L’enseignante qui a décroché sa place au marathon de Paris
Les Jeux de Paris en 2024 feront une place de choix aux marathoniens amateurs.
Photo : Reuters / PHILIPPE WOJAZER
Pour la première fois dans l’histoire olympique, les marathoniens amateurs auront l’occasion de parcourir le même tracé que les meilleurs au monde l'été prochain, à Paris. Nathalie Nolin, une enseignante de St-Jean-sur-Richelieu, a décroché son dossard et sera du rendez-vous.
C’était l’épreuve avant l’épreuve : gagner sa place sur la ligne de départ.
Car la course de 42,2 km est ouverte à tout un chacun et a suscité énormément d’engouement. Pour choisir les heureux élus, les organisateurs ont créé un système au mérite. Les intéressés devaient télécharger une application, qui leur envoyait chaque mois une série de défis à relever pour mousser leur candidature.
Par exemple, courir 20 kilomètres en 2 heures, ou bien réussir 4 sessions de 17 kilomètres dans la même semaine. Tout ça, sous la surveillance d’une montre intelligente, qui mesure les pas et le rythme cardiaque.
Mais la performance ne suffit pas. Il fallait un peu de chance. Comme il n’y a que 20 024 dossards disponibles, des tirages au sort sont organisés périodiquement afin de déterminer des gagnants. Et parmi eux, Nathalie Nolin, qui a été parmi les 3000 premières à obtenir une place pour Paris.
C’est grâce aux algorithmes des moteurs de recherche que je me suis inscrite à la base. Après avoir fait le marathon d'Hawaï, j’ai cherché ‘‘best scenic view marathon’’ (marathon au meilleur paysage), et on a commencé à me proposer des courses… dont celle de Paris
, explique la Québécoise.
Nathalie Nolin au marathon de Londres
Photo : Gracieuseté : Nathalie Nolin
Nathalie Nolin court beaucoup, et toujours avec les trois mêmes acolytes : son conjoint, sa sœur et le conjoint de celle-ci. C’est au retour du marathon de Londres qu’elle a décidé de télécharger l’application.
J’ai la chance d’être une femme. Il y a moins de femmes qui font des marathons que des hommes, mais on distribue également les dossards aux hommes et aux femmes. Donc, j’étais avantagé un peu.
Mais elle a tout de même couru. Et couru. Elle a complété 26 défis, en plus de franchir 1927 kilomètres entre le 10 octobre 2022 et le 19 mars 2023.
La confirmation de l'inscription reçue par Nathalie Nolin
Photo : Gracieuseté : Nathalie Nolin
C’est juste avant la semaine de Pâques que la chance lui a souri. C’était une semaine particulièrement froide, je me rappelle. Il fallait courir sept kilomètres par jour pendant sept jours.
Et c’est finalement ce défi qui lui permettra de fouler le même bitume que les plus grands athlètes olympiques des quatre coins du monde, le 10 août prochain, en pleine nuit.
L’habitude des grands rendez-vous
Nathalie Nolin a l’habitude de prendre part aux grands événements. Elle était du trajet à Chicago l’automne dernier lorsque le Kényan Kelvin Kiptum a fracassé le record du monde.
En plus de Chicago, elle a aussi couru les prestigieux rendez-vous de Londres et de New York (trois fois). Il lui reste Tokyo, Boston et Berlin, parmi les six majeurs.
L’énergie des grands rassemblements, c’est son carburant. La fébrilité au départ et à l’arrivée, surtout dans les marathons populeux, c’est une énergie qui ne se trouve nulle part ailleurs. C’est particulier, c’est comme si je flottais.
La tour Eiffel
Photo : Reuters / Gonzalo Fuentes
À Paris, ce qui sera surtout différent, c’est que la course aura lieu en pleine nuit, avec un départ donné à 21 h, entre la course des athlètes olympiques masculins et celle des athlètes olympiques féminines.
Courir sur le même asphalte que les meilleurs au monde, je l’ai déjà fait, loin derrière, mais je l’ai fait! Paris, ce sera différent, car on s’entend que ce sera un happening, ça ne va pas arriver une course comme celle-là. Le parcours sera assez différent, en pleine nuit.
Nathalie Nolin va courir de l’Hôtel de Ville jusqu’à l’esplanade des Invalides, au cœur de la Ville Lumière qui brillera de ses mille feux pour l’occasion.
La chaleur de l’été parisien, qui a atteint des températures records l’an dernier, n’effraie pas celle qui a l’habitude des climats chauds.
À Montréal, l’année qu’il y a seulement eu un demi-marathon [en 2017], mes acolytes et moi avons commencé à courir pour faire 21 kilomètres avant le départ. J'ai aussi fait Honolulu, c'est pas mal chaud.
Ce qui est compliqué, c’est vraiment l’heure de début. On a l’habitude de se lever très tôt le matin pour aller courir, et commencer notre journée de même. Là, notre journée sera vraiment bien entamée. Il faudra gérer notre niveau d’énergie pour être en forme, prête à partir à 21 h.
C’est sans compter le décalage horaire, elle qui arrivera seulement trois jours avant le départ, en raison du coût de l’hébergement.
Nathalie Nolin (à gauche) en compagnie de ses acolytes devant le tracé du marathon de Londres
Photo : Gracieuseté : Nathalie Nolin
Autre changement important à sa préparation : son lieu de repos. Lors de ses voyages, Nathalie Nolin a l’habitude de réserver des appartements à location de courte durée. Cela facilite la préparation des repas, avec l’accès à une cuisine.
Mais les prix ont bondi dans la grande région parisienne pour la période olympique. L’été dernier, j’ai essayé, et c’était des milliers de dollars par jour. On sera donc dans un hôtel.
Ses acolytes habituels y seront, mais ceux-ci n’ont pas décroché de dossards. Ils seront présents pour l’encourager.
