« Je
ne suis pas certain que le consommateur comprend très
bien encore la logistique entourant tout ça, admet
Alain Paré, directeur des achats de fruits pour
Métro. Il va y avoir une période d'éducation. »
Et
pour nous éduquer, Marie-Josée Taillefer s'est
rendue chez un grossiste en fruits et légumes. Elle
y a rencontré Peter Fogarty, spécialiste
en approvisionnement, vice-président des ventes chez
Michel Desjardins distributeur.
Quand
on voit dans les dépliants publicitaires un numéro
à côté des fruits ou des légumes,
par exemple mandarines 125 ou céleri 30,
qu'est-ce que ça signifie? « C'est la grosseur
du produit, répond M. Fogarty. Par exemple, pour
le céleri 30, ça veut dire qu'il y a 30 céleris
dans une caisse. Il existe aussi du céleri 24,
donc il y a 24 céleris dans une caisse. »
Plus le chiffre identifiant la grosseur
du fruit ou du légume est gros, plus
le produit est petit.
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Il s'agit d'une équation importante lorsque le consommateur
recherche une aubaine. « Il faut vérifier
la grosseur du produit, confirme M. Fogarty, parce qu'une
bannière peut annoncer des choux-fleurs 12 à
1,89 $, alors qu'une autre va annoncer des choux-fleurs
16 à 1,29 $; et si le consommateur ne connaît
pas la différence entre du chou-fleur 12 et 16, il
dira : "c'est moins cher à telle bannière".
Mais en fait, ce n'est pas nécessairement meilleur
marché. Peut-être que le gros chou-fleur est
proportionnellement meilleur marché. »
Un
fruit ou un légume plus gros est-il toujours meilleur
qu'un autre plus petit? « Non, répond M. Fogarty.
Il est juste plus gros. Peut-être un peu plus sucré,
ça dépend des produits. J'ai ici deux oranges.
Ce sont les mêmes, de la même qualité,
de marque Sunkist toutes les deux. Mais ça dans ma
main gauche, c'est une orange 56, et dans ma main droite,
c'est une orange 138. Donc dans la même caisse
il y a 138 oranges comme celle-ci ou 56 oranges
comme celle-là. Le fruit est aussi bon, peu importe
sa grandeur. Sauf que certaines personnes préfèrent
les grosses oranges. »
Plus gros est-il toujours synonyme de plus cher? « Toujours,
affirme M. Fogarty. Ça a certainement coûté
plus cher produire ces grosses oranges, puis il y en a moins
dans la boîte. Donc c'est sûr que c'est tout le
temps un peu plus cher ce format-là. »
Quelques exceptions
Est-ce
qu'il y a des fruits ou des légumes qui ne portent
pas de numéro pour le consommateur? M. Fogarty
hésite. « Les raisins, les haricots, les
fèves germées et les champignons »
énumère-t-il enfin. Ils sont emballés
dans du cellophane ou vendus à la livre, mais ils n'ont
pas de numéro. Ils sont trop petits. » Pour
bien s'y retrouver, sachez que le calibrage s'applique, règle
générale, aux fruits et légumes susceptibles
d'être vendus à l'unité.
Une
autre exception : les tomates. On voit parfois 5 x 6
ou 6 x 6 pour désigner leur grosseur. Qu'est-ce
que cela veut dire? M. Fogarty explique : « Une
tomate 5 x 5 est une grosse tomate, une tomate 6 x 6
est moyenne, tandis qu'une tomate 6 x 7 est une
petite tomate. Cette dernière, on ne la verra pas dans
les chaînes, mais plutôt dans les petits magasins,
à cause du prix. »
Pourquoi n'a-t-on pas adopté pour les tomates le même
principe que les mandarines ou les oranges, c'est-à-dire
un seul numéro? « Parce que les tomates
sont vendues au poids. Ça ne se vend pas, des tomates
à l'unité », estime M. Fogarty.
Une autre exception : les concombres anglais. Dans le
dépliant publicitaire, on lit « moyens »
plutôt qu'un numéro. Pourquoi? « En
fait, indique M. Fogarty, il y a un numéro. D'habitude,
les concombres anglais arrivent en boîtes de 12. On
parle néanmoins de grosseur « moyenne ».
Il existe aussi des small et des extra large.
Cette bannière a annoncé des concombres anglais
« moyens » parce que ce sont les plus
vendus. »
D'où
vient cette idée de calibrer les fruits et les légumes?
« Auparavant, raconte M. Fogarty, les produits
n'étaient pas classés. L'agriculteur ramassait
ses légumes et pouvait avoir quatre grosseurs de laitues
et quatre grosseurs de choux-fleurs dans la même boîte.
Les commerçants qui faisent leurs étalages à
l'époque emballaient et mettaient les choux-fleurs,
celui-ci étiquetté 1,29 $, celui-là
0,99 $... Il n'y avait pas de prix ni de produits uniformes
aux comptoirs. On ne voit plus cela aujourd'hui. »
En
terminant, rappelez-vous que l'affichage de la grosseur des
fruits et légumes est un phénomène récent,
alors ne soyez pas étonnés que certaines épiceries
ou encore votre fruiterie préférée ne
l'aient pas encore adopté.
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