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Yvan Cournoyer, le dernier grand Glorieux

Yvan Cournoyer, le dernier grand Glorieux

Le Roadrunner est le seul être vivant à avoir remporté 10 Coupes Stanley en tant que joueur et sera sans doute le dernier.

Un texte d' Antoine Deshaies

Publié le 2 avril 2024

À la simple évocation des funérailles de Jean Béliveau, le regard d’Yvan Cournoyer s’embue, ses yeux rougissent. L’ancien capitaine du Canadien de Montréal quitte momentanément la grande table de sa salle à manger pour aller chercher un mouchoir.

Près de 10 ans plus tard, la cicatrice n’est pas complètement refermée et ne le sera sans doute jamais. Yvan Cournoyer ne s’habitue pas à l’absence de son capitaine, comme il l’avait si émotivement décrit lors de la cérémonie en décembre 2014.

Jean Béliveau, de 13 ans son aîné, était comme un père. Les deux étaient voisins dans le vestiaire au Forum et souvent co-chambreurs sur la route.

Ç’a été dur et encore là, j’ai de la misère à en parler, confie-t-il. Je suis allé le voir une semaine avant son décès. Quand il est décédé, j’étais dans un tournoi de golf aux États-Unis. On m’a appelé à 5 heures du matin. Je n’étais plus capable de jouer. J’ai pris l’avion et je suis revenu tout de suite à Montréal.

Un homme très ému devant un lutrin.
Yvan Cournoyer ému pendant son allocution aux funérailles de Jean Béliveau le 10 décembre 2014 Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Au printemps 2022, Cournoyer a révélé se sentir bien seul quand le cancer a ravi au Québec une autre de ses plus grandes idoles, Guy Lafleur. Encore là, l’ancien numéro 12 perdait un gros morceau.

J’ai beaucoup aidé Guy quand il est arrivé de Québec, parce qu’il ne jouait pas beaucoup et que ce n'était pas facile pour lui. J’ai toujours été là pour lui comme Jean Béliveau avait été là pour moi, se rappelle-t-il. Je lui disais de ne pas changer sa manière de jouer. Guy et moi, on est toujours restés bons amis. On travaillait ensemble comme ambassadeurs du Canadien.

Un joueur de hockey avec un trophée sur ses genoux est félicité par deux coéquipiers dans le vestiaire de son équipe.
Yvan Cournoyer (à droite) et Serge Savard (à gauche) félicitent Guy Lafleur (au centre) pour avoir remporté le trophée Conn-Smythe le 14 mai 1977. Photo : La Presse canadienne / AP

Des ambassadeurs originaux nommés par le CH, il ne reste que Cournoyer et Réjean Houle. Patrice Brisebois, Vincent Damphousse, Chris Nilan et Guy Carbonneau se sont joints à eux pour former le nouveau groupe.

Il est le seul joueur vivant à avoir remporté 10 fois la Coupe Stanley. Il est l’un des derniers d’une espèce de plus en plus rare, qu’on ne verra sans doute plus jamais. Quarante-cinq ans après avoir raccroché ses patins, il replonge avec Podium dans ses souvenirs d’une glorieuse époque révolue.

Un homme sourit assis sur un fauteuil, un chat sur lui.
Yvan Cournoyer avec un de ses chats Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

Le CH tatoué sur le coeur
Le CH tatoué sur le coeur

À 80 ans, Yvan Cournoyer vit des jours heureux avec son épouse et leurs chats siamois dans leur grande maison de Blainville, maison qu’ils ont d’ailleurs fait construire il y a près de 30 ans. Il a lui-même mis la main à la pâte. L’ébéniste de cœur a assemblé plusieurs meubles et surtout des portes en bois qui semblent aussi solides que lui l’était sur ses patins.

Cournoyer aimait beaucoup travailler de ses mains, mais il a tout arrêté il y a plusieurs années et a vendu ses outils.

C'était juste un passe-temps, explique-t-il. J’aimais faire des portes pour moi, pas pour les vendre. J’ai dû arrêter parce que je refusais des contrats payants avec mon entreprise de promotion parce que je passais trop de temps à faire des meubles. J’ai dit : "Wo, je vais le faire juste pour moi."

Un homme sourit à côté d'une porte de bois.
Yvan Cournoyer pose fièrement à côté d'une porte de bois qu'il a lui-même construite. Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

La cour de sa résidence donne sur un trou normale cinq d’un parcours de golf sur lequel il joue encore quelques fois chaque semaine. Il se résigne désormais à faire son coup de départ à partir des jalons blancs, même s’il avait un handicap de deux à ses meilleures années.

J’ai eu quatre opérations dans le dos. Je suis rendu là. Le pro m’a dit que j’aurais plus de plaisir à jouer des blancs, mais je ne me rendrai pas aux rouges! J’ai perdu de la distance, mais je frappe encore pas pire, dit-il sourire en coin.

Dans son sous-sol, il s’est aménagé un cigar room, décoré de plusieurs artefacts rappelant ses années de joueur, où il reçoit ses partenaires de golf pour jouer aux cartes. On y trouve aussi une cave à vin bien garnie.

Dans l’autre pièce, il a un petit gymnase dans lequel il s’entraîne quatre ou cinq fois par semaine, à côté d’un sauna.

Yvan Cournoyer assiste à environ la moitié des matchs du Canadien au Centre Bell, assis au milieu de la foule. Il a toujours aimé le contact avec les partisans.

Les gens sont bien gentils. Les plus âgés me disent qu’ils ont grandi avec moi, moi sur la patinoire et eux, devant la télé. Ils nous remercient pour les belles années. Quand on a joué pour le Canadien, tu peux aller partout dans le monde et les gens connaissent l’équipe.

Il a encore les mains moites en regardant les matchs et les défaites ne le laissent jamais indifférent.

« Tu ne peux jamais enlever à un joueur de hockey le plaisir de jouer ou de regarder. J’ai encore le hockey en moi. Ça m’affecte quand le Canadien ne va pas bien. Je ne dors pas aussi bien, mettons. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer, gagnant de 10 Coupes Stanley avec le Canadien de Montréal

J’aime l’équipe actuelle. Martin St-Louis vient nous voir des fois au Salon des Anciens, ajoute-t-il. Il est très gentil. C’est un bon entraîneur qui va devenir encore meilleur.

Cournoyer s’est un peu revu en St-Louis, le joueur. Les deux étaient reconnus pour leur petite taille, leur combativité et leur vitesse.

Un joueur en blanc contrôle la rondelle, bien couvert par un adversaire en bleu, et tente de la remettre à un coéquipier à sa droite.
Yvan Cournoyer (à gauche) contre les Rangers à New York, en 1967 Photo : Sports Illustrated/Getty Images/James Drake

La naissance du Roadrunner
La naissance du Roadrunner

C’est à New York qu’Yvan Cournoyer a été affublé pour la première fois du surnom de Roadrunner qui l’a suivi toute sa carrière, et même longtemps après.

J’avais compté deux buts lors d’un match un samedi après-midi contre les Rangers. Le reporter du Sports Illustrated est venu me voir pour me dire que personne ne pouvait me toucher sur la glace, comme le Roadrunner, raconte-t-il. Il l’a écrit dans le journal et le surnom est resté. Tout le monde m’appelait comme ça. J’étais content et fier d’être vite sur mes patins.

C’était dans les premières des 15 années de Cournoyer avec le Canadien, parcours amorcé à Détroit à la fin novembre 1963. Le jeune homme d’à peine 20 ans, qui jouait avec le Canadien junior, avait été appelé en renfort, en raison du nombre élevé de joueurs blessés, pour affronter Gordie Howe et les Red Wings.

Henri Richard l’avait accueilli à l’hôtel de l’équipe.

« J’ai dit à Henri : "Je m’en viens vous aider." Il m’a répondu un peu surpris : "Toi, tu viens nous aider?" Je n’étais pas grand ni gros. On a gagné 7-3 et j’ai marqué le septième but. On est restés de bons amis après. Avec sa détermination, Henri était un bel exemple. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

Cournoyer a remporté 10 Coupes Stanley en 15 saisons, avec deux groupes de joueurs qui sont passés à l’histoire.

Au sein d’un noyau formé par Henri Richard, Jean Béliveau, Gilles et Jean-Claude Tremblay, Claude Provost et Ralph Backstrom, Cournoyer a remporté le championnat de la LNH cinq fois entre 1965 et 1971.

Dans une ligue qui a compté six équipes jusqu’en 1967, les probabilités mathématiques de gagner étaient fortes, mais l’adversité aussi. Cournoyer, malgré sa petite taille, a même dû se battre à quelques reprises pour gagner le respect sur la glace.

On m’assignait toujours un couvreur spécial parce que j’étais rapide. À Boston, y’avait Glen Sather. Il était toujours après moi et un jour, je lui ai dit : "OK, on va régler ça." Ç’a marché. On jouait 14 fois par année l’un contre l’autre. On ne s’aimait pas beaucoup, c’était des grosses rivalités, rappelle-t-il.

Photo en noir et blanc d'un joueur qui patine à toute vitesse vers la rondelle.
Yvan Cournoyer dans un match contre les Bruins dans les années 1970 Photo : Getty Images / NHL/Steve Babineau

L’ailier a connu les longs voyages en train à ses trois premières saisons.

C’était tellement long, le train, dit-il. On passait nos journées à lire et à jouer aux cartes. On avait notre propre wagon, avec notre propre nourriture et on était tranquilles. Les recrues devaient dormir dans les couchettes du haut.

« Le jour où j’ai obtenu le droit de dormir en bas, on a commencé à prendre l’avion. C’était pas mal mieux. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

De 1973 à 1979, Cournoyer a remporté – aux côtés de Guy Lafleur, Ken Dryden, Jacques Lemaire, Serge Savard, Réjean Houle, Guy Lapointe et Steve Shutt – cinq autres Coupes Stanley, dont quatre successives, pour conclure sa carrière.

Un homme assis dans un fauteuil sourit.
Yvan Cournoyer confortablement assis dans son salon. Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

Au Forum en motoneige
Au Forum en motoneige

Il s’est rendu à ses matchs en train, en avion et même en motoneige, quand une tempête a frappé la métropole en février 1972.

Cournoyer covoiturait habituellement avec Jacques Lemaire de l’ouest de l’île jusqu’au Forum, sauf que ce jour-là, l’autoroute 20 était complètement bloquée par la neige à Dorval.

Les deux ont fait demi-tour pour aller chercher leur motoneige Alouette, dont ils étaient les deux ambassadeurs.

On est descendus sur la 20 en motoneige, on s’est rendus sur Sainte-Catherine puis on est rentrés dans le garage en motoneige. On était arrivés dans le vestiaire et toute l’équipe était déjà là, se souvient-il. Jacques a marqué le premier but du match, moi le deuxième et on avait gagné 3-1 devant à peine 4000 spectateurs. On ne voulait surtout pas manquer la partie.

Cournoyer n’a pas oublié ce trajet, mais il admet qu’il ne se souvient pas avec précision de chaque championnat remporté par son équipe.

Il n’a toutefois pas oublié les rares échecs, comme cette finale de la Coupe Stanley au Forum en 1967 contre les Maple Leafs, la dernière victoire torontoise, est-il toujours aussi tentant de rappeler.

On ne les avait pas respectés, admet-il aujourd’hui avec candeur. On pensait qu’on allait les battre facilement parce qu’ils étaient plus vieux que nous autres.

« On s’en est servi comme exemple pour les années suivantes. C’était une bonne chose avec le recul, parce qu’on a gagné pas mal de coupes après ça. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer
Photo en noir et blanc d'un joueur de hockey qui patine avec la rondelle avec un adversaire à ses trousses.
Yvan Cournoyer pendant la finale de la Coupe Stanley de 1967, perdue par le Canadien de Montréal contre les Maple Leafs de Toronto Photo : Getty Images / Toronto Star/Frank Lennon

En 1973, notamment, Cournoyer connaît des séries du tonnerre. Il marque le but gagnant lors du sixième match de la finale contre les Blackhawks de Chicago et remporte du coup le trophée Conn-Smythe remis au joueur par excellence des séries.

Puis il y a les quatre coupes de suite de 1976 à 1979, les quatre années de son capitanat. Celle de 1976, remportée en finale contre le Flyers, a changé l’image de la Ligue nationale. Philadelphie et ses Broad Street Bullies venaient d’en gagner deux.

« Il fallait absolument gagner et les battre, sinon toutes les équipes de la ligue auraient voulu devenir comme eux, avec des durs et de la bataille. On avait l’équipe pour jouer dur, mais aussi pour bien jouer au hockey. C’était une question de fierté. On était prêts à tout. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer
Photo en noir et blanc d'un joueur de hockey qui sourit entouré de ses coéquipiers avec un trophée dans ses mains.
Yvan Cournoyer avec quelques dents en moins et la coupe Stanley au printemps 1976 Photo : Associated Press

Avant la saison, lors d’un match préparatoire, on avait emmené tous nos durs, précise-t-il. La bataille avait pogné, mais après, on avait moins de misère à les battre. Depuis ce temps-là, les Flyers n’ont jamais regagné la Coupe.

Un gardien en blanc surveille l'action devant son filet, où des joueurs en rouge sont installés.
Yvan Cournoyer (à droite) devant le filet de Vladislav Tretiak dans un match de la Série du siècle Photo : Getty Images / Sports Illustrated/Melchior DiGiacomo

Une baignade avec Tretiak
Une baignade avec Tretiak

Sur l’une des photos les plus mémorables de l’histoire canadienne, le dos d’Yvan Cournoyer et son numéro 12 sont en évidence, même si les regards sont naturellement portés sur le visage de Paul Henderson qui vient lui sauter dans les bras après avoir marqué le but décisif de la Série du siècle entre le Canada et l’Union soviétique en 1972.

En marquant le sixième but avec une trentaine de secondes à faire au huitième et dernier match, Henderson permettait au Canada de sauver la face au terme d’une série qui aura changé le hockey et la vie des participants à jamais.

On ne se rendait pas compte de l’ampleur de la série quand on était à Moscou, lance Cournoyer, 52 ans plus tard. C’est quand on est rentrés qu’on a pleinement réalisé l’impact que notre performance avait eu sur le public canadien. Avec la différence d’heures, les gens regardaient le dernier match dans les écoles. Je pense que 14 des 16 millions de Canadiens nous avaient vus gagner.

Photo en noir et blanc d'un joueur de hockey qui serre dans ses bras un coéquipier qui lève les bras en l'air.
Paul Henderson dans les bras d'Yvan Cournoyer après son but légendaire dans la Série du siècle. Photo : Getty Images / Toronto Star/Frank Lennon

Si la légende a logiquement consacré Paul Henderson comme le héros de cette victoire, Yvan Cournoyer a eu son mot à dire dans le dénouement. Il était sur la glace pour les trois derniers buts du Canada, mené 5-3 à un certain moment.

C’est d’ailleurs Cournoyer qui est parvenu à créer l’égalité 5-5, un but sans équivoque, même si le juge de but moscovite n’a jamais allumé sa lumière rouge, provoquant l’ire d’Alan Eagleson. Le président de l’Association des joueurs de la LNH s’était approché du juge de but pour lui demander des explications.

Il avait peur que les arbitres refusent le but, raconte Cournoyer. C’est là que le tumulte a commencé dans les gradins. Eagleson voulait aller voir le gars, mais les gendarmes soviétiques voulaient l’emmener à l’écart.

« C’est à ce moment que tous les joueurs, on a traversé la glace pour aller le chercher dans les gradins et le ramener sur notre banc. Tous les joueurs étaient sur le bord de la bande pour l’aider. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

Cournoyer n’avait pas peur en URSS, mais il se trouvait chanceux de vivre au Canada.

L’armée était partout, tout le temps, et on était vraiment dépaysés, souligne-t-il. Il n’y avait pas d’épicerie, les gens faisaient la file pour avoir des rations. Les seuls restaurants étaient dans les hôtels. C’est là qu’on mangeait et on avait apporté notre propre nourriture. On trouvait nos steaks petits. Peut-être que les chefs en gardaient un peu secrètement.

Deux joueurs de hockey se serrent la main.
Yvan Cournoyer et Vladimir Petrov après le premier match de la Série du siècle, le 2 septembre 1972 Photo : La Presse canadienne

Cournoyer est retourné plus tard à Moscou, seul avec son épouse, pour souligner le 25e anniversaire de la Série du siècle.

On était sur une scène devant 2000 personnes et les meilleurs chanteurs de Russie étaient là. J’ai parlé de la série en portant mon chandail de 1972. Le maire de Moscou m’a donné un chandail de l’URSS avec mon nom en alphabet cyrillique derrière, peut-être parce que je m’appelle Yvan et qu’il y a beaucoup d’Ivan en Russie. J’ai pris des photos avec les joueurs, on a reçu des bouquets de fleurs. J’ai été bien reçu, décrit-il.

Cournoyer, lui-même, a reçu un rival russe chez lui à Blainville au milieu des années 1990. Vladislav Tretiak et lui étaient attendus à Toronto pour une séance d’autographes. Tretiak était arrivé à Mirabel et avait quelques heures à écouler avant le prochain vol vers Toronto.

« J’étais allé le chercher à l’aéroport et on est revenus à la maison. Il était accompagné par sa traductrice. Il faisait beau et chaud, alors je lui ai prêté un maillot de bain rouge et il s’est baigné avec des enfants du quartier. Je n’en revenais pas d’avoir un Russe dans ma piscine! »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

On est devenus de bons amis, ajoute-t-il. La compétition était très forte pendant la série, mais après, il fallait oublier l’animosité et nos nationalités. Il commençait à oublier qu’ils avaient perdu. Pour eux, d’ailleurs, ils ont gagné.

Trois hommes en complet rigolent.
Paul Henderson, Vladislav Tretiak et Yvan Cournoyer le 7 janvier 2012 à Montréal Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Les deux devaient se revoir en 2022 pour souligner les 50 ans de cette page d’histoire. La guerre en Ukraine a fait dérailler les plans.

Cournoyer n’a plus de contact avec Tretiak.

Un homme confortablement assis dans un fauteuil.
Yvan Cournoyer Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

Pas fait pour entraîner
Pas fait pour entraîner

Si la carrière de hockeyeur d’Yvan Cournoyer a été à la fois longue et étincelante, ses courts passages derrière le banc comme entraîneur ont été plus mitigés. N’empêche, il a eu la chance de diriger une équipe nommée en partie en son honneur.

En 1994, Yvan Cournoyer a accepté de diriger la toute première, et sans doute dernière, équipe professionnelle de roller-hockey de Montréal.

Peu de temps après, le Journal de Montréal a fait un sondage pour trouver le nom de l’équipe et c’est Roadrunners qui est ressorti du lot. C’est comme ça que le nom a été trouvé, rappelle-t-il. C’était vraiment le fun.

Si l’équipe a été dissoute après quatre saisons, elle a quand même su attirer 14 000 spectateurs au vieux Forum pour un match. Cournoyer, lui, a quitté l’équipe après deux saisons quand on lui a offert de devenir entraîneur adjoint de Mario Tremblay avec le Canadien en 1995.

Lui qui avait connu les années les plus glorieuses sur la patinoire s’est retrouvé derrière le banc pendant une tempête qui aura duré un peu moins de deux saisons. Au printemps 1997, Mario Tremblay annonçait sa démission en réglant des comptes avec certains journalistes. Cournoyer, dont les compétences avaient été remises en question dans certains articles, a demandé une réaffectation et est devenu dépisteur professionnel pour le Tricolore.

C’était dur, mon passage comme entraîneur adjoint, révèle-t-il aujourd’hui. Les journalistes, comme Réjean Tremblay, n’ont jamais accepté de ne pas avoir su avant l’annonce que Mario s’en venait comme entraîneur. Les critiques étaient fréquentes. Tremblay venait frapper à la porte du bureau de Mario après les parties pour entrer. Ç’a été dur, surtout pour Mario, mais on est passés à travers. L’atmosphère était malsaine.

« Être entraîneur n’avait jamais été mon rêve. Quand tu es joueur, tu participes au match. Là, je ne pouvais pas le faire derrière le banc. Ce n’était pas quelque chose que j’appréciais. Je n’avais pas de plaisir. Quand je suis devenu éclaireur, c’était pas si pire. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer
Un homme se tient debout, les mains posées sur une chaise.
Yvan Cournoyer a été entraîneur adjoint du Canadien de Montréal de 1995 à 1997. Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

Yvan Cournoyer n’aurait jamais accepté d’être entraîneur pour une autre équipe de la LNH. Là, il ne pouvait simplement pas refuser l’offre de son ami Réjean Houle.

Quand tu fais partie du Canadien, c’est pour la vie, dit-il. Quand on te demande de venir aider, c’est quelque chose que tu ne peux pas refuser. J’ai été avec l’organisation toute ma vie. Ça fait aujourd’hui 63 ans.

Gros plan de ses mains avec une bague en or sur l'annulaire gauche.
Yvan Cournoyer porte l'une de ses 10 bagues de vainqueur de la Coupe Stanley. Photo : Radio-Canada / Arianne Bergeron

Des bagues et des cicatrices
Des bagues et des cicatrices

Yvan Cournoyer ne sait pas trop quoi répondre quand on lui demande quelle place il occupe dans la grande histoire du Canadien de Montréal. Il rappelle qu’il n’a pas gagné ses 10 Coupes Stanley seul. Il a fait partie de grandes équipes, avec d’autres grands joueurs.

Il a transmis cet héritage d’excellence à son tour quand il a été élu capitaine, à l’unanimité, en 1975. Cet honneur le rend encore fier aujourd’hui.

« Jean Béliveau nous disait : "Je suis votre capitaine l’hiver, mais aussi l’été si vous avez besoin de parler ou si vous avez des problèmes." J’ai dit essentiellement la même chose aux joueurs. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

Quand on perdait deux ou trois matchs de suite, je convoquais les joueurs pour des réunions, ajoute-t-il. Fallait régler les problèmes quand il y en avait parce que les saisons passaient vite.

Cournoyer a remporté la Coupe Stanley à ses quatre années comme capitaine du Tricolore.

C’est une blessure au dos qui l’a forcé à prendre sa retraite. Son corps meurtri était prêt à tendre le flambeau. Au fil des ans, il a été opéré au dos, aux poignets, à un genou, aux deux épaules. Il a eu le nez cassé et de multiples points de suture sur le visage.

D’ailleurs, à l’aéroport, ça sonne lorsqu’il franchit le portique de détection de métal.

« Un jour, je racontais à Phil Esposito que j’avais les deux épaules opérées. Il m’a dit : "Ah oui, c’est dur le hockey." J’ai répondu : "Les épaules, c’est parce que j’ai soulevé la coupe Stanley trop souvent en haut de ma tête." Il n’a pas aimé ça. »

— Une citation de   Yvan Cournoyer

Il ne regrette rien du tout. Son chandail numéro 12 a été retiré et il a été admis au Temple de la renommée.

Je suis surtout fier d’avoir fait ce que j’aimais le plus. C’était un rêve d’enfance de jouer pour le Canadien et je suis heureux de faire encore partie de la famille. C’est toujours aussi agréable d’être reconnu et de signer des autographes. Pour moi, ç’a toujours été bien important.

Je n’ai jamais été dérangé par les gens parce que j’aime parler, explique-t-il. On n’est pas différents des autres parce qu’on a joué au hockey. Je suis reconnaissant d’avoir gagné ma vie grâce aux spectateurs qui ont payé pour nous voir jouer.

Pour Yvan Cournoyer, la rançon de la gloire n’est qu’un vague concept.

Une foule nombreuse massée autour d'un véhicule sur lequel un homme soulève un trophée au bout de ses bras.
Yvan Cournoyer soulève la coupe Stanley le 26 mai 1978 au milieu d'une foule nombreuse venue assister au défilé des champions à Montréal.  Photo : Getty Images / Bettmann

Photo d'entête et des chapitres 1, 3, 5 et 6 par Arianne Bergeron/Radio-Canada

Photo du chapitre 2 (La naissance du Roadrunner) par Getty Images/Sports Illustrated/James Drake

Photo du chapitre 4 (Une baignade avec Tretiak) par Getty Images/Sports Illustrated/Melchior DiGiacomo

Un document réalisé par Radio-Canada Sports

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