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ChroniqueLa honte et les gardiens des Flyers

Posté devant son filet, un gardien de but regarde au sol.

Samuel Ersson

Photo : AP / Matt Slocum

La scène était malaisante, mardi soir, après la dégelée de 9-3 que les Flyers de Philadelphie venaient d’encaisser aux mains du Canadien. Quand les représentants des médias ont fait leur entrée dans le vestiaire des perdants, les joueurs étaient tous assis à leur place. Et visiblement, ils avaient reçu la consigne de garder leur chandail et de ne retirer aucune pièce d’équipement, outre leurs gants et leur casque, afin de mieux entendre leur capitaine expliquer leur effondrement. Une pure, et bien inutile, humiliation.

Les Flyers vivent l’une des plus cauchemardesques fins de saison de l’histoire de la LNH. Il y a un peu plus d’un mois, cette équipe en reconstruction présentait la sixième fiche de l’Association de l’Est (34-24-8) et se préparait à causer la plus grosse surprise de la saison en se qualifiant pour le tournoi éliminatoire.

Puis, la chaîne a débarqué. Les hommes de John Tortorella n’ont remporté que 2 de leurs 13 derniers matchs. La volée encaissée face au CH était leur huitième défaite de suite, et cinq de ces huit revers successifs ont été subis aux mains d’équipes exclues des séries.

Constatant que cette défaite au Centre Bell allait probablement signifier une exclusion des séries pour son club, Tortorella, contrit, a simplement souhaité que sa troupe puisse retrouver sa dignité dans les trois derniers matchs du calendrier.

Depuis que cette très directe chute aux enfers s’est amorcée, un peu tout le monde cherche à comprendre quelle mouche a bien pu piquer les Flyers. Tortorella s’est-il mis ses hommes à dos en rayant son capitaine Sean Couturier de la formation, il y a deux semaines? Les joueurs ont-ils décidé de larguer leur entraîneur, qui s’est montré désobligeant à leur égard à plusieurs occasions dans ses points de presse des dernières semaines? Le style exigeant de Tortorella a-t-il vidé le réservoir d’énergie et d’émotion de cette équipe?

Les théories du complot sont souvent séduisantes. Mais honnêtement, il est très difficile d’imaginer que des athlètes professionnels qui se tuent à l’ouvrage depuis six mois puissent soudainement décider de saboter leur saison parce que leur entraîneur ne se montre pas assez gentil à leur goût.

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Si l'on écarte les thèses de la mutinerie et du sombre complot, il faut sérieusement considérer que les Flyers sont victimes, au pire moment possible, de l’implacable loi voulant qu’il faille miser sur un gardien qui stoppe les rondelles pour remporter des matchs.

Ce film est archi connu. Il a même déjà été à l’affiche à Montréal.

Avant que leur gardien numéro un Carter Hart quitte honteusement l’équipe pour faire face à des accusations d’agression sexuelle dans le cadre du scandale de Hockey Canada, les Flyers présentaient la 12e fiche de la LNH. Et leur défense, qui n’accordait que 2,70 buts par rencontre, occupait le 7e rang de la ligue.

Hart parti, c’est le Suédois Samuel Ersson, sans aucune expérience de la LNH avant cette saison, qui s’est retrouvé avec le fardeau du gardien numéro un. Si vous connaissez bien l’histoire du Tricolore, remplacez le nom d’Ersson par celui de Mike Condon et vous aurez une bonne idée de la suite des événements.

Pourtant excellent dans un rôle de réserviste, Ersson présente un taux d’efficacité de ,866 depuis que le sort des Flyers repose sur ses épaules. Si l’on considère qu’une équipe a environ 75 % de chances de remporter un match si son gardien maintient un taux d’efficacité inférieur à ,900, on ne tombe pas des nues en constatant que sans Hart, les Flyers (11-17-5) forment un club de 27e place depuis le 25 janvier dernier.

Même si Tortorella avait invité ses joueurs à souper au restaurant chaque soir durant cette période, cela n’aurait rien changé au classement de son équipe.

***

La spectaculaire débandade des Flyers nous rappelle à quel point la LNH peut être cruelle pour les équipes qui perdent les services de leur meilleur gardien.

À Montréal, on se demande encore ce qui serait advenu du Canadien si Chris Kreider n’avait pas fauché Carey Price dans le premier match de la finale de l’Est, en mai 2014.

Et peu après, en 2015-2016, les partisans du CH ont vu leur équipe glisser du 1er rang de la ligue jusqu’au 22e quand Price s’est blessé à un genou et que Mike Condon, qui n’avait aucune expérience de la LNH, s’est retrouvé avec un lourd mandat de 60 matchs à disputer dans un rôle de gardien numéro un.

Il n’y a pas si longtemps, les dirigeants des Flyers se tapaient dans les mains en constatant que leur plan de reconstruction s’articulait à la vitesse grand V.

Mardi, ils ont vu leurs joueurs, dénués de confiance, défendre leur territoire comme des poules sans tête parce que depuis plus de deux mois, les déboires de leurs gardiens font en sorte qu’aucun système de jeu au monde ne peut les sauver.

Montrez-moi un bon gardien et je vous montrerai un excellent entraîneur, dit l’adage. Bien avant de se magasiner un nouvel entraîneur, Daniel Brière devrait donc se mettre à la recherche d’un gardien en vue de la prochaine saison.

Tous ceux qui ont déjà fait des rénovations peuvent en témoigner, il n’y a rien de pire qu’un chantier qui s’éternise.

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