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Comment Michael Andlauer a-t-il fini par laisser une partie de son cœur à Montréal

Il sourit en conférence de presse.

Michael Andlauer était actionnaire minoritaire du Canadien avant de se porter acquéreur des Sénateurs.

Photo : Radio-Canada / Jean Delisle

KANATA – Michael Andlauer accompagnait Geoff Molson dans sa loge du Centre Bell lors d’un match du Canadien. Les Sénateurs d’Ottawa venaient d’être mis en vente et l'homme d'affaires de 58 ans se posait des questions.

Je sais que c'est une équipe de petit marché et qu'elle a eu ses ennuis financiers. Mais elle est également proche de la maison. Alors, je lui ai dit : "Qu'est-ce que tu en penses?", a raconté Andlauer à Radio-Canada Sports, la semaine dernière.

Et Geoff m'a suggéré d'avoir ma propre équipe.

Ce n’est pas comme si Andlauer avait toujours eu l’ambition d’être propriétaire majoritaire d’une équipe de la Ligue nationale de hockey. Sans trop savoir ce qui l’attendait en devenant actionnaire du CH, en 2009, son rêve était surtout d’être partie prenante d’une conquête de la Coupe Stanley à Montréal.

J'avais senti que je pouvais apporter quelque chose du point de vue des opérations hockey, et j'avais de la passion. J'ai grandi à Montréal jusqu'à l'âge de 13 ans. J'étais tellement fier, lorsqu'on a acheté l'équipe et qu'on a décidé que Guy Lafleur serait sur notre liste de paie pour le reste de sa vie. Il a été mon idole d'enfance, a-t-il ajouté.

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Plusieurs personnes de dos, les mains en l'air, célèbrent un jeu de football à la télévision.

Faire partie d'une franchise aussi incroyable et historique, qui a de la classe, c'était pour moi comme dire jeu, set et match. Maintenant, allons-y et gagnons une Coupe!

Sauf que le Tricolore n'a pas gagné la Coupe.

Après sa présence improbable et un peu éthérée en finale, en 2021, le mirage était passé et la traversée du désert commençait. L'équipe avait procédé à des changements et entamait une longue reconstruction.

Jusque-là, Andlauer agissait comme gouverneur adjoint du Canadien auprès de la LNH. Il avait passé des années à rencontrer des gens de la ligue, à écouter et à apprendre. Il a bien fallu qu’une partie de lui nourrisse graduellement l’envie d’être le capitaine de son propre navire.

Même après qu’il eut mis les deux pieds dans le très compétitif processus d’achat des Sénateurs – un processus qu’il a détesté et qui selon lui a manqué de professionnalisme – son vieux rêve vivait encore.

Andlauer ignorait toujours s’il deviendrait le prochain propriétaire des Sénateurs lorsqu’il s’est retrouvé à Nashville, en mai dernier, à l’occasion d’une conférence où se réunissaient des compagnies pharmaceutiques. Au même moment se déroulait le tirage au sort en vue du repêchage de la LNH.

Il a donné un coup de fil à Geoff Molson, qui venait d’entrer dans un restaurant avec des clients.

Je me souviens d'avoir dit à Geoff, et c'est la vérité : "Si l'on va chercher (Connor) Bedard, je me retire du marché!"

Une citation de Michael Andlauer, à la veille du tirage au sort de 2023
Michael Andlauer lève la main pour saluer les partisans.

Michael Andlauer a salué la foule au match d'ouverture des Sénateurs, le 14 octobre. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Une séparation difficile

Se dissocier de ses anciennes amours n’a donc pas été facile pour celui qui a remporté la mise et qui est officiellement devenu propriétaire majoritaire des Sénateurs en septembre dernier. Ce n’est pas comme si Andlauer avait mis la main sur le Wild du Minnesota ou les Blue Jackets de Columbus. Il a acheté l’équipe la plus proche de Montréal et l’une des plus ardentes rivales du Tricolore.

Lors de sa première conférence de presse en tant que nouveau grand patron des Sénateurs, il a badiné en disant que son épouse était contente de pouvoir enfin faire de la place dans le garde-robe et se débarrasser de ses vêtements aux couleurs du Bleu-blanc-rouge.

En fait, la page vient tout juste d’être tournée, il y a quelques semaines à peine.

Ça s'est vraiment terminé le dernier jour où je me suis assis dans mon siège à Montréal, a confié Andlauer. Ici, la semaine précédente, j'avais donné une entrevue à RDS durant laquelle je crois avoir utilisé les mots "nos Canadiens". C'était la première fois de ma vie que je prenais contre le Canadien de Montréal, et c'était difficile.

Andlauer dit s’être inspiré du vétéran Claude Giroux, l’un des joueurs les plus respectés dans son vestiaire, pour mener à bien ce changement d’allégeance.

Il est celui qui a agi le plus longtemps comme capitaine des Flyers de Philadelphie, a rappelé Andlauer. Il n'a aucun problème lorsqu'on bat les Flyers. Il est passionné, c'est un Sénateur d'Ottawa [...] et il adore ça être ici. À un moment donné, il a tourné la page et il n'est plus un Flyer de Philadelphie.

Des choses à implanter à Ottawa

Maintenant que la coupure est faite, Michael Andlauer veut utiliser l’expérience acquise dans le giron du Canadien pour transformer les choses et faire des Sénateurs une organisation haut de gamme. Il a pris bonne note au fil des ans de ce que le CH faisait de bien et de moins bien. Il travaillera maintenant à créer une culture et un environnement qui répondent à ses attentes.

Il constate toutefois que sa nouvelle équipe, qui offre en surface un beau noyau de jeunes joueurs, manque de viande autour de l’os. Que ce soit sur le plan du recrutement amateur ou professionnel, du développement, de la science du sport ou autre, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour offrir à l’organisation un soutien suffisant.

Il doit donner à ces joueurs les moyens de leurs ambitions.

Pour être la meilleure équipe, il faut être un chef de file dans tous ces secteurs, a-t-il affirmé en comparant son travail à un casse-tête pour lequel il avait solutionné les quatre coins, mais dont les morceaux du milieu restaient à assembler.

Parmi les choses dont il dit s’inspirer du Tricolore, Andlauer veut aussi valoriser davantage les anciens joueurs. C’est selon lui une faiblesse à Ottawa.

En ce qui concerne les anciens, on a des joueurs qui ont marqué 50 buts, Dany Heatley par exemple, qui n'a jamais été salué ici à Ottawa depuis qu'il est parti. Il est peut-être parti en mauvais termes, mais il a rendu beaucoup de partisans heureux, a-t-il indiqué.

Et pour moi, c'est Sens un jour, Sens toujours.

À l'écoute des amateurs

Homme bilingue et charismatique, Andlauer est impliqué dans des entreprises qui n’ont rien à voir avec le hockey, mais son leadership à la tête de celles-ci lui a rappelé l’importance de s’attarder aux personnes qui gravitent autour des Sénateurs.

Nous sommes une business de gens. On ne fabrique rien, on ne produit rien, a-t-il noté. Alors c’est important de se concentrer sur les gens : sur les amateurs, les joueurs et les employés.

Il écoute les amateurs lui dire en très forte majorité qu’ils souhaitent que l’équipe déménage au centre-ville ou sur les plaines LeBreton. Et d’ici à ce qu’un nouvel amphithéâtre soit prêt, son président Cyril Leeder prévoit que le Centre Canadian Tire aura besoin de rénovations annuelles de l’ordre de 4 à 5 millions de dollars afin d’améliorer l’expérience des amateurs à Kanata.

Le mois dernier, Andlauer a également écouté la mairesse démissionnaire de Gatineau, France Bélisle, ainsi que des gens d’affaires de l'Outaouais qui lui ont aussi exprimé le souhait que les Sénateurs se rapprochent du centre-ville.

Il est conscient qu’à l’heure actuelle, il y a davantage d’amateurs du Canadien que des Sénateurs à Gatineau, et il compte raffermir sa base de partisans francophones en allant les chercher  deux par deux  en étant beaucoup plus présent dans la communauté.

Andlauer souhaiterait en venir au point où le domicile des Sénateurs ne sera plus assiégé par les partisans du CH ou des Maple Leafs. D’ailleurs, à ses yeux, la façon dont le jeune Ridley Greig a marqué dans un filet désert, le 10 février, ne se voulait pas un manque de respect envers les Maple Leafs, mais plutôt un point d’exclamation destiné aux supporteurs torontois qui étaient en visite et qui avaient crié go Leafs go toute la soirée.

La chose que j'aime à propos des Sénateurs d'Ottawa, c'est que ce sont des négligés, a dit Andlauer. En ce sens, on est comme les Nordiques de Québec.

Voilà une comparaison intéressante venant d’un homme qui a toujours adulé Lafleur. Car même s’ils ont toujours été associés au Bleu-blanc-rouge, ils auront tous les deux fini par se retrouver dans le camp ennemi, à l’autre extrémité de l’autoroute…

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