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Émission du mercredi 11 août 2004 à 20 h
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La guerre des beignes
[enquête du 23 octobre 2003]

Trois grandes compagnies se partagent maintenant le marché du beigne au Canada. Cet aliment, présenté comme une petite douceur, contient beaucoup de sucre et de gras. Nous en consommons néanmoins de plus en plus... L'épicerie a fait enquête.

Il fut un temps où les fêtes religieuses rythmaient la vie sociale et où le perron d'église servait de lieu de rencontre. Après la messe, les familles se réunissaient autour de la table. De cette époque, l'odeur du pain chaud et les bons beignes de nos grand-mères sont restés dans nos mémoires.


« Le beigne a toujours été là, dans les familles, puis dans les supermarchés, dit Renée Dubé, analyste en marketing chez Zins, Beauchesne et associés. Pourquoi? Parce que c'est un produit un peu comme le pain, comme le café, c'est un produit qui a traversé le temps. »


« Le beigne correspond d'une certaine façon à la grande zone qu'on appelle en anglais "comfort food", que je traduis par "aliments câlins", estime pour sa part Normand Turgeon, professeur aux HEC Montréal. Parmi ces aliments câlins, il existe une zone que j'appelle "aliments souvenirs". Le beigne fait partie de cette branche. »


Avec le temps, les perrons d'église ont été désertés. On se rencontre maintenant dans les restaurants de café et de beignes. « Nous retrouvons par exemple des personnes âgées qui, à certaines heures, viennent prendre leur café, lire le journal et socialiser, et des jeunes qui viennent après l'école se retrouver, prendre une boisson, une collation », dit Mme Dubé. « Tim Horton veut jouer la carte locale, la carte de quartier, c'est le lieu de rassemblement », poursuit M. Turgeon.


Avec plus de 5000 commerces de beignes au Canada, il est facile de se rassembler. Pas une ville, une autoroute ou un carrefour important qui n'ait son marchand de beignes. Souvent même, Dunkin' Donuts et Tim Hortons ont pignon sur la même rue. Que ce soit Moncton au Nouveau-Brunswick, Regina en Saskatchewan, Sainte Catherines en Ontario, ou Dorval au Québec, d'un océan à l'autre, le beigne est roi. Les Canadiens détiennent le titre de champions mondiaux de mangeurs de beignes!


En fait, on assiste actuellement au pays à une véritable guerre des beignes. Qui la gagnera? Pour l'instant, le no 1 du beigne, Tim Hortons, propriété du groupe américain Wendy's, a une longueur d'avance sur ses concurrents avec 2200 restaurants. Il vient aussi de s'associer avec Esso pour distribuer ses produits.

 

Dunkin' Donuts, jusqu'ici en perte de vitesse, vient d'être acheté par la chaîne Alimentation Couche-Tard et compte bien reprendre la première position.

 


Krispy Kreme, nouvellement implanté au Canada, vient de conclure une entente avec le géant Wal-Mart. Cette compagnie veut, elle aussi, tirer profit de ce marché de trois milliards de dollars par année. L'arrivée de Krispy Kreme a ravivé l'intérêt pour les beignes. Dans leurs restaurants, nous assistons à la fabrication des beignes. On nous offre aussi un beignet chaud pendant que nous faisons la file, de quoi nous inciter à nous en procurer une douzaine.


Les compétiteurs ont vu venir Krispy Kreme. Par exemple, après avoir annoncé les sandwichs, le café glacé et les biscuits, voilà que le petit couple des publicités de Tim Hortons revient pour nous parler... de beignes. Mais ce que le petit couple de Tim Hortons ne vous dit pas, c'est que, selon les variétés, un beigne peut contenir entre 180 et 350 calories. Un beigne, c'est 50 % de sucre, 40 % de gras et 10 % de protéines.


L'épicerie
a fait analyser un beigne nature, un beigne à la crème et un beigne glacé au miel de chez Dunkin' Donuts, Tim Hortons et Krispy Kreme. Nous avons demandé à Marianne Petit, nutritionniste, lequel contient le plus de gras. « C'est un beigne nature!, répond-elle. On pourrait pourtant penser que les beignes nature sont plus santé que les autres. C'est celui de Dunkin' Donuts. Pour un même poids que les autres beignes nature, il contient littéralement deux fois plus de gras que les autres beignes nature des compétiteurs. »

Nos analyses démontrent que même frits dans l'huile végétale, les beignes contiennent beaucoup de gras saturés et de gras trans, les gras les plus nuisibles à la santé. « En termes d'effets sur la santé, les deux sont de mauvais gras, explique Mme Petit. Le gras saturé augmente le mauvais cholestérol. Le gras trans l'augmente aussi, mais il diminue aussi le bon cholestérol. Il a donc un effet doublement nocif. Les beignes qui en contiennent le plus parmi ceux analysés sont les beignes glacés au miel, donc entre autres le fameux beigne de Krispy Kreme, celui qu'on nous donne gracieusement pendant qu'on fait la file. Celui-là contient beaucoup d'acides gras trans. »


Si vous croyez que les trous de beignes contiennent moins de gras, vous serez déçu : il suffit de quatre à cinq trous de beigne pour obtenir le même nombre de calories et la même quantité de gras qu'un seul beigne.

 


Pour mousser leur marché, les fabricants de beignes tentent maintenant de nous vendre l'idée de déjeuner avec un beigne et un café. « Les gens font la file le matin pour s'approvisionner en beignes, dit Mme Dubé. Traditionnellement, on voyait plus le beigne comme collation, dessert ou coupe-faim. »


« C'est inquiétant un peu comme pratique, estime la nutritionniste. Ce qu'on retrouve dans un beigne, c'est principalement du sucre, beaucoup de gras et très peu de protéines. Donc ça ne répond pas aux critères de ce que devrait être un déjeuner équilibré. »


Manger un beigne est une douce habitude à laquelle de nombreuses personnes ne sont pas prêtes à renoncer. Sauf que cette habitude peut avoir des effets néfastes sur leur poids. Mme Petit explique : « Si vous consommez un beigne par jour en surplus de vos besoins de base, par exemple si à chaque jour vous mangez 250 calories de plus que ce que vous avez besoin pour fonctionner, vous prendrez une demi-livre par semaine ». Une demi-livre par semaine, c'est 25 livres par année, plus ou moins 11 kilos. Pendant que nous gagnons en poids, les compagnies gagnent en profits. Dans la guerre des beignes, le consommateur est peut-être celui qui a le plus à perdre.

 



 Hyperliens

La guerre des beignes
Reportage à saveur économique diffusé à l'émission Les Affaires et la vie, à la radio de Radio-Canada. Trois fabricants de beignes se font la lutte sur le marché québécois.

La guerre des beignes
Reportage sur le même sujet diffusé à l'émission Désautels, à la radio de Radio-Canada.

Le guide alimentaire canadien pour manger sainement
Site de Santé Canada

Pour mieux se servir du guide alimentaire canadien
Conseils, explications et menus de Santé Canada



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