisiront le premier ministre et le conseil des ministres. L'assemblée nationale s'attellera ensuite à sa tâche principale: préparer un projet de constitution, qui doit par la suite être soumis à la population par référendum. Des élections auraient ensuite lieu d'ici décembre 2005 selon les modalités de cette nouvelle constitution.

En principe toujours, si le projet de constitution est rejeté, la population devra élire une nouvelle assemblée nationale de transition, et le processus sera répété jusqu'à l'adoption de la constitution.

Déjà, de nombreux observateurs, y compris les pays voisins de l'Irak, s'inquiètent de l'exclusion des sunnites de ce processus, à cause des risques de guerre civile. Les États-Unis, le gouvernement intérimaire irakien, et même certains dirigeants chiites et kurdes, se questionnent sur des façons d'inclure, au sein de l'assemblée nationale, des sunnites qui n'y auraient pas été élus.

Qui choisir ?

Les Irakiens devront choisir une seule liste de candidats parmi les 111 qui leur sont proposées. Quelques partis ou coalitions ont volontairement inclus des candidats de toutes origines, mais la plupart des listes regroupent majoritairement des candidats de même origine ethnique ou religieuse.

Voici les principales listes qui seront soumises aux électeurs:

Les listes laïques

  • La Liste irakienne, dirigée par le premier ministre par intérim, Iyad Allaoui, un chiite, réunit 233 candidats, chiites et sunnites.
  • La liste Iraqioun (Irakiens en arabe), dirigée par le président par intérim, Ghazi Al-Yaouar, un sunnite, réunit 80 candidats, chiites et sunnites.
  • Le Parti communiste présente 275 candidats.
  • Le Rassemblement des démocrates indépendants, dirigé par Adnane Pachachi, un sunnite, présente 78 candidats.
  • Le Parti national démocrate présente 12 candidats. Son dirigeant, Naseer al-Chaderchi, un sunnite, est le fils d'un ancien militant antimonarchiste de l'époque coloniale.
  • Les listes religieuses et ethniques

  • La liste Alliance unifiée irakienne représente 22 partis chiites, notamment Dawa, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (soutenu par l'Iran) et le Congrès national irakien. Le jeune chef chiite Moqtada al-Sadr n'y est pas représenté. Cette liste réunit 228 candidats. Elle est parrainée par l'ayatollah Ali Al-Sistani, dont la photo figure sur toutes ses affiches.
  • Le Mouvement national irakien, petit parti dirigé par Hathem Mukhlis, un sunnite.
  • Le Front turcoman d'Irak représente la minorité turcomane avec 275 candidats.
  • L'Alliance du Kurdistan présente 165 candidats issus des deux principaux partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan et l'Union patriotique du Kurdistan.
  • La Coalition démocratique du Rafidaïn présente 12 candidats issus de 2 des 8 partis chrétiens.
  • Les chrétiens sont également représentés par les listes de l'Union démocratique et du Rassemblement national assyrien.
  • Le Parti islamique irakien, formation issue du groupe islamiste sunnite Les Frères musulmans a d'abord présenté 275 candidats, puis a annoncé, fin décembre, qu'il se retirait, considérant que le climat de violence n'était pas propice aux élections.
  • Comment voter ?

    C'est la Commission électorale indépendante, choisie par la coalition occupante et supervisée par les Nations unies, qui veille à l'organisation des élections.

    Les électeurs doivent voter pour une liste de candidats. Chaque liste comprend entre 12 et 275 noms placés en ordre de priorité. Les partis obtiendront un nombre de sièges proportionnel aux suffrages qu'ils ont obtenus.

    Afin de garantir que les femmes occupent le tiers des sièges à l'assemblée nationale, chaque liste doit comprendre au moins une femme parmi les trois premiers candidats, deux femmes parmi les six premiers, etc.

    Comme il n'existe pas de circonscriptions électorales, tous les Irakiens auront exactement le même bulletin de vote, quel que soit leur lieu de résidence. L'inconvénient de ce mode de scrutin, c'est que les sunnites, dont la participation risque d'être faible à cause de la violence qui règne dans les zones où ils sont majoritaires et des appels au boycottage de leurs dirigeants religieux, risquent de n'être que très peu représentés à l'assemblée nationale.

    Les listes d'électeurs ont été établies à partir des registres de distribution des rations alimentaires. Avant de pouvoir voter, chaque électeur doit présenter deux pièces d'identité, dont une avec photo.

    Irak :  les élections

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