Plusieurs personnes cherchent des alternatives
aux viandes rouges traditionnelles. L'épicerie vous
a déjà parlé, entre autres, du bison,
de l'émeu et du cerf rouge. Aujourd'hui, nous vous
présentons une autre alternative au buf...
un buf également, mais originaire d'Écosse,
celui-là!
Nous
avons rencontré Suzanne Badeaux, éleveuse
de bufs Highland. Elle nous raconte son histoire :
« Je suis venue me reposer à la campagne,
parce qu'à Montréal je travaillais fort depuis
25 ans. Nous voulions une maison de campagne de fin de
semaine, une ferme. Nous nous sommes installés. Je
me suis alors dit : "J'ai une ferme, il faut que
je fasse quelque chose, que j'aie des animaux". J'ai
fait une recherche énorme pendant un an et demi. J'ai
étudié tous les animaux qui pourraient être
dans une ferme avec une femme qui ne connaît rien, qui
arrive de Montréal et qui n'a aucune idée de
comment faire les choses. »
Suzanne Badeaux n'est jamais retournée vivre
à Montréal depuis son coup de foudre pour la
race Highland, il y a 16 ans.
Comme son nom
l'indique, la vache Highland est originaire des
hautes terres d'Écosse. On en compte seulement
3000 au Canada. Le plus important troupeau
se trouve à Bolton, dans les Cantons-de-l'Est.
« Je passais tous les jours devant ceux qui sont
devenus mes partenaires, les Badger, poursuit Mme Badeaux.
Depuis 20 ans, M. Badger travaillait à attendrir
cette viande, à la rendre à son meilleur. Je
lui ai dit : "Écoute, nous avons un produit
vraiment extraordinaire, il faut le mettre en marché.
Il faut le vendre au Québec. Il faut que les Québécois
aient accès à une viande de qualité aussi
extraordinaire". »
« Nous
avons essayé cet élevage parce qu'il est très
simple et qu'il répond à ma philosophie de vie
: pas d'hormones, pas d'antibiotiques », dit Don
Badger, éleveur.
Une technique de commercialisation
très personnelle
Mme Badeaux explique comment elle a fait connaître
son produit : « J'ai emprunté tous
les livres de marketing de mon fils, qui étudiait à
l'université. J'ai lu le plus possible comment on fait
du marketing. Finalement, j'ai jeté les livres et je
me suis dit : "C'est un produit extraordinaire,
j'ai juste à présenter mon produit". J'ai
d'abord apporté un rôti de surlonge au Métro.
Je suis tombée sur le propriétaire. C'était
l'hiver, il faisait -25 degrés Celsius dehors, je lui
ai dit de goûter au rôti à la maison pendant
la fin de semaine. Il ne savait même pas ce que c'était
une vache Highland. Le lundi, il m'a téléphonée
et m'a dit : "Mme Badeaux, c'est la meilleure viande
que j'ai jamais mangée et j'en veux dans mon magasin!". »
Danny
Brodeur, boucher chez Métro, nous explique la différence
entre le buf Highland et le buf ordinaire, de
catégorie A : « Le buf Highland
est un peu plus maigre qu'un buf ordinaire. Au point
de vue grosseur, le buf régulier va être
à peu près 20 % plus gros que le Highland. »
La principale
caractéristique du buf Highland,
c'est sa faible teneur en gras et en cholestérol.
Par exemple,
un morceau d'intérieur de ronde contient
1,6 g de gras, comparativement à
5,2 g pour le buf régulier
ou même 3,5 g pour le poulet sans
peau.
« La
viande du buf Highland est très
maigre, conclut M. Brodeur. Les gens recherchent
une viande maigre. On trouve plus de gras dans
la viande AAA. »
Les
vaches Highland sont pourvues d'un épais manteau :
« Elles naissent avec un duvet, nous dit Mme Badeaux.
Par-dessus ce duvet, s'ajoutent de grands poils qui tombent
jusqu'à terre et qui vont les protéger toute
leur vie contre le froid. Elles ne tremblent donc pas de froid,
elles ne développent pas de gras sous-cutané. »
Et
qu'est-ce que ça goûte? « La viande
a un goût plus sauvage, poursuit l'éleveuse.
Je peux dire l'âge des gens par leurs réactions.
Si une personne me dit : "Ça, c'est comme
le buf quand j'étais jeune", je sais qu'elle
a à peu près 50 ans. Mon fils, qui en a
32, ne l'a pas aimée au début. Il n'avait jamais
goûté une viande naturelle. Maintenant, il l'aime. »
Ce goût d'autrefois a un prix. Un bifteck d'aloyau de
Highland (le fameux T-Bone), se vend en magasin 49 $
le kilo, alors qu'un bifteck AAA coûte 31 $, et
un bifteck de buf régulier (ou A) 27 $ le
kilo. C'est donc 80 % plus cher que le buf régulier
et 58 % plus cher que le AAA.
Mme Badeaux
nous explique cette différence de prix : « Nous,
nous prenons notre veau à six mois, nous le séparons
de sa mère et nous le laissons grossir de façon
naturelle. Pour arriver à 1000 livres, ça
peut lui prendre 16 à 24 mois. Pendant tout
ce temps-là, nous, il faut le nourrir, qu'il se promène
sur nos terres, etc. Le coût pour produire cette viande-là
est énorme, si on la compare à un buf
bourré d'hormones, qui atteindrait 1000 livres
à neuf mois et que je pourrais alors envoyer à
l'abattoir. »
Les défis d'élevage font de cette viande un
produit marginal. Plusieurs épiciers sont actuellement
sur une liste d'attente.
« Pour répondre à toutes les demandes,
conclut Mme Badeaux, il faudrait acheter des centaines
de vaches Highland. Pour le moment, ça nous permet
de rester tout petit. Nous avons décidé de façon
concrète de garder une petite production, parce que
ça nous permet à nous, les partenaires, de contrôler
notre produit du jour de la naissance du buf jusqu'à
l'abattoir. La demande est énorme. Il faut trouver
une façon d'y répondre sans perdre la qualité.
C'est notre défi! »
Note
À partir de cette semaine, vous trouverez,
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