Vers
la fin des années 1960, des gens se sont plaints d'avoir
des malaises semblables à ceux d'une crise cardiaque
après avoir mangé dans un restaurant chinois.
On a pointé du doigt un ingrédient suspect :
le glutamate monosodique (GMS), dont les Asiatiques se servent
abondamment dans la cuisine. Ce fameux « syndrome
du restaurant chinois » existe-t-il?
Dr
Ariel Fenster, du département de chimie de l'université
McGill, croit que non : « Il a été
démontré que ça n'existe pas. Par contre,
il y a eu quelques cas, rares, où des gens, au départ,
souffraient d'asthme. De grosses quantités de GMS dans
un estomac vide leur ont donné une crise d'asthme.
Mais ce n'est pas le syndrome du restaurant chinois ».
Le
glutamate monosodique est un constituant naturel des protéines
alimentaires. Depuis l'Antiquité, la cuisine asiatique
utilise le glutamate présent dans les algues pour rehausser
la saveur des aliments riches en protéines. M. Fenster
explique : « Ce composé est aussi naturellement
présent dans toutes sortes d'aliments, par exemple
les tomates et le fromage (en grande quantité dans
le parmesan, par exemple). De la même manière
qu'il était présent dans les algues et qu'il
augmentait le goût de certains aliments dans la cuisine
orientale, on peut dire que c'est la même chose ici.
Peut-être qu'une des raisons pour lesquelles on ajoute
du fromage et des tomates aux pizzas, c'est qu'ils augmentent
le goût des autres aliments présents ».
Notre
corps produit du glutamate monosodique. Il semblerait qu'il
joue un rôle important dans le fonctionnement du système
nerveux. Les enfants s'en accommodent très bien, puisque
le lait maternel en contient dix fois plus que le lait de
vache.
Un peu comme pour la bière ou le vinaigre, le GMS
est fabriqué industriellement en faisant fermenter
des éléments d'origine naturelle contenant des
sucres comme les mélasses, la fécule de maïs,
les sucres de betterave, d'ananas ou de tapioca. La fine poudre
blanche obtenue a exactement la même formule chimique
que le glutamate qu'on trouve dans les aliments.
« Du
point de vue moléculaire, il y a aucune différence
entre les glutamates naturels présents dans les algues
et le fromage et ceux présents dans le produit Accent,
par exemple, estime M. Fenster. C'est exactement la même
molécule. »
Le glutamate monosodique est aujourd'hui utilisé dans
une grande variété d'aliments préparés.
Même s'il est reconnu comme un ingrédient tout
à fait sécuritaire, sa présence doit
être clairement indiquée sur les emballages,
qu'il soit ajouté ou contenu naturellement dans certains
aliments.
« Les glutamates sont présents de manière
naturelle dans notre alimentation de tous les jours à
des niveaux 60 fois plus élevés que ce
qu'on rajoute sous forme de poudre », poursuit
M. Fenster.
Le
GMS contient moins de sodium que le sel de table. Son utilisation
permet donc de réduire de 20 % à 40 %
la quantité de sel dans une recette sans en affecter
le goût.
Migraines, vertiges, oppression au cur... cette fameuse
réaction au glutamate ne serait donc qu'un mythe? « C'est
vrai que certaines personnes vont réagir, reconnaît
M. Fenster. Est-ce que c'est psychologique ou est-ce
que c'est le GMS, combiné à d'autres produits
naturellement présents dans la cuisine chinoise, on
ne le sait pas. Mais je pense que les gens ne doivent pas
avoir peur du glutamate monosodique, ni d'aller manger dans
un restaurant chinois. »
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