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ChroniqueRéduction du calendrier dans la LHJMQ : les mentalités changent

Un homme parle au micro dans un studio de radio.

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ, de passage à l'émission « Des matins en or ».

Photo : Radio-Canada / Emily Blais

L’image du hockey junior majeur a été mise à mal en plusieurs occasions au cours des dernières années. Mais vendredi, la LHJMQ a adopté une mesure bienveillante à l’endroit de ses joueurs et il faut le souligner.

Cette initiative vise à réduire le fardeau des joueurs. Ces derniers peinent à combiner leurs études avec les exigences d’un calendrier sportif qui ressemble à ceux des ligues professionnelles. En plus, ce calendrier nécessite de longs déplacements parce qu’il est disputé sur un territoire s’étalant de Val-d’Or à Baie-Comeau, en passant par le Cap-Breton et Halifax.

On privilégie une approche par étapes, pour la réduction du calendrier, parce que l’opération d’une équipe du junior majeur est une entreprise commerciale et qu’il faut permettre aux organisations d’absorber ces changements et de mesurer les effets qu’ils auront sur leur budget. C’est tout à fait raisonnable.

***

En retranchant quatre matchs au calendrier, les équipes auront deux déplacements de moins à faire. Ces dépenses seront donc évitées. Quant aux deux matchs locaux qui seront sacrifiés, il s’agira de rencontres qui étaient auparavant disputées des soirs de semaine et qui généraient des recettes moins importantes que les matchs du week-end.

Je ne crois pas que la perte de deux matchs locaux aura un effet notable sur nos revenus provenant des abonnements saisonniers ni sur nos revenus de commandite. Les commanditaires s’impliquent pour la cause, pour supporter les jeunes, estime le président d’une formation basée au Québec.

Depuis plusieurs années, les dirigeants de certaines équipes, des spécialistes du milieu de l’éducation, et même les plus talentueux étudiants de la ligue, réclamaient qu’on retranche des matchs au calendrier.

Un dirigeant d’équipe a toutefois souligné que ce changement serait probablement survenu plus tôt si la pandémie de COVID-19 n’avait pas forcé un allègement des activités et causé de réels soucis économiques en 2020 et en 2021.

D’un point de vue sportif, la diminution du nombre de matchs risque aussi d’avoir des effets collatéraux comme la réduction du nombre de blessures subies par les athlètes. Ce n’est pas à dédaigner.

Marie-Eve Maheu, Ethan Gauthier, Justin Côté.

Le hockey junior majeur, où l’on forme des joueurs de 16 à 20 ans qui aspirent à la Ligue nationale, a été visé par des allégations d’agressions sexuelles et d’initiations violentes ces dernières années.

Photo : Radio-Canada

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Au cours des 35 dernières années, les équipes de la LHJMQ ont considérablement amélioré l’encadrement offert aux joueurs en ce qui a trait à leurs études. Celles-ci y sont par ailleurs devenues obligatoires, ce qui, incroyablement, n’avait pas toujours été le cas.

Il y a toutefois un obstacle que la qualité de l’encadrement n’a jamais pu effacer : le manque de temps disponible pour les études.

Les hockeyeurs juniors ne sont pas paresseux. Au contraire! Jouer dans la LHJMQ est un exploit colossal et il faut être particulièrement persévérant et discipliné pour y faire sa place.

Cela dit, les statistiques montrent depuis de nombreuses années que les joueurs de la LHJMQ suivent moins de cours que les étudiants-athlètes des autres fédérations sportives et que les étudiants normaux du réseau collégial. Chaque fois que j’ai posé des questions à ce sujet, des experts du milieu de l’éducation ont répondu qu’il en est ainsi parce que le calendrier sportif ne permet pas aux hockeyeurs d’étudier plus.

Résultat : les hockeyeurs de la LHJMQ inscrits au cégep réussissent un très fort pourcentage des cours auxquels ils sont inscrits. Mais parce qu’ils suivent peu de cours, ils finissent par se faire rattraper par la vie et leur taux de diplomation en souffre.

Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil à ce tableau :

Il est important ici de préciser que les données contenues dans ce tableau ont fait l’objet d’un suivi à travers le temps.

Les auteurs des rapports annuels de l’Alliance sports-études sont conscients que les étudiants-athlètes mettent plus de temps que les étudiants conventionnels à obtenir leur diplôme. Pour que leurs données soient exactes, ils mettent donc à jour la trajectoire des étudiants au fil des ans. À titre d’exemple, le taux de diplomation de la cohorte de l’automne 2015 apparaît tel qu’il était lors de la rédaction du rapport de l’année 2022-2023.

Par ailleurs, l’exemple des étudiants en sciences humaines a été choisi parce que c’est le champ d’études privilégié par la majorité des joueurs de la LHJMQ.

Enfin, les taux de diplomation des hockeyeurs pour les années 2019 et 2020 illustrent le type de retards qu’engendre le fait de suivre une moyenne de 3,5 cours par session au lieu de 4,5 ou 5 cours.

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Lors de sa nomination à titre de commissaire de la LHJMQ l’année dernière, Mario Cecchini avait utilisé une formule ambitieuse pour décrire son plan. Il avait dit que son objectif consistait à former des citoyens hors normes.

Disons les choses telles qu’elles sont. Si la LHJMQ veut réellement produire des citoyens exceptionnels, elle doit complètement renverser les statistiques inacceptables qui apparaissent au tableau précédent.

Et pour atteindre cet objectif, il n’y a pas d’autre solution que de réduire le nombre de matchs disputés. Il faut trouver une façon d’équilibrer les réussites scolaires et sportives des joueurs.

Dans cette chronique publiée l’an dernier, je saluais le désir de Mario Cecchini de mettre la LHJMQ au diapason avec les valeurs de la société québécoise. Et j’estimais que la diminution du nombre de matchs se profilait pour lui comme un défi colossal. Historiquement, il faut se le dire, les dilemmes cornéliens entre les intérêts économiques des propriétaires et les intérêts des joueurs avaient très souvent penché du même côté.

Pour toutes ces raisons, l’annonce faite vendredi est extrêmement encourageante. Au cours des 12 derniers mois, mine de rien, la LHJMQ a aboli les bagarres et décidé de réduire son calendrier. C’est loin d’être anodin.

Ça démontre que les temps et les mentalités changent. J’ai moi-même été agréablement surpris que cette modification au calendrier ait été adoptée aussi aisément et qu’elle ait rallié tout le monde. Les gens seraient étonnés de la ferveur du discours des dirigeants d’équipes au sujet des études. Il y a des interlocuteurs plus jeunes autour de la table et il y a eu une réelle évolution au fil des ans, ajoute le président d’équipe cité plus haut.

Pour toutes ces raisons, il faut se réjouir de l’annonce faite vendredi par la LHJMQ. S’il ne s’agissait effectivement que d’une première étape, on ne peut qu’avoir hâte de connaître les autres mesures qui seront prises pour rehausser les succès scolaires des joueurs et pour moderniser le hockey junior.

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