•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

ChroniqueLes idées neuves du commissaire Cecchini

Il parle dans un micro.

Le commissaire de la LHJMQ, Mario Cecchini

Photo : gracieuseté de la LHJMQ - Vincent Éthier

Mario Cecchini a des projets, beaucoup de projets.

La semaine dernière, nous discutions dans son bureau, au siège social de la LHJMQ au sud de Montréal, et je l’ai questionné sur l’un des grands mystères du business du hockey junior québécois.

  • Le modèle d’affaires de la LHJMQ est essentiellement copié sur celui de la LNH. Vous tenez des repêchages, et vos équipes font des échanges.
  • Vos équipes vendent des billets, des abonnements de saison et des loges. Elles vendent aussi des commandites locales, des chandails et des casquettes.
  • Il y a des revenus qui proviennent des droits de télé, etc. Par contre, il n’y a pas de partage des revenus entre les équipes les plus riches et celles qui sont moins nanties.
  • Les milliardaires qui possèdent les équipes de la LNH, de la NFL ou de la MLB sont assez capitalistes merci. Pourtant, ils en sont tous venus à la conclusion que c’était plus profitable pour leur ligue d’instaurer un partage des revenus.

Pourquoi n’est-ce pas le cas au hockey junior majeur? lui ai-je demandé.

Le commissaire de la LHJMQ a esquissé un sourire. Je vais te le montrer parce que tu ne me croiras pas, a-t-il lancé avant de se lever pour aller chercher un document sur sa table de travail.

Ce sont mes notes personnelles. C’est l’un des sujets qui figurent à l’ordre du jour de notre réunion du 5 avril. On va en jaser. Et quand je dis qu’on va en discuter, évidemment, je ne dis pas que ce sera accepté, a-t-il ajouté.

***

Mario Cecchini a été nommé commissaire de la LHJMQ en mars 2023, au moment où le hockey junior était en pleine tourmente.

Outre le scandale de la présumée agression sexuelle collective commise par des joueurs d’Équipe Canada en 2018, une décision d’un juge de la Cour supérieure de l’Ontario venait d’établir qu’un grand nombre de joueurs recrues de la LCH avaient été violentés, torturés et même agressés sexuellement durant leur passage dans les rangs juniors.

À cet effet, deux demandes de recours collectif cheminent toujours devant les tribunaux.

Issu du monde des médias et fort d’une expérience enrichissante à titre de président des Alouettes de Montréal, Mario Cecchini est arrivé dans le monde du hockey avec un enthousiasme et un regard neufs.

Il est assis à une table et parle dans un micro.

Le commissaire de la LHJMQ, Mario Cecchini, lors de sa première conférence de presse

Photo : gracieuseté de la LHJMQ (Vincent Éthier)

Lors de sa première conférence de presse, il avait signifié son intention de mettre les structures du hockey junior au diapason des valeurs de la société. Et il avait ajouté que son objectif était de contribuer au développement de citoyens hors norme.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que sa première année à la tête de la LHJMQ a été marquée par d’importantes évolutions.

À l’occasion d’une tournée médiatique à laquelle Cecchini s’est livré la semaine dernière, on a maintes fois rappelé que la LHJMQ est devenue la première ligue de hockey junior à abolir les bagarres, et que le calendrier sera réduit de 68 à 64 matchs à compter de la saison prochaine. Presque unanimement, les gouverneurs des équipes ont pris cette décision afin de favoriser les études des joueurs.

Notre but éventuel consiste à réduire le calendrier à 60 matchs. Nous nous sommes donné deux ans pour évaluer les impacts financiers d’une réduction à 64 matchs, et nous reprendrons cette discussion à ce moment-là, a expliqué Mario Cecchini.

***

Trois mois après son arrivée, le nouveau commissaire a présenté aux dirigeants d’équipes un plan de sept ans qui le mènera jusqu’en 2030. Appelé Vision 20-30, ce plan est une liste d’idées ou de projets dont il faut commencer à discuter tout de suite, parce que dans plusieurs cas, il faudra plusieurs années pour pouvoir les déployer.

L’idée du partage des revenus est l’un de ces projets susceptibles de changer la face du hockey junior.

Cette saison, les Remparts de Québec ont accueilli 334 556 spectateurs à leurs matchs locaux. C’est plus que les équipes de Blainville-Boisbriand, Acadie-Bathurst, Val-d’Or, Rouyn-Noranda et Cap-Breton réunies!

Un match des Remparts contre l'Océanic.

Cette saison, les Remparts de Québec ont accueilli 334 556 spectateurs à leurs matchs locaux au Centre Vidéotron.

Photo : Radio-Canada / Amélie Auger

Au cours des derniers jours, on a aussi fait grand état du fait que la LHJMQ avait à nouveau franchi le plateau des 2 millions de spectateurs cette saison, chose qui ne s’était pas produite depuis 2018-19, soit la dernière saison complète ayant précédé la pandémie.

Par contre, à elles seules, les équipes de Québec, d'Halifax et de Moncton ont attiré 38 % des 2,045 millions de spectateurs. Les 15 autres organisations se sont partagées 62 % des recettes aux guichets.

Autre statistique frappante : en neuf matchs éliminatoires la saison dernière, les Remparts ont accueilli plus de spectateurs (139 371) que 15 équipes de la ligue l’avaient fait en 34 matchs de saison normale.

Le déséquilibre est évident. Toutes les organisations ne sont donc pas en mesure d’offrir la même qualité d’encadrement à leurs joueurs.

***

C’est un beau défi. Ce n’est pas tout le monde qui est sorti de la pandémie avec la même santé financière. C’est un enjeu important dans notre ligue. Il existe déjà une notion de partage atypique au sein de la ligue. Il y a des contributions [pour le financement de la ligue ou de certaines activités] qui sont basées sur le nombre de spectateurs, a précisé Cecchini.

Mais c’est sûr qu’il faut aller peut-être plus loin. C’est pourquoi le sujet a été amené et c'est pourquoi on l’explore, a-t-il ajouté.

Il a souligné que c’est son expérience dans la Ligue canadienne de football qui l’a convaincu de la pertinence d’avoir cette discussion dans le monde du hockey junior.

En raison de la pandémie, les dirigeants de la LCF et de ses équipes avaient jugé important de revoir leur modèle d’affaires. La LCF était alors l’une des seules ligues professionnelles à ne pas avoir adopté une forme de partage de revenus. On s’est alors demandé comment on pouvait s’entraider. Puis, on a établi des critères et tout le monde a été rassuré, a indiqué le commissaire.

Quand tu partages pour la première fois, les gens craignent que quelqu’un se frotte les mains en disant bon ben, mon marketing sera dorénavant payé par telle et telle équipe. Je n’ai plus rien à faire! Mais ce n’est pas de cette manière que les choses fonctionnent.

Une citation de Le commissaire de la LHJMQ Mario Cecchini

Ceux qui bénéficient du partage doivent faire des efforts pour améliorer leur sort. Ça peut se traduire par le nombre d’employés embauchés, par l’augmentation du nombre de billets vendus ou par une hausse des ventes de commandites. Ces efforts concrets font en sorte que chacun dispose de tout ce qu’il faut pour encadrer les joueurs de façon convenable et équitable, a-t-il dit.

***

Le hockey junior vit une période de renouveau. En même temps, de grands bouleversements semblent se profiler à l’horizon.

Même si Mario Cecchini vient de traverser sa saison recrue, il sera la saison prochaine le plus ancien commissaire de la Ligue canadienne de hockey puisque David Branch (Ontario) et Ron Robison (Ouest) tireront leur révérence. Cela mettra ainsi fin à des règnes de plusieurs décennies.

Le nouveau commissaire de la LHJMQ semble carburer à cette nouvelle énergie.

Quand tu n’as pas de racines ancrées dans le passé, c’est peut-être plus facile d’essayer de faire pousser ton arbre différemment. Ce qui a été fait dans le passé ne t’appartient pas. C’est un peu le climat que je tente d’installer. Le monde change et les plus jeunes générations pensent différemment.

Une citation de Le commissaire de la LHJMQ Mario Cecchini

Les gens qui œuvrent au sein de la ligue sont pas mal ouverts. Alors, on lance plusieurs idées à l’interne et elles sont discutées avec respect. Tout le monde n’est pas toujours d’accord, mais les discussions permettent à chacun de s’affirmer, a-t-il raconté.

Hyperactif, Cecchini semble jouer sur tous les tableaux à la fois.

Il discute notamment avec les dirigeants de la LNH pour que les règles de mise sous contrat des joueurs repêchés – favorisant nettement les universitaires américains par rapport aux hockeyeurs juniors canadiens – soient révisées.

Il a créé un comité de propriétaires qui est chargé de réfléchir à divers moyens d’améliorer l’encadrement scolaire offert aux joueurs.

Il évalue aussi la pertinence d’une expansion, même en sol américain.

***

En plus de cet important remue-méninges, la LHJMQ et les deux autres ligues de hockey junior majeur canadiennes se préparent discrètement à composer avec les effets d’un possible changement aux règles d’admissibilité de la NCAA.

Comme expliqué dans cette chronique la semaine dernière, la NCAA songe à abolir le règlement qui interdit aux joueurs des ligues de hockey junior majeur canadiennes de porter les couleurs d’une université américaine. Une telle décision aurait des effets considérables sur la façon d’organiser le hockey et de développer des hockeyeurs de haut niveau en Amérique du Nord.

Au cours des deux ou trois derniers mois, nous avons entendu toutes sortes de rumeurs, mais nous n’avons pas négocié ni discuté de cette question avec les gens de la NCAA, a admis Mario Cecchini. Nous les avons côtoyés lors d’une réunion organisée avec les gens de la LNH il y a deux semaines et il n’en a pas été question. Au bout du compte, les gens de la NCAA n’ont pas besoin de notre accord pour modifier leurs règles.

Par contre, ça bouge tellement et nous en entendons tellement parler que nous tenons pour acquis qu’il va se passer quelque chose. Alors, nous avons des discussions à l’interne pour tenter de déterminer ce que ça pourrait signifier pour nous. Il y a plein de choses qu’on ne sait pas encore, alors on est très prudents, a-t-il affirmé.

Cela dit, le commissaire de la LHJMQ s’inquiète des conséquences que pourrait avoir cette initiative américaine alors que des forces se rassemblent au Québec pour tenter de structurer un réseau de hockey universitaire de haut niveau.

Nous avons de bonnes personnes comme Jacques Tanguay et Serge Savard qui s’impliquent dans ce projet. Nous leur apportons notre appui et nous avons fait savoir au cabinet de la ministre Charest que nous voulons participer à cette conversation et que nous sommes prêts à aider, que ce soit avec notre structure ou avec les infrastructures de nos équipes. C’est important de garder nos cerveaux chez nous, a-t-il conclu.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Sports

Analyses, chroniques et bien plus encore! Suivez l’actualité sportive au-delà des résultats.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Sports.