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AnalyseÀ quand le prix du Vétéran de l’année en F1?

Deux monoplaces de F1 se suivent sur un circuit et s'apprêtent à tourner à droite.

Fernando Alonso devant Oscar Piastri à Melbourne

Photo : Getty Images / FERENC ISZA

Les deux belles surprises de la saison 2023 sont sans contredit les performances remarquables du plus jeune pilote de la grille, Oscar Piastri, 22 ans et du plus vieux, Fernando Alonso, 42 ans. Avec un total de 97 points pour Piastri et de 206 points pour Alonso.

L'Australien a été nommé la Recrue de l’année en F1 et l'Espagnol aurait pu être nommé le Vétéran de l’année, si ce prix existait. Et pourquoi n’existerait-il pas?

Il y a 20 ans d'écart entre les deux pilotes, mais la visière baissée, on n'a jamais senti la différence d'âge entre les deux.

Alonso avait commencé modestement chez Minardi en 2001, alors que Piastri a entrepris son parcours en grand prix dans l'une des écuries les plus prestigieuses. Et dire qu'il aurait pu rater l’occasion de piloter pour McLaren.

Deux pilotes de F1 s'échangent leur casque et sourient pour la photo.

Fernando Alonso et Oscar Piastri

Photo : YouTube

Bilans de l'année 2023 et perspectives pour 2024

Consulter le dossier complet

Un cadran illustre le passage de 2023 à 2024.

Sacré champion de F2 en 2021, Piastri est devenu le sixième pilote à remporter le titre en F2 dès sa première saison, et le cinquième à gagner d’affilée les titres en F3 et en F2. Mais un titre en F2 ne garantit plus la titularisation en F1, où il n’y a que 20 places disponibles.

Alors, il a pris son mal en patience et a bien joué ses cartes. Il a été nommé en 2022 pilote de réserve pour deux équipes, Alpine-Renault et McLaren.

Alors a commencé un jeu de coulisses. Convoité par les deux équipes, reconnaissant son potentiel, McLaren l'a convaincu de signer un contrat de pilote titulaire pour 2023, ce qu’il a fait sans avertir Renault.

Contre toute attente, l’équipe française a perdu Alonso au début de la pause estivale, après avoir tardé à lui faire signer une prolongation de contrat. Aston Martin l’a engagé pour 2023, et l’équipe Renault s'est tout de suite rabattue sur Piastri dont elle a annoncé la titularisation le 2 août sans le prévenir. L’Australien a aussitôt démenti l’information et a annoncé son intention de piloter pour McLaren.

Le 2 septembre, le Contract Recognition Board (CRB), bureau de la FIA chargé de certifier la validité des contrats signés, a mis fin au litige opposant les deux équipes en faveur de McLaren. Le pilote australien a donc abouti dans la McLaren avec un contrat de plusieurs années.

Ce n’est pas la première fois que la CRB doit trancher.

En 2004, le Britannique Jenson Button avait signé en cours de saison un contrat avec Williams pour 2005 (profitant d’une clause de sortie dans son contrat liée aux plans du motoriste Honda), alors qu’il était encore avec British American Racing (BAR). Le CRB avait donné raison à BAR, dont le contrat était le seul valide, avait-il déterminé. Et Button était resté là en 2005.

Deux pilotes en combinaison, de face, saluent la foule.

Jenson Button et Fernando Alonso au Grand Prix de Grande-Bretagne de 2005

Photo : Getty Images / Vladimir Rys

La décision du CRB a bien servi la carrière d'Oscar Piastri, car il a terminé la saison devant les pilotes d'Alpine-Renault.

Après un début de saison décevant de l'équipe en raison du manque de fiabilité, l'Australien a profité du retour en puissance de McLaren en deuxième moitié de saison pour accumuler les bonnes performances au point de faire de l’ombre au pilote no 1 de l’équipe, Lando Norris, bien installé depuis cinq ans.

Deux monoplaces se suivent sur un circuit.

Oscar Piastri devant Lando Norris à Suzuka

Photo : Getty Images / Clive Mason

Piastri a marqué à partir du Grand Prix de Grande-Bretagne (13 week-ends de course) 92 points contre 182 pour Norris. Il a réussi à monter deux fois sur le podium, au Japon et au Qatar, en plus de s’imposer dans la course sprint au Qatar.

Il a engrangé 97 points au total et a terminé sa première saison en F1 au 9e rang devant Lance Stroll.

Ne voulant pas perdre sa jeune pépite, McLaren lui a fait signer une prolongation de contrat jusqu’en 2026.

Recrue de l’année, c’est bien, mais ce n’est que le commencement, a dit Piastri sur le site officiel de la F1. Il y avait beaucoup d’attentes, surtout de la façon dont j’ai été titularisé par McLaren. Et j’étais un peu rouillé après une saison sans course. Je devais vite trouver mes marques, peu importe la qualité de la voiture.

Grâce à ses pilotes et à ses ingénieurs, qui ont amélioré la MCL60 en cours de saison, McLaren a fait le plein de points en deuxième partie de saison et a terminé au 4e rang du classement des constructeurs.

L’équipe est passée par toute la gamme des émotions. D’une des monoplaces les plus lentes au début de l’année à une des plus rapides à la fin. Je suis content qu’on ait évolué dans ce sens-là, et pas dans l’autre. Je suis conscient d’avoir eu ensuite de belles occasions de montrer ce que je sais faire, notamment en deuxième moitié de saison, a ajouté Piastri.

McLaren a fini la saison avec 22 points de plus qu’Aston Martin, qui a suivi la trajectoire inverse.

La réussite de Fernando, les errances de Lance

Au début de la saison, à la surprise générale, l’Aston Martin AMR23 s’est avéré la monoplace la plus menaçante pour le clan Red Bull. La monoplace de l'équipe basée à Silverstone faisait alors jeu égal avec Mercedes-Benz et Ferrari, et Fernando Alonso en profitait.

Un pilote négocie un grand virage à gauche dans sa monoplace.

Fernando Alonso sur le circuit de Miami en pneus tendres

Photo : Getty Images / Chris Graythen

L’AMR23 était plus rapide de 2,4 secondes que l’AMR22 dans la première séance de qualification et faisait tourner les têtes. Après trois courses, elle avait amassé plus de points que durant toute la saison 2022 (avec une maigre récolte de trois sixièmes places).

On imaginait bien que l’arrivée de Fernando Alonso allait énergiser l’équipe de Lawrence Stroll, mais pas à ce point.

Le pilote de 42 ans (41 en début de saison, jusqu’au 29 juillet) a multiplié les podiums jusqu’au Grand Prix du Canada (sept au total avec celui des Pays-Bas) pendant que son coéquipier Lance Stroll se remettait tant bien que mal de ses fractures aux poignets et au doigt après un accident de vélo avant le début de la saison. Cela l'avait nettement handicapé.

L'Espagnol, fort de son expérience, a parfaitement rempli le rôle qu’on lui a donné, soit de tirer l’équipe vers le haut. Il a été la coqueluche des médias et son coéquipier québécois en était réduit à ramasser les miettes. L’AMR23 convenait parfaitement Alonso, tandis que son coéquipier n’arrivait pas à en tirer parti.

Deux pilotes de F1, de dos, discutent avec des membres de leur équipe.

Fernando Alonso et Lance Stroll discutent avec leurs ingénieurs d'Aston Martin à Melbourne.

Photo : Twitter / Aston Martin

Lawrence Stroll savait que son pari était risqué. Alonso s’est avéré la bougie d’allumage dont l’équipe avait besoin pour aller de l’avant dans le cadre du plan quinquennal que s’est donné l’homme d’affaires canadien pour se battre pour le titre mondial.

L’arrivée de l’Espagnol et sa réussite en début de saison ont toutefois relégué Lance Stroll à un rôle de figurant, encore fragilisé par ses blessures.

Or, l’objectif de Lawrence Stroll était encore à ce moment-là de faire de son fils un champion du monde de F1. Il a réussi par ses investissements à lui donner les outils pour gagner en F4 et en F3. Mais en F1, il a dû prendre son mal en patience chez Williams, sous-financée et en fond de grille.

Il a tenté de convaincre Mercedes-Benz d’investir plus dans l’équipe de Frank Williams, sans succès. Sa liberté d’entrepreneur était brimée.

Il a alors décidé en janvier 2020 de sauver de la faillite le constructeur automobile Aston Martin. Il en a pris le contrôle avec un groupe d’investisseurs (Yew Tree Overseas Limited), dont André Desmarais à hauteur de 16,7 %. Il a augmenté sa participation à 26,2 % en septembre 2023.

Fort de cet investissement, il a pu acheter l’ancienne équipe Force India (après un duel en cour avec le Russe Dmitry Mazepin, qui lui aussi voulait acheter l’équipe) au coût de 152 millions de dollars canadiens pour enfin bâtir son équipe.

Il a peu à peu mis toutes les pièces du puzzle pour que son fils puisse être champion du monde : la collaboration avec Mercedes-Benz, l’embauche de pilotes d’expérience, Sergio Pérez, Sebastian Vettel, pour aider Lance à progresser, puis ce projet pharaonique en trois phases d’une nouvelle usine qu’il fait bâtir à côté du circuit de Silverstone.

La première phase est complétée, et les employés ont déménagé ce printemps dans des locaux flambant neufs.

La deuxième phase consiste en une nouvelle soufflerie qui sera opérationnelle au milieu de 2024, à temps pour concevoir la monoplace de 2025. En attendant, Aston Martin utilise celle de Mercedes-Benz (mais avec des portes séparées pour assurer dit-on l'étanchéité entre les deux équipes).

La troisième phase, prévue pour 2025, comprendra un centre des congrès et une aire ouverte au public.

Ce vaste chantier, il l'a en tête depuis qu'il a choisi d'investir dans la carrière de son fils qu'il veut voir réussir en F1. Il lui a transmis sa passion de la course automobile... ou lui a-t-il imposée?

Graphique de la nouvelle usine vue de haut.

La future usine de l'équipe Aston Martin

Photo : Aston Martin Racing

Au début de la saison 2023, l’AMR23 a été compétitive, mais Lance était fragilisé par son accident de vélo et ne pouvait pas s’exprimer comme il le souhaitait. Fernando Alonso avait des ambitions en piste et a montré qu’il n’était pas là uniquement pour servir de mentor au Québécois.

L’équipe était sur un nuage de voir l’Espagnol si souvent sur le podium. Lawrence Stroll a annoncé en mai qu'il fera confiance à Honda en 2026 lors de l’arrivée de la nouvelle génération de moteurs. Le motoriste japonais connaît beaucoup de succès avec l’équipe autrichienne Red Bull.

La lune de miel a duré jusqu’au Grand Prix du Canada, avec la deuxième place d'Alonso après une longue bataille avec Lewis Hamilton. Lance a aussi marqué deux points avec sa 9e place.

Deux pilotes casqués se serrent la main, et les membres de l'équipe Aston Martin les regardent.

Lewis Hamilton félicite Fernando Alonso à l'arrivée du Grand Prix du Canada, à Montréal.

Photo : Getty Images / Clive Mason

Mais l’équipe a senti le besoin de faire progresser l’AMR23. Et les soucis ont commencé.

Le défi du développement aérodynamique

La monoplace a perdu de son mordant, car elle était déséquilibrée par des changements aérodynamiques peu concluants. Alonso a fini 5e en Autriche, 7e en Grande-Bretagne et 9e en Hongrie. Il était le baromètre de l’équipe, et l'aiguille piquait du nez. Lance est alors devenu transparent.

L’équipe a procédé à des tests comparatifs durant deux week-ends de course (en l’absence d’essais privés pour le faire) qui ont dérouté les pilotes et le public. Aston Martin régressait au lieu d’avancer, et la situation irritait Lance au plus haut point. Il était de plus en plus dans l’ombre de son coéquipier.

Sa frustration lui a fait perdre son sang-froid devant les caméras au Qatar.

L’équipe a mal géré l’incident. Lance n'a pas présenté pas d’excuses publiques et est passé dans le tordeur de la presse spécialisée, qui croyait qu’il était temps pour lui de réfléchir sérieusement à son avenir.

En photo, le titre d'un article sur Lance Stroll.

«Stroll en a fini avec la F1 et son comportement n'a rien à faire en F1», a écrit l'éditorialiste du site GP Blog.

Photo : GP Blog

Sans la pression de devoir défendre son volant de saison en saison, et écrasé par son coéquipier, le Québécois semblait piloter en dilettante, au gré de ses humeurs, très inégales.

Au même moment, son père a dévoilé les plans d’Aston Martin de s’inscrire en endurance afin de participer aux 24 heures du Mans dès 2025 avec le projet Valkyrie. Serait-ce le parachute doré destiné à son fils?

Une voiture de course sort d'un garage.

L'Aston Martin Valkyrie

Photo : YouTube

Lawrence Stroll semble jouer à l’équilibriste entre son rôle de chef d’entreprise et sa volonté aveugle de faire progresser son fils à tout prix.

À l’usine, les ingénieurs ont fait le tri entre le bon grain et l’ivraie et redonné vie à l’AMR23 au Brésil et à Las Vegas. Lance Stroll en a profité pour se rappeler au bon souvenir de tous. Ses heures en F1 ne sont peut-être pas encore comptées. Il a réussi à faire le vide après les incidents du Qatar et à retrouver sa concentration. Tout le mérite lui revient.

Son regain de forme en fin de saison légitime son retour en 2024. On aurait aimé que la saison soit un peu plus longue pour que le Québécois se rapproche de son coéquipier.

Lance a bien géré la pression qu’il s’est créée par son manque de résultat. Il a montré beaucoup d’assurance dans ses dernières courses, affirme Mike Krack sur le site de l'équipe.

Il faut que Lance poursuive en 2024 sur sa lancée de la fin de saison. Il a vécu des hauts et des bas en 2023. Heureusement, il s’en est bien sorti.

Une citation de Mike Krack, directeur de l'équipe Aston Martin

Lance Stroll sera en 2024 dans la monoplace no 18, et c’est un souci de moins pour son père. Il n’a pas besoin de trouver un plan B pour son fils, mais ce sera peut-être sa dernière saison.

Ils s'étreignent.

Lawrence Stroll serre son fils dans ses bras après sa performance à Austin : la 7e place à l'arrivée après un gain de 13 places.

Photo : Aston Martin F1 Team

Aston Martin a comme pilote de réserve Felipe Drugovich, champion en titre de F2, qu’on laisse sur la touche et qui ronge son frein. Le Brésilien pourrait-il faire mieux que Lance et soutenir l’effort trop souvent solitaire d’Alonso?

On a failli avoir la réponse en début de saison lorsque Lance était blessé aux poignets. Mais le Québécois a compris qu’il ne devait laisser sa monoplace sous aucun prétexte. Il savait que le jeu de la comparaison ne lui serait pas favorable, alors il a préféré piloter même s'il était blessé et souffrir. On a salué son courage.

Felipe Drugovich ne sera pas titulaire en 2024, mais Lance se sent-il menacé?

Un pilote soucieux, de profil, avec des écouteurs sur la tête, fait la moue.

Felipe Drugovich dans le garage d'Aston Martin en 2023

Photo : Getty Images / Alex Pantling

La stabilité réglementaire depuis deux ans permet un resserrement des forces, les performances d’Aston Martin en 2023 en sont la preuve. Il en sera de même en 2024 et en 2025.

Plus que jamais, l'écurie aura besoin de ses deux pilotes en 2024.

Ne comptez pas sur McLaren pour rater son début de saison comme elle l’a fait en 2023. Mercedes-Benz aura une toute nouvelle voiture, après avoir enfin mis aux ordures son concept zero sidepod qui a fait souffrir ses pilotes, et particulièrement Lewis Hamilton, en 2022 et 2023.

À l'usine de Silverstone, on est conscient que l'AMR24 ne fera pas un bond en avant en performance aussi grand que l'AMR23.

L'équipe a dû céder le quatrième rang des constructeurs à McLaren au terme d’un long duel, et elle aura comme objectif de le récupérer.

Deux pilotes de F1 discutent après une course.

Lance Stroll et Fernando Alonso discutent après le Grand Prix d'Azerbaïdjan.

Photo : TSN / Formula One

Pour cela, elle mise sur la polyvalence de l’AMR24 qui sera une évolution de l’AMR23. L’équipe veut une voiture qui soit compétitive dès sa sortie des conteneurs (out of the box) et qui soit compétitive sur un plus grand spectre de réglages.

Il faut que les performances soient plus constantes, quel que soit le circuit. En 2023, la bonne fenêtre de réglages était vraiment petite, c’était notre point faible. Il faut que le niveau de performance soit plus constant en virage et en ligne droite. En 2023, on jouait beaucoup sur l’inclinaison de l’aileron arrière pour trouver de la vitesse en ligne droite, et on était lent en virage. Il faut sortir de ce cercle vicieux, a dit Alonso à motorsport.com.

Il sait donner une direction, et son avis sert de point de repère. Lance Stroll n’en est pas là, malgré ses sept saisons en F1. Alors, forcément, l’équipe travaille en fonction des sensations d’Alonso, ce qui a causé des problèmes à son coéquipier.

Nourrir l'appétit des investisseurs

L’analyse du vétéran sera-t-elle suffisante pour permettre à l’équipe de se battre en avant dès la première course? C’est ce que souhaite Lawrence Stroll, qui tire de nombreuses ficelles en coulisse. On sent qu’il veut avoir en 2024 une équipe attrayante pour les investisseurs. Dicté par son flair en affaires, aurait-il l’intention de la vendre?

Un homme barbu regarde vers sa droite et salue.

Lawrence Stroll

Photo : Getty Images / ANDREJ ISAKOVIC

Il a vendu en juin des parts de l’entreprise Aston Martin qu’il a sauvée de la faillite en 2020 à la société chinoise Geely. Stroll voit ses parts dans l’entreprise diminuer de 28 à 21 % et celles de Geely augmentent à 17,2 %.

Zhejiang Geely Holding Group est un groupe automobile dont le siège est à Hangzhou au sud-est de la Chine. Fondé en 1986, il vend des véhicules de sa propre marque Geely Auto, mais a notamment racheté Volvo en 2010 et Lotus en 2017.

En octobre, alors que son fils était critiqué de toutes parts pour ses écarts de conduite au Qatar, Lawrence Stroll a confirmé avoir refusé une offre estimée à 800 millions de livres anglaises (1,36 G$ CA) de la société pétrolière saoudienne Aramco, déjà partenaire de l’équipe.

Le 16 novembre, il a vendu des parts dans l’équipe de F1 à la société américaine d’investissements Arctos Partners.

Fondée en 2019, la société américaine investit massivement dans le sport spectacle. Selon le Financial Times, elle a investi dans la NBA (Jazz de Utah, Kings de Sacramento, Warriors de Golden State), dans le hockey (Devils du New Jersey et Penguins de Pittsburgh), dans le baseball (Astros de Houston, Dodgers de L.A., Red Sox de Boston), dans le soccer (PSG, Liverpool, Timbers de Portland de la MLS) et en F1 (Aston Martin).

C’est la première fois que Lawrence Stroll se défait d’un nombre important de parts dans l’équipe, dont il détient plus de 25 % selon Reuters. Cela l’oblige depuis à démentir les rumeurs qui fusent sur son éventuelle intention de vendre la totalité de ses parts.

Je tiens à rester l’actionnaire majoritaire de l’équipe de F1 et du constructeur automobile Aston Martin pour encore de nombreuses années, confirme-t-il au New York Times. Vous n’investissez pas comme je l’ai fait si vous avez l’intention de vendre.

Juste avant la publication des inscriptions pour la saison 2024, le 14 décembre, l’équipe Aston Martin a révélé qu’Aramco augmentait son investissement au point de devenir son partenaire principal pour les cinq prochaines années.

Rappelons qu’en 2020, Aramco avait déjà investi dans le championnat de F1 600 millions de dollars canadiens.

Malgré les paroles, ce sont les gestes qui comptent. Lawrence Stroll a senti le besoin en 2023 d’en donner plus aux investisseurs qui l’accompagnent dans l’aventure Aston Martin.

L’embauche de Fernando Alonso, pourtant un coup de maître, n’a pas eu l’effet escompté sur les performances de son fils, et plus généralement sur son approche de la course.

Pilote déroutant par son attitude détachée, frôlant parfois l'indifférence, le fils est-il fatigué d'entretenir le rêve du père? Le père a-t-il abandonné son rêve de voir le fils devenir champion du monde?

Deux hommes, de face, portant des lunettes de soleil, marchent. Le plus âgé des deux tend l'index droit.

Lance et son père, Lawrence Stroll

Photo : Getty Images / Clive Mason

Lance Stroll connaît la réponse et a peut-être réalisé que la saison 2024 serait sa dernière. Son avenir pourrait passer par l’endurance, si pilote il veut rester.

Si la saison 2024 n'est pas sa dernière, ce sera 2025. L'arrivée de Honda en 2026 changera la donne pour Aston Martin. Le géant japonais ne voudra pas du pilote québécois si Alonso est encore là et imposera à l'équipe un pilote nippon.

C'est pour cela que l'Espagnol ne souhaite pas que l’équipe soit vendue tout de suite. Il sait qu’avec Lawrence Stroll à la barre, il lui reste au minimum deux saisons en F1. Il aura les coudées franches pour viser plus haut au classement des pilotes, si l’Aston Martin lui en donne la possibilité, en 2024 et au-delà.

Il sait aussi qu’il a besoin d’un coéquipier fort pour faire progresser l’équipe au championnat des constructeurs, le classement qui apporte des millions de dollars aux équipes en vertu du partage des revenus. Pour sa cinquième place au classement, Aston Martin recevra 140 millions de dollars, selon motorsport.com.

C'est pour cela que Lawrence Stroll devra en 2024 choisir son camp.

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